L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

RSS Feed

"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Search Results for: maison mère

Histoire de B. : épilogue et fenêtre

Comments Off

Voilà que dans cette rue, depuis l’été et la démolition des maisons du 29 et du 27, la fenêtre de l’appartement de B. au rez-de-chaussée de l’immeuble sur cour du 25 est devenue visible. Du trottoir le regard rase son volet fermé. Bientôt l’immeuble qui commence à  s’élever comblera la brèche et le bâtiment discret dans lequel a vécu B. redisparaîtra. Elle n’avait qu’une fenêtre B., ayant acheté et fait aménager en studio une ancienne petite loge inoccupée depuis des lustres, partie commune dont la copropriété ne voulait plus faire les frais.

Dans la toute première ébauche des textes qui deviendraient Atelier 62, un “décrochement-digression”, comme il en existait quelques uns débordant du cadre chronologique du temps des forges, évoquait B. qui venait de disparaître de notre vie. J’écrivais en décembre 2005, elle nous avait quittés le 3 octobre, sans explication. J’évoquais son arrivée chez nous et comme je m’étais emberlificotée dans ma conscience féministe quand, trop occupée de mes travaux et du soin des enfants, alors jeunes, faire appel à l’aide d’une femme de ménage s’était imposé. Finalement, c’est B., si différente de celle que j’avais imaginée, qui était venue – je retrouve mon petit bout de texte -

“deux fois par semaine, et on la reçoit respectueusement et affectueusement, comme si c’était sa propre mère. Et puis au bout de seize ans – c’est arrivé chez nous il y a quelques mois – elle s’en va, sans rien dire, juste les clefs dans une enveloppe lâchée dans la boite aux lettres en partant. Ecrit dessus : bon courage. Se souvenir comme elle a accompagné les enfants ; ses cadeaux encore dans leurs chambres. Ne rien comprendre. Constater que la chatte aussi tourne en rond depuis ; les deux jours de grand retournement des choses rythmaient ses semaines solitaires. La bête savait dans quel ordre les événements se produiraient, avait mis au point son parcours de cachettes successives. Maintenant, quand l’un de nous sort l’aspirateur du placard, la chatte s’affole, sans refuge sûr face à nos façons de faire, imprévisibles et désordonnées.”

B., jamais remplacée à la maison, n’avait pas donné suite au courrier que je lui avais adressé pour la remercier de toute l’aide qu’elle nous avait si longtemps apportée, m’inquiéter des soucis de santé ou autres qu’elle pouvait avoir. Son numéro de téléphone n’était plus attribué – elle en avait changé une fois de plus – et par deux fois l’hiver qui avait suivi son départ, la croisant sur un trottoir, la saluant, m’arrêtant pour tenter de lui parler, celle-ci avait continué son chemin sans répondre.

En septembre 2006, rubrique “Etat civil – décès”, du bulletin municipal, j’apprenais que B. était morte en juin. Je saurai un peu plus tard, du notaire provincial qui, devant régler sa succession et manquant d’informations à son sujet, nous avait écrit ayant trouvé notre adresse dans ses papiers, que c’était de mort naturelle et qu’on l’avait retrouvée 15 jours après son décès, quand ses voisins, à qui elle ne parlait pas, n’en pouvaient plus de se pincer le nez en pénétrant dans l’immeuble sur cour.

Je ne sais rien de plus de la fin solitaire de B., ni de son enterrement que personne probablement n’a suivi. Je sais quelques moments de sa vie toute de ruptures, confiés le temps des nombreux cafés bus ensemble. Son volet fermé, de moins en moins visible ces derniers jours derrière palissades et algecos.

