L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse monde fléché

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Dans la gare, leur faculté d’invention n’a d’égale que leur détermination à nous faire filer droit. D’où cette signalétique nouvelle apparue sous mes pas ces derniers jours. Mais moi, indocile, toujours des chemins de traverse, je m’en suis déjà expliquée. Ils peuvent bien arrondir leurs flèches pour leur donner un caractère plus bienveillant (pour ne pas dire maternel) qu’injonctif, je ne les suivrai pas. N’empêche, ça les ennuie que nous banlieusards foulions les plate-bandes des grands voyageurs. Ce qu’il y a de foncièrement déplaisant, c’est qu’ils partent du principe que, usagers usés du quotidien, nous marchons tête baissée, contrits, repentants. Rampant quasiment. Sans compter que l’omnibus Sèvres Rive Gauche (le “petit gris” des initiés) n’a rien du profil d’oeuf figurant sur le pictogramme pour signifier l’idée d’un train. Beaucoup plus carré.

Au cas où vous ne le sauriez pas (très peu de gens le savent en fait), outre une série sur ce blogMontparnasse monde est aussi un livre paru il y a un an aux éditions Le temps qu’il fait.

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Au long bec emmanché d’un long cou

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Cet après-midi, par le vélux dans le toit de mon bureau (la photo n’est pas de saison mais situe l’action)

j’ai eu la visite d’un héron. Il s’est reposé un long moment, on aurait pu penser qu’il dormait debout,

et puis a pris son envol, piqué vers le bassin au centre du jardin.

Depuis je m’inquiète pour lui, au long bec emmanché d’un long cou, ce qu’il va devenir, sur ses longs pieds, dans la ville, nichant au sommet d’une montagne assez peu poissonneuse. Allant je ne sais où.

De quoi mon héron est-il le signe ? D’un proche printemps, comme les jonquilles à Gif-sur-Yvette ? Mais je sais maintenant que celles du printemps 2012 ont éclos dès le 26 décembre 2011. Alors, signe de quoi ?

Photographies copyright Martine Sonnet

Traçabilité des jonquilles chez Pierre Bergounioux

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C’est le commentaire de David Farreny à l’un de mes précédents billets en cours de lecture du Carnet de notes 2001-2010, soulignant la récurrence des premiers chants de merles perçus dans les ténèbres hivernales, entre 1984 et 2003, qui m’y ramène à ces récurrences liées au cycle des saisons dans l’Essonne au fil des pages du  journal de Pierre Bergounioux.

Je remonte le temps année après année en traquant la date de floraison des premières jonquilles à proximité de la maison de Gif-sur-Yvette (dont on sait qu’elle est située en hauteur, tout contre un bois riche en faune – renards et chevreuils n’hésitent pas à en sortir), floraison lue comme l’espoir d’un printemps à venir que les ténèbres impitoyables des jours les plus courts de l’année semblaient nier. Les jonquilles poussent sur un talus qu’on imagine bordant une allée descendant de la maison au portail.

Donc je rassemble à l’usage des futurs historiens du climat et paléo-botanistes une série chronologique rigoureuse et je me décharge sur eux du soin d’en tirer, en temps voulu, toutes les observations qui s’imposent à propos du réchauffement climatique du tournant des XXe-XXIe siècles.

Samedi 27 février 2010. Je découvrirai, en descendant à la boîte aux lettres, que trois jonquilles ont déplissé leur corolle, sur le talus, et j’y vois comme la promesse, fragile, de survivre à cet hiver que j’ai cru le dernier.

Dimanche 22 février 2009. La première jonquille a déplissé sa corolle, sur le talus.

Dimanche 24 février 2008. Il fait bon. Toutes les jonquilles sont fleuries. (Mais dès le mercredi 13, noté déjà :  Du RER, j’aperçois les premières fleurs sur un prunus).

Mardi 20 février 2007. Les prémices de printemps font d’une pierre trois coups puisque : Un merle chante, sur un arbre, près de la gare de Courcelle. Les premières fleurs viennent de sortir aux branches du prunier sauvage et la plupart des jonquilles sont écloses.

Mercredi 1er mars 2006. En début d’après-midi, le soleil aidant, la neige a fondu et j’ai découvert que la première jonquille venait d’éclore, au jardin.

