Désormais retraitée de mes fonctions autres que celles d’employée aux écritures ici-même à votre service, je savoure particulièrement les heures gagnées à la lecture et à la visite d’expositions en jours et heures creuses. Visites solitaires le plus souvent en ce qui me concerne mais je m’amuse d’y croiser parfois ces petits groupes qu’à l’époque où je pratiquais quotidiennement la courte ligne de train de banlieue omnibus Sèvres-Rive Gauche / Paris Montparnasse (supprimée depuis) j’avais intégrés à ma typologie personnelle des voyageurs sous l’appellation “club de dames en sorties culturelles”. Descendues des côteaux de Bellevue ou de Brimborion – maisons en meulière, pelouses, allées de graviers, perrons, rosiers, cerisiers, abricotiers -, leur petite troupe grossissant en chemin vers la gare d’où ledit omnibus les emmènerait au musée du Luxembourg ou au musée d’Orsay. Destinations confirmées quand elles s’en revenaient en fin d’après midi, catalogue de l’exposition dans un sac en plastique transparent ne laissant aucun doute sur ce qu’elles étaient allées faire à Paris avec un ticket de train acheté à l’unité. Des voyageuses sans Navigo. J’aimais écouter leurs conversations pleines, à la belle saison, de mariages, de baptêmes, de gîtes à dénicher pour loger les invités, l’hiver, de travaux dans leurs résidences secondaires – mais les artisans je ne vous dis pas le calvaire – et, à la mi-saison, de cousins et de cousines visités à Hong Kong, Montréal ou Sidney. D’autres vies que les nôtres, désormais délogées par la SNCF à moins que ne soit Ile-de-France Mobilités, de l’entre-soi des trains de Sèvres (longtemps appelés entre usagers “les petits gris”) désormais fondues dans les Transiliens ligne N en provenance de Rambouillet, Plaisir/Grignon ou Mantes-la-Jolie. Une autre classe de ma typologie personnelle des voyageurs de l’omnibus, le “détachement de retraités randonneurs”, non exclusivement genré contrairement au “club de dames en sorties culturelles” se caractérisait néanmoins par un certain déséquilibre défavorable aux hommes et une pratique de la ligne à contresens. De Paris/Mpontparnasse vers les forêts banlieusardes le matin et retour vers la capitale le soir.