Filed under la vie tout venant
oct 16, 2009

Cinq jours ouvrables, façon Libé du samedi

Comments Off

Lundi. Toute la journée au bureau avec visites récurrentes de guêpes par le vélux et ponctuelle d’un informaticien (par la porte) qui réinitialise mon imprimante qui ne répondait plus depuis le retour des vacances.  J’attaque la semaine par l’écriture de l’article “Geneviève Randon de Malboissière”  destiné au Dictionnaire des femmes d’Ancien Régime à paraître chez Champion. Je complète ma documentation livresque par quelques interrogations internet (je m’intéressais au sujet bien avant Google) et m’aperçois que le livre de Dena Goodman est paru. Verdict des statistiques Word quand je boucle : 9000 signes  pour  7500 TTC alloués ; j’élagaguerai demain. Déjeuner d’un sandwich au délicieux soleil de 14 h dans le jardin de l’Ecole – va et vient des nouveaux élèves qui prennent possession de leurs chambres ; parents de province qui accompagnent – origines dévoilées par les plaques minéralogiques des voitures dont les coffres se vident de cartons de livres, bouilloires électriques et un peu de  linge. Je regarde les mères. Remontée au labo sous les toits, je découvre qu’une main providentielle – je ne sais à qui elle appartient -a disposé une assiette de mirabelles mûres à point  près de la machine à café : riche idée. Echange de mails avec mes compagnes et compagnon de la fête des livres à La Ferté-Vidame hier pour nous réjouir de cette agréable journée champêtre et nous promettre de bientôt travailler ensemble. Je m’apercevrai plus tard qu’elles et il ont tout raconté sur leurs blogs. Rien à ajouter. J’aime l’idée qu’une semaine après cette insertion sur les terres du duc de Saint-Simon je foulerai les pelouses de la fête de l’Huma.

Mardi. Dans la cuisine, premier geste au matin : France Info. Je prends en marche une énumération des villes dans lesquelles des classes de collèges ou lycées sont fermées qui me laisse perplexe. Une classe de collège ou de lycée ça circule dans l’établissement pour rejoindre des salles spécialisées et ça se recompose au fil des heures au gré des options et des langues, quant aux profs, ils n’en ont pas qu’une de classe… Fermer une crèche je comprends, une classe de lycée nettement moins, surtout compte tenu de la virulence qu’on nous dit somme toute banale du virus dans l’état actuel des choses. La chaleur de retour ces jours-ci me semble bonne à prendre et je marche sur le large trottoir, côté numéros impair, du boulevard du Montparnasse, pile dans l’axe du soleil, entre la ligne droite grise de l’ombre des toits et celle, moutonnante, de l’ombre des frondaisons. On me dit toujours que je devrais couper par le Luxembourg pour aller de la gare à l’Ecole, mais je ne suis pas du tout fanatique de ce jardin, précisément parce qu’il est impossible à traverser en droite ligne. A l’approche du bassin, pas moyen de ne pas se dérouter. Assez mauvais souvenirs aussi de la fréquentation – les rares fois où c’est arrivé – des aires de jeux, balançoires, toboggans, poneys, petits bateaux, guignol et marchands de glaces ou gaufres quand les enfants étaient petits. Prénoms extravagants qu’on y entendait et parents insupportables qui allaient avec. Mon article sur Geneviève Randon de Malboissière, respectueux cette fois des normes typographiques, est parti, après que par un dernier acquis de conscience j’ai saisi sur Google le titre de son seul écrit publié. Une courte pièce Ilphys et Zulie que son maître d’allemand Michaël Huber a  intégrée anonymement à un Choix de poésies allemandes publié en 1766. L’ouvrage que je n’ai jamais réussi à voir à la BnF, existe numérisé par Google  : j’en suis toute retournée – mais je ne le retrouve pas au moment d’insérer, j’y reviendrai quand j’aurai le temps .

Mercredi. Un peu en creux, pile au milieu de mes cinq jours ouvrables et troisième consécutif entièrement passé au bureau. Au vélux, outre les apparitions des guêpes qui continuent à entrer pour ressortir illico, visite du chat qui se promène sur les toits de l’Ecole, je le dissuade d’entrer malgré ma profonde sympathie pour la gente féline ; pas trop content d’être éconduit, il aurait tôt fait de mordre. La BnF fermée pour son grand ménage annuel, les historiens se replient dans leurs quartiers, s’occupent d’affaires organisationnelles, de programmes, de calendriers, de réservation de salles, de demandes de moyens pour 2010. Autant de choses dévorant de plus en plus de temps. La satisfaction tout de même, et profonde, de voir si bien reçue ma proposition d’écriture en réponse à une sollicitation reçue hier soir et qui m’a fait particulièrement plaisir. Affaire rondement menée et deadline au 28 septembre, soit bien proche pour quelque chose d’aussi nouveau… Tous ces jours à venir, donc, avancer de deux heures mon réveil. Notre bachelier de l’année, travailleur saisonnier dans une librairie-papèterie du quartier latin, pas fâché d’arriver samedi au terme de son contrat, rentre à 20h50 claironnant : “Plus que deux jours !”. Rude premier contact avec le monde du travail que d’éprouver à 17 ans la fatigue de journées longues de sept heures passées impérativement debout dans un sous-sol non climatisé, en août-septembre, à recharger des piles de paquets de copies, doubles, simples, perforées, non perforées, à petits carreaux, à grands carreaux, et j’en passe, 21X29,7 ou 29X32.

