le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Fin du mystère des inscriptions partiellement lisibles apparues grâce à la rénovation de l’hôtel des 3 collèges, à l’angle des rues Cujas et Victor Cousin (Paris, Ve arrondissement), que j’évoquais ici-même les 20 juillet et 10 août dernier. John Faux, meilleur photographe et enquêteur plus perspicace que moi, de passage à Paris en septembre a photographié les mêmes vestiges typographiques et trouvé le fin mot de l’histoire. Merci à lui de m’en faire part et de m’autoriser à inclure ses photos dans ce billet.
Donc il y avait ce COTILLON lisible sans ambiguïté dont j’avais déduit un peu vite que dans les murs qui deviendraient ceux du Grand Hôtel de Flandre puis des 3 collèges on avait un temps mené joyeuse farandole.
Grossière erreur initiale de ma part : ne pas avoir soupçonné un seul instant que ce COTILLON pouvait être un nom propre, celui d’un M. ou d’une Mme Cotillon, et non le nom commun d’une danse. Partant de là, je me suis fourvoyée en m’en tenant au seul registre de l’hôtellerie, de la restauration et d’autres lieux de réjouissances en tentant de décrypter les bribes d’inscriptions subsistantes. Ainsi de ce fragment, sur la rue Victor Cousin, se terminant par RIE, que je ne parvenais pas à prolonger en brasserie, pâtisserie ni même crèmerie.
En fait, le mot se termine par AIRIE et dès lors changement de registre, c’est d’une LIBRAIRIE qu’il s’agit, la librairie COTILLON, ou plus précisément la Librairie de jurisprudence Cotillon, fondée au début des années 1830 et installée à cette adresse (alors 16 rue des Grès, ancien nom de la rue Cujas). Libraire au sens du XIXe siècle, également éditeur et imprimeur, A. Cotillon travaille pour le Conseil d’Etat et imprime de nombreuses thèses de droit ; la faculté est à deux pas. La généalogie de l’entreprise ainsi qu’un article de Guillaume Richard sur les professeurs de droit et l’édition juridique nous apprennent que celle-ci s’inscrit dans l’histoire de l’actuelle LGDJ – Librairie générale de droit et de jurisprudence – du 24 rue Soufflot.
Comme quoi, dans ce genre d’enquête, il faut toujours garder présent à l’esprit que nombre de noms communs sont aussi des noms propres. Je ne m’en étais pas méfiée et je suis pourtant bien et nommément placée pour le savoir !
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