L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

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Mais jusqu’au 5 mai seulement, donc pas de temps à perdre, à la librairie Texture, 94 avenue Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement. Elles sont bien, là, au milieu des livres, comme chez elles, les sculptures de Pierre Bergounioux, mais pas très faciles à photographier. Alors je donne juste un aperçu et pour les voir mieux et écouter le sculpteur les évoquer ainsi que le tome 3 de son Carnet de notes, visionner cette émission “Des mots de minuit” (France 2) du 11 avril dernier à laquelle Pierre Bergounioux participait.

PS : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, ses sculptures, ses écrits, ou aux jonquilles de Gif-sur-Yvette, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

Grotte marine avec poissons lumineux

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Disposée sur un buffet bas ou, mieux, au creux d’une niche amplifiant son effet, on en attendait bien plus que la lumière – mais quoi au juste ? Le premier pied de lampe venu surmonté de son abat-jour petits plissés suffisait à nous éclairer. La lumière n’était donc pas l’enjeu et celle diffusée par les ampoules dissimulées dans les profondeurs avait à percer les écailles, arrêtes, viscères des poissons, avant de nous parvenir, tamisée. A quelle abyssale illusion demandions-nous à croire ?

Tant d’années après avoir rêvé qu’un tel objet entre dans mon décor d’enfance, je guette à chaque passage dans cette rue ce coin de vitrine avec l’espoir que la grotte qui est portable, munie d’une anse, n’a pas trouvé preneur. L’amateur porte-feuille garni, entré décidé dans la boutique et ressorti avec, à bout de bras, juste du papier bulle autour. Anse laissée libre pour le transport.

Je préfère les jours où l’antiquaire éclaire la grotte – le cordon électrique bleu bien que tortillé, le courant passe – pour m’aider à percer le mystère.

Filed under variétés

Montparnasse monde fléché : on n’en a jamais fini

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Rappel des faits (ou comme disait Télé 7 Jours dans les années 1970 : si vous avez manqué le début et les dix premières minutes du film ou de la dramatique – on n’avait pas encore inventé le téléfilm – était racontées) :

Dans la gare (toujours la même), des flèches prétendant canaliser le flux des banlieusards sont apparues ces derniers temps et, le 23 février, je leur consacrais un premier billet dans lequel je me rebellais contre cette flambée d’autoritarisme directionnel.

Une dizaine de jours plus tard leurs flèches ayant du plomb dans l’aile, dans un deuxième billet (le 4 mars pour être précise), je ne donnais pas cher de leur peau.

Au risque – dont je suis pleinement consciente – de lasser, je me vois dans l’obligation de revenir encore une fois sur le sujet. En effet, j’ai constaté aujourd’hui que les flèches initiales qui étaient

1) peu convaincantes avec leurs arrondis

2) peu solides

ont été remplacées par un modèle beaucoup plus rustique, dont l’empatement impose une emprise plus large au sol.

Dans la gare, s’ils sont obstinés, moi aussi.

Montparnasse monde est toujours aussi un livre paru l’année dernière

Filed under Montparnasse monde

Terminus frigo*

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Sur la face ventrale il y avait Nicolas Bouvier et Antonio Lobo Antunes et quelques heureux souvenirs de musées dans des villes comme Londres, Vienne, Lisbonne, Bruxelles, ou New York – assez récents ceux-là.

Sur le flanc, du moins le flanc visible, côté machine à café, le caro, caro Nanni se posant des questions sur La cosa, cette chose devenue indicible qui avait fait Parti il y a longtemps, entouré de billets souvenirs. Autant de petits instants de vie plaisants partagés dans des théâtres, le plus souvent de la Ville, du Rond-Point et, en voisins, 71 à Malakoff, ou diverses salles de concert et dont on était heureux de garder trace.

Je me souviens qu’une thèse de sociologie a été consacrée aux décors de frigos familiaux. Je contribue, avec ces images du nôtre saisies juste avant dislocation, à fournir en matériaux d’étude la poursuite de la recherche. Parce qu’il s’est avéré un dimanche récent (après courses du matin au marché et de la veille au supermarché) que l’entrebaillement de sa porte exhalait un souffle d’air chaud en lieu et place de la petite fraîcheur attendue. L’hypothèse d’une aggravation soudaine du réchauffement climatique écartée, je passe sur la visite du spécialiste envoyé par la maison mère de l’appareil, son diagnostic sans appel, la commande d’un successeur au frigo 1999-2012, la gestion à flux tendu de l’approvisionnement pendant une douzaine de jours et la livraison du frigo 2012-?