Jeudi. “Retour de la grouse” proclame la pancarte du restaurant au coin de la rue de la République à Vanves vue du bus 189. Je sais peu de choses de la grouse, que je classe néanmoins parmi les volatiles. L’annonce tend à me faire penser que celui-ci est saisonnier, mais j’ignore absolument où la grouse peut bien se nicher quand elle n’est pas dans une casserole à Vanves. Reçue de 12 à 14 heures par la bibliothèque d’un Comité d’établissement banquier pour y parler d’Atelier 62 avec des lecteurs, dans le cadre du prix littéraire inter-CE, j’y suis fort bien accueillie et en ressors avec un chouette bouquet de fleurs. Merci à tous. Sur le chemin du retour, je tente par deux fois de me procurer – enfin, depuis le temps que j’y pense – un iphone : rupture de stock. Je recharge donc une fois de plus mon compte mobicarte en attendant des jours meilleurs. Le iphone est appelé à résoudre d’une pierre deux coups mon problème de ipod (35 minutes, montre en main, d’autonomie de batterie, pourtant changée déjà une fois) et d’appareil photo qui a rendu l’âme. Il y a donc relative urgence (surtout pour les saisissements images du réel). Depuis peu, les gens des monuments nationaux m’invitent volontiers quand ils inaugurent quelque chose : aujourd’hui le carton est pour une expo “Splendeur de l’enluminure : le roi René et ses livres”, qui se tiendra bientôt à Angers, RSVP avant le 18 septembre. Mais désolée, ce sera non : un petit peu trop loin Angers, un petit peu trop à faire ici.

Vendredi. Journée au bureau, c’est ma “journée Hardy”, je travaille sur l’index des lieux du Journal de ce libraire parisien du XVIIIe siècle : un vrai bonheur la promenade “virtuelle” dans les rues du Paris de l’époque et tout ce qu’on y rencontre. L’école qui abrite mon bureau (mais dans laquelle je n’enseigne pas) s’anime chaque jour un peu plus. Rentrée pédagogique la semaine prochaine. N’étant pas ancienne élève du lieu, son monde et ses conditions protégées d’étudier me restent un peu étrangers. La fermeture de la BnF (encore une semaine) commence à me peser, parce que je voudrais jeter un oeil sur des journaux de mode des années 1950/60, un peu trop futiles pour l’érudite bibliothèque de l’Ecole. Je programme pour la semaine prochaine des expéditions à Marguerite-Durand et Forney (Forney je ne n’y suis jamais allée, ça m’en fera une de plus). La lettre des impôts, trouvée à mon retour à la maison, m’épate par sa parfaite bonne conscience. Alors que leurs services rectifient une erreur en ma défaveur qui leur est imputable à 100 % – oubli de saisie d’un chiffre  - ils ont le culot de m’écrire IL VOUS A ETE ACCORDE UN DEGREVEMENT DE 448 EUROS. En capitales et pas question d’erreur ni encore moins d’excuses… Et encore heureux que je les avais calculés de mon côté mes impôts, parce qu’autrement j’étais bonne pour les payer les 448 € que je ne leur dois pas et DONT JE LES REMERCIE DE ME FAIRE GRACE DANS LEUR GRANDE BONTE… Je me couche tôt pour être en forme à la fête de l’Huma demain.