Jeudi 10 février 2005. La première jonquille vient d’éclore.

Mardi 3 février 2004. Lorsque je rentre, à midi, je découvre que deux jonquilles viennent d’éclore. Elles avaient attendu le 28, l’an passé.

Mais malheureusement, pas d’entrée datée 28 février 2003 dans le journal publié ; on imagine que celle-ci n’a pas été dactylographiée, est restée au stade manuscrit sur l’un des cahiers qui contiennent en moyenne neuf mois de vie. Peut-être que le 28 février 2003 rien n’avait été notable hormis l’éclosion de la première jonquille, qui du coup, en a fait les frais. Nous savons juste que le jeudi 20 février 2003, Cathy montre à Pierre, en lui faisant faire le tour du jardin les premières primevères, derrière la maison, le mercredi 26 février que la saison accuse un retard de deux semaines, au moins sur l’an passé. Enfin, le mardi 4 mars seulement : Les jonquilles s’épanouissent l’une après l’autre mais rien n’est encore apparu aux branches des arbres fruitiers.

Deus semaines de retard, cela conduit à chercher l’éclosion des jonquilles vers la mi février 2002. Et effectivement, le jour même du retour de son voyage à Cuba, le mardi 12 février 2002, Cathy attend Pierre à la gare RER du Guichet, ils rentrent ensemble et : à Gif, les jonquilles viennent d’éclore.

Mercredi 7 février 2001. La première fleur vient d’éclore à une branche basse du prunier sauvage. Mais pas trace encore de jonquille quand Pierre part pour les forges de Syam dans le Jura, le lundi 12 février, où il passera la semaine. Il quitte Syam le vendredi 16 à  six heures et quart après avoir gratté le givre qui couvrait le pare-brise, et atteint Gif à onze heures et quart. Première chose qu’il y remarque : Cinq ou six jonquilles viennent de se déplisser, sur le talus, et de nouvelles fleurs sont venues aux branches du prunier sauvage.

Jeudi 24 février 2000. La première jonquille vient d’éclore, sur le talus.

Samedi 20 février 1999. En descendant chercher le courrier, je découvre que la première jonquille s’est ouverte, sur le talus. Deux autres la suivront, en fin de journée et j’entendrai chanter le merle, à la nuit tombante.

Vendredi 27 février 1998. Les fleurs continuent d’éclore aux branches des arbres, ainsi que les jonquilles. (Elles “continuent” : la toute première à fleurir n’est pas datée cette année-là).

Mardi 18 février 1997. L’hiver tourne. Les jonquilles sont en bouton, au flanc du talus.

Dimanche 17 mars 1996. Après l’hiver aigre dont nous sortons à peine, les signes sont en retard, les jonquilles en bouton, les jacinthes mussées en terre. Le prunier sauvage devant la terrasse n’a pas sorti une seule fleur. Mardi 19 mars. De nouvelles jonquilles viennent d’éclore, après les trois qui se sont ouvertes hier. C’est donc du lundi 18 qu’il convient de dater les premières éclosions 1996, même si le journal n’a pas d’entrée pour cette date.

Jeudi 16 février 1995. Les premières jonquilles – trois – ont éclos hier, et les premières fleurs sont apparues aux branches basses du prunier, devant la terrasse. Et douze jours plus tard, le mardi 28 : Il fait doux et toutes les jonquilles sont écloses. Nous sommes sortis de février, des mois noirs.

Dimanche 27 février 1994. Matin calme, couvert et doux. Hier, la première jonquille avait fleuri. Deux autres l’ont suivie.

1993 : PAS DE JONQUILLE ! Ou alors, elles sont bien cachées. A défaut, se contenter du prunier. Dimanche 7 mars. Le prunier sauvage se couvre de fleurs – la première avait éclos le 30 janvier mais la vague de froid a retardé d’un mois l’apparition des autres.

Mercredi 18  mars 1992. La lumière est éblouissante. Les oiseaux s’égosillent. Jonquilles et jacinthes sont fleuries, le prunier devant la terrasse, gainé de blanc.