S’il est trop tôt pour évoquer le décor du nouveau venu dans la cuisine, sa ligne n’étant pas encore clairement affirmée, je soulignerai en revanche son heureux éclairage interne, désormais zénithal, sublimant le moindre pack de yaourts nature à 0% par un effet lumineux digne des meilleurs scénographes.

Je ferai part aussi de notre perplexité devant la documentation papier fournie en français, allemand, néerlandais et italien nous informant des caractéristiques principales de l’appareil et des précautions à prendre pour le mettre en service puis le conserver en état de marche jusqu’au terme que les directeurs de la société de consommation lui ont assigné. Le problème n’est pas celui d’un éventuel charabia auquel nous n’aurions rien compris, puisque la traduction en français depuis la langue originale de Goethe et du fabriquant nous a semblé très correcte. La version francophone est même tellement correcte qu’il y en a deux, trop rapidement prises pour des doubles, alors que deux discrètes mentions fr-FR et fr-BE distinguent les publics auxquelles les brochures s’adressent.

Leur comparaison rigoureuse met en évidence des différences sensibles entre modes de vie de cuisine et habitus familiaux de part et d’autre du Quiévrain. Deux exemples : la tentation de placer des canettes dans le congélateur semble ne titiller que les esprits de nos voisins belges, seuls à s’en voir dissuader, tandis que celle de s’asseoir dans un tiroir de congélation serait propre aux enfants français. Leurs parents sont en effet les seuls à être mis en garde sur ce point : les enfants belges, pas plus qu’italiens, ni allemands – d’après nos compétences linguistiques réunies – n’auraient l’idée d’un jeu pareil. Ouf, les miens ne sont plus de taille.

* Titre hommage au Terminal frigo de Jean Rolin bien sûr.

Filed under la vie tout venant

Injonction avec exception

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Ou alors le sujet du jour serait l’art du mime ?

Personne, étonnamment personne

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et à perte de vue, quand d’habitude il se trouve toujours quelques passants, quelques joggers considérant qu’au fond, de part ou d’autre des grilles, les longer, ça ne change pas grand chose, ou au moins quelques élèves du lycée, assis sur le muret, fumant l’interclasse. Sans parler de la longue file des cars de touristes, venus des PECO (langage de politologue/économiste/statisticien), et dont le stationnement le long du jardin est autorisé, sans doute même organisé et dument rémunéré à la ville. Les chauffeurs, chacun chez soi, tête dans le volant, en attendant. Entre les grilles, plusieurs fois j’ai photographié des poiriers bien élevés – mais pas cette année ; c’est un peu répétitif le cycle des saisons au Luxembourg. Pas blasée, non, juste en ce moment un léger accès de paresse photographique sur mes trajets quotidiens et leurs variantes – car c’en est une, et même une variante à variante : de part ou d’autre des grilles moi aussi, même si je ne vois pas la nécessité de courir.

Poules, dents et patience, patience

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Le jour où les poules auront des dents, il y a fort à parier que celles-ci ne les garderont pas bien longtemps, faute de moyens pour se les faire soigner – et pourtant leur régime alimentaire, dans lequel les cailloux ont toute leur place (cf. le contenu de leurs gésiers quand il s’agit de les débarrasser de leurs reliefs à des fins culinaires), aura tôt fait de les esquinter. Certains humains, espèce dentue de longue date, fournie en principe à maturité de 32 unités de découpe, déchiquetage, et broiement pas que de noir, de l’incisive à la sagesse tard venue, si elle arrive un jour, en passant par la canine, la pré-molaire et la molaire (celle qui est dite “dent de six ans” j’ai longtemps cru quand le dentiste m’en parlait qu’il s’agissait de dent de cisant dérivée comme sa collègue incisive et le ciseau du verbe ciser), se voient d’ailleurs eux-mêmes contraints de renoncer à les entretenir. Mais comme dans les temps, généralement qualifiés « de crise », que nous traversons, les occasions de sourire se raréfient, le retour des bouches à brèches et à chicots passe encore relativement inaperçu.

Les poules ne perdent finalement pas grand chose à attendre encore un peu. Celles qui s’ébarvolent dans la basse-cour qui peuple mon bureau (de la maison, pas du bureau – je ne m’y permettrais pas une compagnie pareille, et j’y ai celle du héron devenu coutumier des toits qui m’entourent) ne manifestent d’ailleurs à ce sujet aucune impatience.

(Variante augmentée et illustrée d’un paragraphe initialement confié au collectif Convoi des glossolales le 7 novembre 2010.)