PS : je rassure tout de suite les fidèles du blog : ceci n’est pas un nouveau feuilleton du samedi (c’est juste parce que Libé ne me le demande pas)

Filed under la vie tout venant
sept 12, 2009

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Comments Off

L’autre soir, comme s’organisait, sur Twitter, entre Pierre Ménard, instigateur/animateur, du blog Page 48, notamment, et Joachim Séné, auteur, entre autre, de Roman bien connu, la lecture de la page 48 de Montparnasse monde, désormais en ligne - et même deux pour une puisque selon le support de lecture, dans les livres numériques il peut y avoir deux pages 48 différentes -, je me suis mêlée de la discussion en me portant candidate à la lecture de la page 48 du Carnet de notes tome 2 de Pierre Bergounioux.

Parce que son nom manquait dans la liste des auteurs dont l’écoute d’une page 48 est proposée sur ce blog, anthologie audio de pages 48, en une judicieuse mise en application/amplification d’un remember de Joe Brainard : Je me souviens d’avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j’emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m’en être vite lassé. Pierre Ménard, lui, ne se lasse pas de recueillir et offrir en partage des pages 48 lues par des voix amies de leurs textes.

Et amie de l’oeuvre de Bergounioux, je n’en fais pas mystère, je le suis, depuis la première fois que j’ai ouvert un de ses livres, il n’y a pas si longtemps mais tout de même dans une vie antérieure. C’était La Toussaint, logiquement choisi pour des vacances de Toussaint en Normandie, en 2005.

Que la seule page 48 d’un livre se prête à extraction et garde tout son sens, ou mieux encore porte du sens de toutes les autres, n’est jamais évident. Mais il me semble que celle du tome 2 (1991-2000) du Carnet de notes de Pierre Bergounioux s’y prête merveilleusement, en ce qu’elle reflète (presque) tout l’univers du quotidien de l’auteur, trame de ses Carnets, dont j’attends avec impatience la parution du tome 3.

La famille (nucléaire) est là, par ordre d’entrée en page : Pierre, Paul (fils cadet), Jean (fils aîné), Cathy (épouse de Pierre, mère de Paul et Jean). La scène se passe à Gif-sur-Yvette, mais des photos récupérées nous transportent aux Bordes et à Brive. On est dans la cuisine dont Pierre vide le lave-vaisselle – tâches domestiques bien partagées chez les Bergounioux – mais aussi au collège, et dans la voiture pour emmener un enfant à sa leçon de musique. Pierre corrige des copies, fait travailler ses fils, lit, écrit, s’active à nettoyer le terrain entourant la maison, trouve un oeuf d’oiseau (à défaut de Grand Sylvain) qui retient son attention. Pierre est fatigué, touche le fond, mais goûte aussi la lumière de cette fin mai 1991. Il fait chaud à Gif, mais sur les photos Les Bordes sont sous la neige…

Tout cela en une seule page, au bas de laquelle Pierre va se coucher. Mon seul petit regret : qu’il ne trouve pas le temps de tordre et façonner en figure humaine un rebut de métal qu’il aurait glané dans une casse corrézienne aux dernières vacances et rapporté dans le coffre de la R21 qui aurait fait entendre un bruit bizarre à partir d’Orléans, mauvais signe. (On notera aussi qu’il n’a pas le temps d’aller à la pêche).

Que ma lecture de cette page 48 de Bergounioux ne vous empêche surtout pas de lire celles qui la précèdent, celles qui la suivent et toutes les autres dans tous ses autres livres – j’aurais alors été contre-productive et ne m’en remettrais jamais. Il y a tellement de choses de nos vies à tous qui s’y lisent formulées au plus juste.

PS : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici quelques uns :

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

Couleurs Bergounioux (au couteau)

PS bis : et si vous ne connaissez pas les études bergouniennes de Jean-Claude Bourdais, “Bergounioux et moi”, courez-y

Filed under coin lecture
juil 18, 2009

Troisième voyage à Cognac (et retour en pays mellois)

Comments Off

La première fois que je suis allée voir Le temps qu’il fait à Cognac, à l’automne 2007, c’était pour faire connaissance et reporter les premières épreuves corrigées d’Atelier 62 (et j’en revenais ayant appris magistralement de Georges Monti que les virgules, quoi qu’on fasse, vont par deux). La deuxième fois, en janvier 2008 j’y étais allée pour préparer l’envoi du service de presse du livre (mais nous étions tristes ensemble, Georges, Marie Claude Rossard et moi, parce que le lendemain je portais ma mère en terre).