Dimanche 10 mars 1991. Le ciel est pur, l’aube pleine d’oiseaux. Les jonquilles ont fleuri. Les premières étaient déjà écloses vendredi me dit Cathy.  Mais faute de regarder comme il faut, comme elle, je ne m’en étais pas aperçu. Je retarde sur la saison. Les neiges de février, le froid, m’ont fait supposer que la reverdie était loin, encore, et je n’attendais rien.

Dans le tome 1 du Carnet de notes, 1980-1990, ce ne sont pas les jonquilles du talus qui annonçaient la fin de l’hiver, et pour cause : en février mars 1990, la famille vient de s’installer dans la maison près du bois, le terrain n’est pas encore tout à fait défriché ni aménagé et ce sont les pruniers en bordure de l’avenue du Général-Leclerc qui donnent le signal du printemps. Jeudi 15 mars 1990. Encore une journée radieuse, délicieuse. (…) Je remonte avec ravissement l’avenue du Général-Leclerc entre deux haies de pruniers roses en fleur. Un an plus tôt, alors que la maison est en cours de construction, le mardi 14 mars 1989 : Le premier printemps a pomponné de blanc et de rose les arides talus de la ligne de Sceaux. Je ne remonte pas au delà puisque m’intéressaient les jonquilles du talus.

Quand les jonquilles 2012 auront fleuri dans les Hauts-de-Seine, je pourrai illustrer ce billet, en attendant je renvoie à ma jonquille montparnassienne du printemps 2011.

Ajout du 6 mars 2016 pour la suite, après lecture du Carnet de notes 2011-2015 c’est ici :

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Et si vous cherchez d’autres articles du blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici une brassée :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

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Pantoufle à essayer (souillon s’abstenir)

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Ne cherchez plus, je sais où elle est, la pantoufle de verre dont on prétendait nous faire gober que ce n’était pas du  VERRE mais du  VAIR.

Sornettes cette histoire de fourrure d’écureuil. Le doute n’est plus permis : la pantoufle est de verre. Cassante. Translucide, reflets bleutés – je dirais bleu dragée. Pas des plus discrète (bien qu’invisible) ni facile à assortir. Mais ce n’est pas grave : j’ai tout de suite vu, de l’extérieur du magasin, que ce n’était ni ma pointure, ni ma hauteur de talon – et ne parlons pas du prix. Je ne suis pas entrée demander si, dans le même esprit, mais mieux adaptée à ma morphologie, au terne nuancier de ma garde-robe et à mes habitudes de longue marcheuse, un modèle un peu ressemblant existerait – une fin de série laissée pour compte ? J’ai compris d’emblée que je ne serais guère mieux accueillie dans la boutique qu’un Amand, que j’ai bien connu, cherchant sa paire de sans-gênes quand plus personne ne se souvenait de ces souliers si confortables.

Mais si quelqu’une, moins terre à terre, souhaitait essayer la pantoufle de verre – dans l’espoir de tout le bonheur qui s’en suit et de beaucoup d’enfants –  je lui communiquerais volontiers l’adresse du bottier. Moi, l’âge venant, les contes de fées… Encore qu’une bonne paire de bottes de sept lieues, même de seconde main, ça je ne dirais pas non.

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Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

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Et comment tout cela se termine ? A mon tour d’extraire mes lectures…

Ve 31.12.2010

Levé à six heures et quart. Oppression, anxiété. Je suis glacé, sens la vie qui s’amenuise, en moi. Cathy est montée à l’institut. M’adosse au convecteur, m’efforce de lire. C’est vers dix heures que le malaise s’estompera. Il m’en restera, jusqu’au soir, une gêne, sous l’omoplate gauche. Je termine Robbins*. Il prophétise la ruine du collectivisme, faute d’un système de prix qui indique le point de rendement maximal des ressources disponibles, auquel doit tendre une économie rationnelle.

Mitch appelle en matinée. Son état s’est amélioré. Il a pu reprendre une partie de ses activités. L’après-midi je passe à Goody** – Le vol de l’histoire, dont j’avais lu la moitié. Mais le malaise de la matinée m’a amoindri. Le ciel bas, la froide grisaille  font écho à la désolation de l’âge qui est désormais le mien.

* Il s’agit de Lionel Robbins, L’économie planifiée et l’ordre international, paru en 1938, dont Pierre Bergounioux a entamé la lecture deux jours plus tôt.