Filed under utopiques

8 mars : journée qui peut en cacher une autre (faites attention)

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Je m’aperçois que le 8 mars, surtout connue pour être la Journée de lâââ fââââââââmme – comme parlent ceux qui aimeraient mieux nous voir moins nombreuses ou alors toutes pareilles – est aussi la

Somme toute, l’idée de coupler les deux célébrations est pertinente puisque nous avons souvent

UN PEU DE MAL A NOUS FAIRE ENTENDRE

surtout quand il s’agit de dénoncer les toujours en moyenne 20 % qui manquent à nos salaires comme les 42 % qui manquent à nos pensions de retraites, comparés à ce que perçoivent les hommes. Et encore, je vous parle là de situations favorables, quand travailler ne signifie pas seulement, faute de mieux, faire des heures et des heures, avec des trous entre.

Le compte n’y est pas et il nous reste 364 jours en année ordinaire, 365 en année bissextile, à nous égosiller. Chouette, 2012 est bissextile (et électorale, qui plus est).

Filed under à chaud

Montparnasse monde fléché : ce qu’il en reste

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Ils y vont à l’économie et le résultat ne se fait pas attendre : c’était il y a quoi ? dix jours ? ces flèches neuves au sol de la gare dont je m’étais ici même émue.

Un adhésif de mauvaise qualité sous nos souliers et le marquage s’effrite. Il n’ont pas compté avec la fréquence de nos pas pressés dans un sens le matin, dans l’autre le soir.

Notre assiduité aura bientôt raison d’une tentative de signalétique qui en rejoindra bien d’autres au cimetière des fausses bonnes idées de la gare. Et pas besoin d’un carquois pour remiser des flèches dont aucun Cupidon ne voudrait s’encombrer. Elles sont auto-destructibles et c’est tant mieux.

Et pourtant, quand on veut bien s’en donner la peine, le Montparnasse monde se prête à un marquage durable. On ne remerciera jamais assez les collègues de Fulgence Bienvenüe d’avoir choisi les faïenciers de Choisy-le-Roi pour habiller et flécher élégamment les voûtes du métropolitain.

Filed under Montparnasse monde

Où il est à nouveau question de jonquilles et de Pierre Bergounioux

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On me demande, enfin c’est un moteur de recherche qui me transmet la question,

quelle est la saison des jonquilles en Corrèze ?

J’avoue mon embarras pour y répondre.

D’une part, je n’ai jamais mis les pieds dans ce département*, comme dans une quarantaine d’autres de la métropole et tous ceux d’Outre-Mer –  j’en tiens la liste à jour en fonction de mes déplacements incluant au moins un découché (pour pouvoir dire y être vraiment allée). J’en profite au passage, ou plutôt au non-encore-passage par tous ces départements qui me restent à découvrir, pour signaler que je ne suis donc pas non plus en mesure de répondre à cette autre question récemment soumise : quelle espèce de conifère pousse le mieux en province ?

D’autre part, si mon informateur habituel sur la Corrèze, Pierre Bergounioux, surveille leur floraison à Gif-sur-Yvette, sur son talus, il ne peut observer et noter tout aussi scrupuleusement sur son carnet la date de la floraison de ces mêmes fleurs jaunes, annonciatrices de renouveau, en Corrèze. Tout au plus peut-on déduire de ses séjours réguliers là-bas au cours des vacances de printemps de la zone C (amplitude : entre les trois dernières semaines d’avril et la première de mai), et au mois de juillet, qu’il n’en fait pas mention, et donc que les jonquilles corréziennes ne synchronisent pas leur éclosion avec ses villégiatures ; ce qui serait presque trop beau.

Pierre Bergounioux fait preuve de grands talents mais n’a pas le don d’ubiquité et les jonquilles des talus de Corrèze fleurissent quand ça leur chante, sans songer un seul instant qu’en aménageant leur calendrier, elles pourraient, comme leurs cousines de l’Essonne, se voir, par la grâce de l’écrivain, immortalisées entre les pages d’un livre à la couverture jaune coeur de jonquille.

Quoi qu’il en soit, l’internaute soucieux du cycle des saisons en Corrèze gagnera forcément à lire les oeuvres de Pierre Bergounioux, tant en ce qui concerne la flore que la faune et les rebuts de ferraille.

Et profitons-en tous : Pierre Bergounioux était hier soir l’invité d’Alain Veinstein dans son émission Du jour au lendemain sur France Culture, on peut l’écouter ou le réécouter en ligne.

(Dans les Hauts-de-Seine Sud, c’est à dire dans mon allée, toujours pas de jonquilles en fleur, donc pas d’image.)

* Contrairement à Philippe Didion qui nous fléchait  le chemin dès 2008 et en parlait encore dans la dernière livraison de ses notules dominicales auxquelles il est d’autant plus vivement conseillé de s’abonner que celles-ci ne sont plus compilées sur son site.

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