La troisième fois, jeudi dernier, j’étais invitée par Le texte libre, librairie associative bien engagée, pour y parler du livre – qui cette fois encore suscitera facilement les paroles des uns et des autres, et les croisements d’itinéraires. Et la règle qui veut qu’à chaque rencontre un fils ou une fille de forgeron soit présent est une fois de plus respectée : je n’aurais jamais imaginé que nous étions aussi nombreux.

Arrivée à Cognac, flânerie à pied avec Marie Claude de la gare à l’ancien chais qu’occupe la maison d’édition où nous nous arrêtons avant de rejoindre la librairie. Le temps d’une discussion sur les écritures en cours, ce qui les porte et les supporte, les manuscrits empilés, et de faire une petite provision de livres à rapporter. Deux tous récents, Zozo chômeur éperdu de Bertrand Redonnet et A l’immortelle Bien-aimée de Virginie Reisz, deux plus anciens, Couteau suisse de Denis Montebello et Ouailles de Jean-Loup Trassard. De Trassard je rapporte aussi le très beau petit Coutumes incertaines, avec photographies, hors commerce. Avec Marie Claude, nous nous faisons la réflexion que Montebello, Redonnet et moi figurons à la fois au catalogue du Temps qu’il fait et à celui de Publie.net et que c’est une heureuse interférence.

Après une nuit dans le très beau moulin de Prézier – je m’y sens un peu en vacances – direction les Deux-Sèvres, pour une lecture apéritive d’extraits d’Atelier 62 sur fond d’outillage en provenance de la boutique paternelle, remis en état et en service pour certains à Verrines-sous-Celles dans l’entreprise Poget. Il y a même semble-t-il dans l’équipe des vocations rentrées de forgerons qui se sont révélées à l’occasion de l’arrivée des machines et outils.

Lecture de l’atelier in situ faite, déjeuner quelques kilomètres plus loin au très ambiant Café du Boulevard à Melle, petite ville retrouvée avec plaisir et dans laquelle je me demande toujours comment la densité en habitants sympathiques peut être aussi élevée.

En chemin, arrêt églises romanes à Aulnay et Verrines, entourées l’une comme l’autre de magnifiques cimetières, et retour TGV par Saint-Maixent (pas de changement contrairement à l’aller, donc pas de café Au buffet de la gare d’Angoulême, lieu mythique : j’y retournerai.)

Filed under par monts et par vaux
juin 17, 2009

“Liquide” : les eaux douces amères de Philippe Annocque

Comments Off

Dans Liquide, le quatrième livre de Philippe Annocque (coup de chapeau en passant au beau discernement de Quidam Editeur) dont j’avais lu et bien apprécié déjà, Par temps clair, et suis toujours curieuse de lire derrière les hublots, ce n’est pas l’eau qui manque mais on ne peut pas dire pour autant  que “ça baigne” pour celui assis sur le banc au bord du fleuve.

D’abord celui c’est qui ? Ni je, ni il, même pas une autre : sans personne grammaticale – belle performance de l’auteur – un personnage qui forcément n’a pas la vie ni l’identité faciles. Et si tous ses soucis venaient de là, qu’il n’y aurait jamais celui qu’on croit, à l’intérieur ? “On” : en fait, plutôt elles – une mère, une amante de jeunesse, une épouse de maturité et sa mère, donc une belle-mère, et les deux filles nées de l’union avec l’épouse – toutes à jeter leurs pavés dans la marre. Lui, bien éclaboussé, surtout par le dernier, lancé par l’épouse lasse, qui lui vaut sa longue pause méditative/rétrospective devant brindilles emportées au fil de l’eau.

Et les grandes eaux de sa vie d’entraîner ses pensées : eaux prometteuses des douches ludiques avec l’amante, eaux quotidiennes des vaisselles et des lessives sous le règne de l’épouse électro-ménagèrement conseillée par sa mère, eaux exceptionnelles et déconcertantes, échappées de la poche rompue trop tôt, prélude à la naissance de la fille aînée. Un peu de larmes, un peu de pluie.