** Jack Goody est l’un des auteurs de prédilection de Pierre Bergounioux au cours de ces années 2001-2010.

Echos d’une lecture encore en cours de ce tome 3 du Carnet de notes, celle de Florence Trocmé en son Flotoir. Et celui, illustré qui plus est, de Philippe Didion en ces Notules dominicales ; c’est sur abonnement ou en compilation chez publie.net et vivement conseillé. Et beaucoup d’autres éparpillés sur twitter…

Et puisque j’ajoute des choses (dont un “u” qui manquait, merci PCH) ce dimanche matin à ce billet d’hier, encore ceci : c’est tout de même rude de songer qu’il nous faudra attendre janvier 2022 pour savoir à quelle heure Pierre Bergounioux s’est levé le 1er janvier 2011. Le suspense continue, au moins tant qu’il ne dactylographiera pas directement ses notes sur blog ! Et comme on aimerait d’ici là que s’ajoute à la version papier une version numérique permettant la recherche plein texte…

Enfin, comme de nombreux internautes arrivent ici en cherchant les lieux et dates des rencontres avec Pierre Bergounioux autour des Carnets de notes, je précise qu’on les repère sur l’agenda Verdier.

Une belle vitrine sur le boulevard du Montparnasse à Paris

PS : si vous cherchez sur ce blog d’autres articles consacrés à Pierre Bergounioux, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

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Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

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Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

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Le point, une semaine plus tard : parvenue au mercredi 31 décembre 2008, p. 947. Lu donc cinq années et demie cette semaine, coeur du livre et année décisives pour l’histoire du livre lui-même puisque c’est en décembre 2003 que Pierre Bergounioux se lance dans la reprise et dactylographie (dit-il : entendre saisie sur ordinateur) des notes jetées quotidiennement sur des cahiers dont il mesure qu’ils lui tiennent en moyenne neuf mois. Cahiers parfois vert, parfois rouge.

Donc Pierre Bergounioux, en même temps qu’il continue de coucher au stylo sur papier son quotidien du jour fait réafleurer dans son écriture, par ses heures de dactylographie, celui d’avant, le réévoque, le commente et nous replonge, nous adeptes de la première heure de ses Carnets, dans notre mémoire de leur lecture en même temps qu’il mobilise nos souvenirs des décennies charnières XXe-XXIe siècles. Curieux effet, en double et triple hélices (comme celles que l’auteur sculpte) des temps écrits, lus et vécus. Léger vertige pour nous, douloureux vertiges pour l’écrivain, et course contre la montre : que tous ces temps se rattrapent en heure et en temps, lui vivant – il se sent tellement vieux dans sa cinquantaine.

Récurrences infaillibles année après année : l’éclosion de la première jonquille à Gif, toujours vers le 20 janvier, la visite familiale à la foire de Paris autour du premier mai, la promenade du soir pour le parfum des tilleuls en juin, la bourse aux minéraux du PLM Saint-Jacques un dimanche en décembre. En tous temps le suivi de l’activité des salles de ventes de Versailles et Rambouillet et des arrivages en librairie – mais celle des PUF place de la Sorbonne ferme. Pour s’en tenir aux mois de vie urbaine. D’autres récurrences, tout aussi infaillibles, rythment les séjours corréziens.

Ce qui change radicalement dans le coeur du livre, c’est la vie de Pierre Bergounioux en enseignant : il quitte fin 2006 les classes de collège de l’Essonne pour les amphis de l’Ecole des Beaux-Arts, rue Bonaparte à Paris, où il vient enseigner la littérature. Respiration professionnelle nouvelle, mais bataille sévère contre les RER, et finalement acquisition en juin 2008 d’un téléphone portable, le plus simple possible : en cas d’ennui, je pourrai prévenir. Les cabines sont devenues choses rares et les ennuis ne manquent pas.

Signalons aussi, ces années-là,  l’usage devenu indispensable de l’appareil photo numérique pour compléter la prise des notes quotidiennes, la mise au rebut du minitel au profit d’une connexion internet maison, mais pas immédiatement l’ADSL puisque le téléphone n’est plus disponible quand on se connecte.

Pour en rester aux évolutions significatives, signalons encore la fin de la Renault 21 et le changement de marque du véhicule qui lui succède. D’ailleurs, par deux fois Pierre Bergounioux, longeant l’île Seguin constate les progrès de la démolition de l’usine, en septembre 2004 se rendant à la maison de la radio répondre aux question d’Alain Veinstein, puis le dimanche 5 août 2007. Cette fois c’est fini : les usines Renault, sur l’île Seguin, ont été rasées. Ne subsiste que le portail d’entrée, auquel fait pendant celui, en brique, à gauche, qui donne sur la chaussée. Quelque chose a pris fin, à n’en pas douter.

En novembre 2008 ce sont les forges de Syam, où il avait séjouné en 2002 et à propos desquelles il avait écrit, qui ferment à leur tour.

De la vie de famille sous toutes ses coutures (et lessives !), de l’amour et du souci des proches, je ne m’autorise pas à parler, sauf pour dire que je donnerais bien tout Jean-Claude Kaufmann et tout François de Singly pour les 30 années du Carnet de notes de Pierre Bergounioux.

PS : si vous cherchez sur ce blog d’autres articles consacrés à Pierre Bergounioux, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

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Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

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D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

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Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

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La raison pour laquelle je n’ai pas trop le temps d’écrire un billet de blog ce week-end est que je me suis jetée à tête perdue, il y a de cela juste une semaine, dans la lecture du troisième tome du Carnet de notes de Pierre Bergounioux celui qui brasse et embrasse les années 2001-2010 et vient de paraître. Toujours habillé du jaune Verdier et pour faire suite au tome 2, 1991-2000, paru en 2007, et au premier, 1980-1990, en 2006. Des livres que j’ai tous lus dès parution et toutes affaires cessantes.

Bilan d’étape sur le tome 3, en une semaine, à 19h01 (heure de l’ordinateur) ce dimanche soir j’en suis à la page 376, autrement dit au mardi 24 juin 2003, au terme d’une année scolaire particulièrement éprouvante pour le professeur de collège Bergounioux. (Année scolaire pendant laquelle il a la grande décence de refuser la légion d’honneur, ce qui n’est pas vraiment pour nous étonner). L’espace de ces deux ans et demi, janvier 2001-juin 2003, Pierre Bergounioux, tôt levé, écrit (à la main puis dactylographie à l’ordinateur et sauvegarde sur disquette) notamment Les forges de Syam (où il a passé une semaine en février 2002), Simples, magistraux et autres antidotesJusqu’à Faulkner, B 17 G, le court traité visant à faire mieux Aimer la grammaire, et le livre d’entretiens avec son frère, le linguiste et écrivain Gabriel Bergounioux, Pierre Bergounioux, l’héritage.

Donc je n’ai rien écrit de la semaine pour donner le maximum de temps à cette lecture et si je n’ai pas avancé plus c’est qu’il y avait aussi le travail quotidien à assurer ; j’ai cependant mis toutes les chances de mon côté en changeant mes lunettes pour l’occasion.

Ce qui est assez troublant avec ce tome, c’est comme le temps du journal rattrape le nôtre, celui de la lecture. Voir par exemple Pierre Bergounioux dépenser ses derniers francs et retirer ses premiers euros à un distributeur ou le voir pester de plus en plus fréquemment contres les conversations ineptes infligées en tous lieux publiques par les portables (mais l’on cherche encore à savoir sur un minitel si un avion s’est posé).

Pour le reste toujours la fascinante fusion des vies d’écriture, de labeur enseignant, de famille et domestique. Ah ces fameuse lessives séchant sur les hauteurs de Gif-sur-Yvette entre deux grains ! concurrencées de plus en plus il me semble par l’épluchage des légumes, ou le passage au supermarché dès 8h30 du matin. Et les soubresauts de la R21 remontant de Corrèze bourrée de ferraille jusqu’à la gueule et lors d’un voyage même littéralement soulevée de la route par une hélice d’avion imprudemment arrimée sur son toit…

Mais sous la surface des jours et leur répétition, sans répit sourd l’angoisse de ne pas atteindre le but que s’est assigné l’adolescent de 17 ans : comprendre ce qu’il fait là – dût-il dévaliser sa vie durant toutes les librairies du monde, en “extraire” tous les livres. Pierre Bergounioux extrait ses lectures (recopie les passages qui lui plaisent le plus) comme le faisaient les lettrés du XVIIIe siècle

La cinquantaine venue, escortée comme toutes les cinquantaines de douloureuses disparitions de compagnons de route, et la notoriété de l’écrivain source d’incessantes sollicitations (le téléphone sonne de plus en plus dans la maison) et nombreux voyages (de Cuba à Sarajevo) lui laissant bien le peu le temps de s’appartenir ne peuvent qu’aggraver son angoisse. La tonalité dominante de ces années 2001-2010 est bien sombre, même si ce 24 juin 2003 C’est encore une éclatante journée qui commence – la canicule ne tardera pas.