Philippe Annocque propose un texte profondément original, dans sa présentation typographique même qui ne se “justifie” pas plus que celui qui procède à la relecture liquide, infiniment subtile, drolatique et grave, d’une vie qu’il n’a pas eu la présence d’esprit de mettre hors d’eau, comme on se dépêche de le faire quand on construit une maison – de préférence sur un vide comme le fait très justement remarquer le père.

A la lecture, en tout cas, Liquide, aucun doute, ça baigne.

Filed under coin lecture
mai 13, 2009

Papiers à en-têtes

Comments Off

J’utilise le blog pour signaler une nouvelle page mise en ligne sur le site : il s’agit des papiers d’Amand de 1937, pendants de ceux de 1951 déjà numérisés. En 1951 c’était la fermeture de la boutique et la vente dispersant le matériel de sa forge de campagne ; en 1937, c’était au contraire son installation et son ouverture.

J’ai mis en ligne deux factures détaillées d’achats d’outils et équipements divers pour la forge, établies sur des papiers à belles en-têtes, des maisons Cormerais & Blu Sucesseurs à Laval, spécialiste des machines et outils de forges, et Champain, prenant en charge tous travaux mécaniques, mais aussi fournisseur d’écremeuses, barattes et tous instruments d’intérieurs de fermes, établie à Céaucé, place de l’église.

A la maison Champain est acheté en même temps “un piquet de fer pour attacher une vache” : je crois me souvenir qu’il existe une photo, que je vais rechercher, de la vache que la famille avait vendue au moment du grand déménagement. Je l’ajouterai à cette page. Ce que nous avons récemment retrouvé dans une cave, c’est le grand bol en bois avec sa cuillère assortie, qui servait à notre mère pour façonner et décorer le beurre fabriqué avec le lait de cette vache.

Sur le site aussi les mises à jour d’autres pages : échos de presse et liens sur des sites de photographes.

Ce week-end nous sauvegarderons tout cela, parce qu’hier petite frayeur avec la disparition du paysage, heureusement éphémère, du blog de L’employée aux écritures.

vue de l’intérieur de la boutique d’Amand Sonnet, comme elle était en août 2006, 20 ans après sa mort, sur laquelle on voit bien la petite brouette présente page 96 d’Atelier 62

Filed under vie technologique
juil 4, 2008

Un dimanche matin atypique

Comments Off

Ce matin, l’employée aux écritures profitant de ce que les effectifs de la maison étaient réduits de moitié en cette fin de semaine, est allée au cinéma au lieu d’aller au marché.

Ce qui, dans l’absolu, ne semble pas un événement remarquable, une fois rapporté au fait que depuis deux ou trois ans je ne vais plus qu’exceptionnellement au cinéma (à peine une fois par trimestre) voit sa mention ici pleinement justifiée.

Il doit rester trois cinéastes dont je vois systématiquement les films – Nanni Moretti, Wong Kar-wai et Eric Rohmer – mais ils ne tournent pas à tour de bras, et s’il n’en restait qu’un se serait le carissimo Nanni.

Mais ce matin, il s’agissait de voir L’Aimée un film d’Arnaud Desplechin qui ne passe que dans un cinéma, une fois par semaine, à 10h30 le dimanche, et dans lequel il est question de la vente par son père de la maison de ses grands-parents à Roubaix et plus généralement de l’histoire familiale du réalisateur et de sa transmission. Des sujets auxquels je suis particulièrement réceptive en ce moment.

Intéressant, mais un peu bavard et avec quelques fils difficiles à démêler. Avec aussi un curieux parti pris de cacher les femmes vivantes (la mère de Desplechin comme la mère de ses propres enfants – trois petits  garçons que l’on voit, eux, beaucoup) alors que tout le film tourne autour d’une (ou deux ?) morte(s). 

Je me suis souvenue que le film d’Emmanuel Bourdieu pour la série “Mes parents” d’Arte, réalisé à partir des films super 8 familiaux réalisés par son père Pierre, m’avait surpris de la même façon en ne montrant quasiment que des hommes et des enfants. La parenté entre les deux oeuvres n’est pas seulement une vue de mon esprit puisqu’au générique de L’Aimée, Emmanuel Bourdieu est remercié.

Je me suis souvenue aussi d’un autre film Histoire d’un secret qui ressemble à ces deux-là, à certains égards, très beau et selon moi plus émouvant, montrant deux soeurs, la réalisatrice Mariana Otero et sa soeur comédienne, Isabel Otero, enquêtant sur la mort de leur mère, peintre de talent, décédée en 1968 des suites d’un avortement qu’on leur avait toujours fait passer pour une opération de l’appendicite ayant mal tourné…

En regagnant la gare Montparnasse à pied, croisé Albert Jacquard rue de Rennes, ce qui m’arrive très souvent dans ce quartier et me fait toujours plaisir.

Après quoi, passé l’après-midi à préparer des notes pour mon intervention au colloque Billancourt de mardi.

 

Filed under la vie tout venant
juin 15, 2008

Parvis à Privas

Comments Off

Sympathique en diable, le premier Parvis du livre à Privas, une initiative de Vincent Gloeckler, libraire accueillant, passé depuis peu de Limoges à la préfecture de l’Ardèche où sa librairie Lafontaine voisine, sous l’étonnant beffroi de l’hôtel de ville, avec un non moins sympathique bouchon littéraire tenu par le libraire d’avant.

Du 5 au 8 juin, Vincent Gloeckler organisait des rencontres autour de livres, éparpillées sur la place piétonne, dans des médiathèques, au théâtre ou encore au lycée. Nous étions quatre auteurs, invités au prétexte joliment sarcastique que : « 68/2008, oui Monsieur, cette histoire-là bouge encore » sur lequel nous avons assez librement brodé.

J’ai juste croisé Virginie Linhart, mais nous sommes appelées à nous revoir en septembre, à la fête de l’Huma, pour parler ensemble de nos pères et de leurs usines. Patrick Raynal et Philippe Delepierre sont restés comme moi jusqu’au déjeuner familial – merci Isabelle – du dimanche dans une grande maison pleine de livres.

A Privas, j’ai aussi fait l’heureuse connaissance d’Ingrid, qui fait partie de l’équipe de la librairie et a grandi à Billancourt, au plus près de l’usine Renault puisque lorsqu’elle était enfant sa mère était responsable d’un foyer de travailleurs adossé à la Régie. Elle me raconte un émouvant retour sur les lieux et les quelques traces écrites de cette histoire qu’elle y a collectées, vieux papiers de la maison jonchant encore son sol.

Désolée pour l’absence d’images une fois de plus : bien pensé à prendre l’appareil, mais pas suffisamment à temps pour charger sa batterie vide avant de partir, et déjà trois autres chargeurs dans le petit sac à dos bleu à quoi se limite toujours mon bagage pour se genre d’expédition. Sac qui ne suffisait plus, au retour, aux livres, tuiles aux amandes (“mes soixante tuiles” disait l’étiquette de Vincent…) et aux vendanges d’octobre glanés sur le parvis.

Rentrée chez moi, j’ai soigneusement colorié l’Ardèche sur la carte de France des départements dans lesquels j’ai dormi au moins une nuit. En ce moment, ma cartographie de bien modeste voyageuse prend des couleurs. 

Filed under par monts et par vaux
juin 9, 2008

Les livres du soir

Comments Off

Livres de mon côté et où j’en suis avec eux. Trois piles sur deux étages d’une petite table ronde en bois de pommier récemment substituée à une vieille chaise moins pratique pour poser des livres. Ils sont empilés sans hiérarchie d’estime d’un étage à l’autre ou du dessous au dessus des piles, alors classés ici par ordre alphabétique des auteurs (et secondairement par titre pour celui qui est présent deux fois). A l’étage du bas, aussi ma paire de lunettes qui ne sert que pour lire dans mon lit ; l’autre reste le soir sur mon bureau.