Ceci dit, j’y retourne, au 24 juin 2003.

PS : si vous cherchez la suite et d’autres articles sur ce blog à propos de Pierre Bergounioux, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

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Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

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Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

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Fragments de “Fragments du métropolitain” de Jeanne Truong

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J’ai découvert le livre Fragments du métropolitain en écoutant son auteure, Jeanne Truong, l’évoquer dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein que j’écoute presque tous les soirs parce que c’est l’un des lieux où l’écriture se parle le mieux, en respectant la lenteur et les silences qui s’imposent parfois.

Immédiatement eu envie de lire ces fragments nés d’une dizaine d’années de notes brèves saisies dans le vif de trajets et de correspondances du métro parisien, pressentant une familiarité souterraine entre ces notes et celles que je prends en traversant ma gare quotidienne.

Sauf que dans les wagons, dans les couloirs et sur les quais, Jeanne Truong est d’abord attentive à la foule des corps, à leurs mouvements, leurs frôlements, leurs défaillances et aux sommeils qui les emportent souvent, têtes contre vitres, quand dans ma gare  je cherche plutôt les espaces vides de toute présence. Il n’empêche que quelque part nos regards se croisent – comme avec ceux d’Anne Savelli, de Cécile Portier et de Piero de Belleville à qui j’ai souvent pensé en lisant le livre.

Pour vous mettre en bouche (de métro), quelques brefs extraits des Fragments du métropolitain de Jeanne Truong, avec des photos prélevées dans l’album “Paris divers 2010-2011″ de mon iPhoto - sommairement rangées là mes captures métros, bus et ce qui y ressemble (mais le Montparnasse monde jouit d’un album à lui tout seul) – , à quoi j’ajoute un fragment sonore engrangé station Saint-Michel si je me souviens bien.

Non rien de rien (mp3)

(…) le vide existentiel que tout le monde éprouve à Paris n’est pas seulement une projection mentale, elle est l’influence physique du grand trou dans lequel on a construit le métro. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 26)

Brouhaha causé par le voisinage de plusieurs langues étrangères. Comme c’est reposant de n’y rien comprendre, d’avoir la sensation d’être ailleurs, non seulement dans une contrée de Babel, mais encore dans les arbres, à l’intérieur d’un pépiement d’oiseaux. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 28)

Odeur de vieux chat qui se réveille. Odeur d’eau de Cologne. Si je me lève et change de place, elle n’en saura rien. Suis-je devenue faible au point de ne pas supporter les odeurs d’une vieille ? (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 35)

Partout, le roulement des escalators tel un tambour militaire, la masse cadencée des régiments de guerre, emmenée dans la bataille de la production journalière. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, (p. 37)

Voyager à côté d’un bel homme tranquille, calme comme un animal de compagnie, bonheur indicible quand le train passe au-dessus de l’eau. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 98)

Aujourd’hui, quatre heures sur la ligne 6. Je suis là. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 114)

Celui qui regarde dans la masse, en quête de son alter ego, le trouve dans les détails. Et, au fond de lui, le désir de se démarquer de la multitude. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 143)

A cette minute (…) quatre femmes de Brest donnent leurs impressions de Paris, ayant adoré le quartier de Montparnasse, tandis qu’un jeune Chinois, ébouriffé, bâille en lisant son journal, à son bras une jolie blonde, la tête contre la fenêtre, les yeux sur un homme mûr, lui-même retenu de la main par une Italienne à l’air autoritaire, élancée dans un grand manteau en velours. (Jeanne Truong, Fragments du métropolitain, p. 182)

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La question algeco

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Toujours à traîner dans ma boîte à questions envoyées par les moteurs de recherche ces interrogations provenant d’internautes en quête d’informations sur les algecos. Les aiguilleurs de requêtes me les adressent sous prétexte que, pour leur avoir un jour consacré un billet sur ce blog, je devrais tout  savoir sur ces éléments préfabriqués modulables de plus en plus présents dans le paysage urbain et appelés à remplir des fonctions de plus en plus diversifiées. J’ai assez tendance à penser que si des internautes qui ne sont pas tous chefs de chantiers, loin de là, s’y intéressent c’est aussi, dans certains cas, en proie à de sérieuses difficultés à se loger.

Si je ne sais répondre à toutes leurs questions je peux tenter de les sérier. Je vois ainsi trois grandes catégories d’interrogations se faire jour : les structurelles, les fonctionnelles et les opérationnelles.

Questions structurelles comme :  éléments démontables d’un algeco ; comment sont fabriqués les algecos ? ; algeco prix ; algeco dimensions – soit comment définir l’algeco ?

Questions fonctionnelles : algeco de plage ; algeco pour magasin ; algeco cuisine d’été ; algeco open space ; algeco art – soit différentes contributions à un inventaire des usages possibles de l’algeco

Questions opérationnelles : idée pour retaper un vieil algeco ?qui a amenagé un algeco ? ; habiter algeco ; logement algecodéplacement algecoalgeco idée – soit, une fois qu’on en possède un, comment l’installer, l’améliorer et l’aménager.

La question qui ne m’est pas posée mais à  laquelle je pourrais répondre avec certitude et en image serait celle de la capacité de l’algeco, moyennant un petit coup de pouce, à léviter.

NB : ces algecos-là s’installent sur le chantier ouvert à l’emplacement du Terminus, débit de boisson dont j’avais évoqué ici même la démolition.

Montparnasse monde c’est du gâteau

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Voilà que ce boulanger-pâtissier de la rue Delambre s’invente une nouvelle spécialité : le Montparnasse, étiqueté comme tel et placé d’honneur dans sa vitrine. Surgissement récent de ce gâteau dans le Montparnasse monde, recette secrète comme toute spécialité maison qui se respecte. Pas besoin d’être grand clerc ni maître queux, cependant, pour présumer que le chocolat figure en bonne place dans la liste des ingrédients. Je ne prends pas trop de risques non plus en présupposant que ce chocolat (de couverture à faire fondre dans une casserole au bain marie ?) est vigoureusement battu au fouet, à une certaine étape de la préparation, avec des oeufs (entiers ou blancs soigneusement séparés des jaunes et battus en neige ?), du sucre, de la farine stimulée par un sachet de levure et un corps gras – je ne sais pas si dans cette boutique la pâtisserie est pure beurre. Pas de grand mystère à imaginer ces quelques ingrédients et un modus operandi qui conduirait à la confection d’une sorte de cake au chocolat. Mais alors le secret ? Parce qu’il faut bien une touche personnelle, d’inspiration locale qui plus est, pour que le Montparnasse spécialité maison n”usurpe pas son appellation.

Certes, au lieu de me contenter de lécher la vitrine, je pourrais entrer dans la boutique et demander, rougissante, un Montparnasse, le déguster en bonne compagnie – je ne sais pas s’il en existe une version individuelle, comme en ce moment les bûchettes ramenant à des proportions amplement suffisantes leurs soeurs aînées crème au beurre – et tenter de percer par mes propres papilles ce secret (vous en faire profiter éventuellement si la recette me paraît bonne). Mais je n’en ferai rien : j’ai beau les reluquer dans un sens le matin, dans l’autre le soir (sauf le lundi jour de fermeture), le Montparnasse ne me met pas plus que ça l’eau à la bouche.

Je devrais néanmoins peut-être tenter un deal avec le boulanger-pâtissier de la rue Delambre : en échange de la publicité faite à son gâteau sur mon blog, une petite place en vitrine, à côté dudit gâteau, pour un excellent livre sur le quartier. Et lui suggérer l’instauration d’une carte de fidélité : pour cinq Montparnasse à croquer, un Montparnasse monde à dévorer. Irais-je jusqu’à lui proposer d’expérimenter la rencontre lecture/dégustation dans sa boutique un samedi après-midi ? Peut-être la bonne recette pour faire connaître in situ nos spécialités respectives…

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