  • Lise Beninca Balayer, fermer, partir, lecture récente, belle découverte, conseillé aux trois amis avec qui j’ai dîné hier soir (parmi eux ma prof de lettres de 2nde et 1ère) comme nous parlions de maisons que nous avions à vider et fermer ;  C. l’a lu aussi : à ranger
  • Pierre Bergounioux La cécité d’Homère, acheté en juin 2007 au marché de la poésie en discutant longuement avec les éditeurs, Circé à Belval dans les Vosges, à qui C. en profite pour commander L’hydre et l’ascenseur, essai sur Heiner Müller de Jean-Pierre Morel qu’il a envie de lire depuis longtemps mais qu’ils n’ont pas apporté sur leur stand ; je garde à portée de main La cécité d’Homère dont je n’ai pas encore lu toutes les conférences
  • Pierre Bergounioux La Toussaint, acheté récemment après une première lecture il y a 2 ans et demi en l’ayant emprunté à la bibliothèque municipale. Intention de le relire avant de le ranger avec les autres livres de l’auteur
  • François Bon Temps machine, acheté à la librairie bien garnie du théâtre du Rond-Point l’hiver dernier quand j’étais allée voir La mastication des morts de Patrick Kermann, dont j’avais acheté le texte en même temps. Les deux ont été lus aussitôt, Kermann est rangé, je garde encore un peu Temps machine ici
  • Geneviève Fraisse Le privilège de Simone de Beauvoir, c’est tout nouveau et l’amie Geneviève vient de me l’envoyer, lecture prochaine
  • Jean-Paul Goux Mémoires de l’enclave, reparcouru avant à la table ronde “Littérature et mémoire ouvrière” à laquelle j’ai participé au salon du livre de Limoges, à ranger
  • Yannick Haenel Cercle, offert par des amis en décembre dernier, pas lu encore
  • Gérard Haller Fini mère, livre que j’avais eu envie de lire quand il est paru l’année dernière, acheté seulement en janvier dernier après la mort de la mienne de mère, lu un peu plus tard et je ne peux pas le ranger encore
  • Christoph Meckel Un inconnu, donné par notre éditeur commun une fois que je suis allée à Cognac, C. l’a lu et l’a aimé, moi pas encore
  • Jérôme Meizoz Père et passe, éditeur commun avec celui-là aussi, mais achat : beau texte lu et apprécié par C. aussi, mais pas envie de le ranger encore
  • Henri Michaux Oeuvres complètes 1 et 2 en Pléiade achetés d’occasion, je guette le tome 3. Pour piocher n’importe quand
  • Marcel Parent Paulhan citoyen, l’auteur, père d’un ex-collègue, me l’a offert à Limoges, pas encore lu mais je sais que ça concerne Paulhan conseiller municipal de Châtenay-Malabry, ville limitrophe d’ici ; j’avais écouté l’auteur quand il était passé chez Veinstein
  • Marius Daniel Popescu La symphonie du loup absorbé la moitié le week-end dernier, je le reprendrai ce soir, une belle découverte et la lecture des premières pages m’a rappelé le choc reçu il y a longtemps à l’ouverture de Cent ans de solitude dont j’avais lu deux fois de suite le premier chapitre pour être bien sûre de ce qui m’arrivait. Impression jamais retrouvée avec ce qu’a écrit Garcia Marquez par la suite, j’espère qu’avec Popescu ça continuera
  • Sei Shonagon Notes de chevet, pour picorer comme le titre l’indique, là à cet usage depuis un an
  • Romain Verger Grande Ourse, reçu en service de presse parce qu’il était au programme des mêmes mardis littéraires que mon Atelier 62. Impressionnant et gonflé comme livre, bien aimé et je l’ai dit à la radio (découvert comme ça l’existence d’un éditeur – Quidam – à Meudon, autre ville limitrophe) ; livre à ranger
Dans une pile, entre deux de ces livres, il y a une enveloppe avec l’écriture de ma mère “photos de L. et L., 2001″, elle est vide mais je la garde précieusement : je suis devenue avare de toutes ses traces.
Filed under coin lecture
avr 19, 2008

Rubriques du blog

Recherche

Archives du blog depuis avril 2008

Sur Twitter

tous textes et photos copyright Martine Sonnet, sauf mention spéciale
var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-25117361-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();