L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse monde accueillant

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Vous voulez travailler ? Rendez-vous hall Pasteur : un bureau tout équipé, comme on dirait d’une cuisine, vous y attend et vous relie à tous les flux du monde.

Vous préférez jouer ? Rendez-vous hall Maine : un piano vous y attend. Je ne dis pas du pauvre, puisque dépourvu de bretelles le piano, tabouret enchaîné, tient bon sur ses pieds, mais l’instrument à cordes frappées s’offre néanmoins à tous. Je ne vous le montre pas en service parce qu’alors impossible de le prendre en photo sans artiste au clavier ni cercle d’auditeurs autour*.  Je vous le montre comme je l’ai croisé un soir, tristement remisé dans un coin de l’espace banlieue, je me demande si quelque voyageur ne lui avait pas emprunté son tabouret – ce qui expliquerait l’actuel enchaînement.

Les tabourets de bureau du hall Pasteur ne semblant pas cadenassés ils sont probablement taillés dans la masse. Un peu comme les pupitres adventice découverts cette semaine dans les déambulatoires haut-de-jardin de la BnF et dont je me demande bien combien ils ont coûté. Sans compter la peine qu’ils ont eu à trouver ce capitonnage écureuil du même bain que la moquette.

* Un grand principe de mes clichés du Montparnasse monde est que nulle âme qui vive n’y apparaît ou alors, accidentellement, le reflet de la preneuse d’images.

Filed under Montparnasse monde

Perte irréparable

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Je les entends d’ici les pleurs de l’enfant tiré si vigoureusement par la main hors du wagon de métro qu’il en lâche sa poignée de bonbons gélifiés qui ne trouvent rien de mieux à faire que d’aller se loger dans la rainure.

Et pas question de ramasser. Frites, oursons, billes multicolores perdus à jamais. “Je ne t’en rachèterai pas – même pas capable d’y faire attention – encore de l’argent fichu en l’air”.

Vies métalliques, rencontres avec Pierre Bergounioux

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Très heureuse de commencer mon année cinématographique 2013 en assistant à une projection en avant-première du documentaire de création d’Henry Colomer : Vies métalliques, rencontres avec Pierre Bergounioux, produit par A gauche en montant (raison sociale qui à tout pour me plaire). C’était au Club de l’Etoile, où je n’étais jamais allée mais que j’associais à certaines de mes lectures relatives à l’histoire du cinéma, biographies de cinéastes de la nouvelle vague en particulier, dans lesquelles il en est souvent question. Une très belle salle à l’italienne.

J’ignore tout des voies qu’empruntera la distribution des Vies métalliques,rencontres avec Pierre Bergounioux, film de 52′ (un format qui plait bien aux chaînes de télévision je crois), mais surtout, surtout, si vous êtes sensibles au métal, à la littérature et aux oeuvres – papier comme ferraille – de l’écrivain sculpteur de l’Yvette et de la Corrèze réunies, et si le film d’Henry Colomer passe à portée de vos yeux, ne manquez pas de le voir !

Pour l’alliage d’intelligence dans lequel se fondent, en grande complicité, chaque image du cinéaste et chaque mot de l’écrivain donnant à comprendre mieux ce “siècle de fer” au milieu duquel les deux hommes sont venus au monde. Et parce que la compréhension de ce temps en exige une “lecture métal” mobilisant de la poignée de clous de tapissier à la forteresse volante B 17 G ou aux chars JS 2, en passant par le plomb fondu des linotypes qui en transmettront l’histoire s’il reste quelqu’un pour l’écrire après la mitraille. Sans parler de l’âge d’or du machinisme agricole aujourd’hui à la casse.

Et pour nous, lectrices et lecteurs passionnés de l’écrivain Bergounioux également fascinés par son oeuvre de sculpteur, le plaisir de le voir à l’oeuvre, donner corps (de l’un de ces rebuts agrestes qu’il extirpe acrobatiquement – on en tremble – de leur enchevêtrement) à “une élégante”, en deux coups de scie à métaux et trois points de soudure. Film étincelant.

Sur le chemin du retour, me demandant bien comment illustrer mon billet – mon invitation est toute chiffonnée au fond de ma poche – le bonheur de croiser à Trocadéro cet escalator désossé qui fait parfaitement mon affaire avec ses pseudos bobines de film et jusqu’au repère “Haut gauche” en clin d’oeil aux productions “A gauche en montant”.

PS : Le viaduc des Rochers noirs (avec ses petits faux airs de pont de Brooklyn) filmé par Henry Colomer et expliqué par Pierre Bergounioux : quelle merveille !

PS bis : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici quelques uns :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

Filed under à chaud

Montparnasse monde new-yorkais sur les bords

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Soit cette enclave extraterritorialisée de la gare au droit des voie 9 voie 10, zone de  friction TGV/Transilien : hé bien, je ne l’avais jamais remarquée jusqu’à une date très récente. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Mais je ne dois pas être la seule à ne pas m’être aperçue de son existence puisque même en heure de pointe – à Grand Central ils diraient pick hour – je n’ai aucune peine à en réaliser des clichés sans âme qui vive. Pas même celle d’un moineau comme il en picore souvent sur ce genre de table dans la gare. Ceci pour dire s’il n’y a pas un chat.

Grand Central j’y ai plusieurs fois, pendant mon séjour d’octobre dernier à New York, pris le Metro North Hudson Line de 8:20 a.m. pour Tarrytown (c’était pick hour – j’aime bien cette expression – le billet aller coûtait quelques dollars de plus que le billet retour). A Tarrytown m’attendait une voiture qui m’emmenait à Sleepy Hollow (oui,vous avez bien lu : Sleepy Hollow) au Rockefeller Archiv Center. C’est très bien organisé : on vient vous chercher et on vous ramène à la gare en voiture pour le 5:57 p.m. arrivée à Grand Central 6:39 p.m. La nuit tombait juste à ce moment là.

Mais je n’ai jamais réussi à photographier Grand Central : c’est trop pour moi. Pas à ma petite mesure de montparnassienne. J’arrivais en avance, buvais one single expresso, explorais la gare avant de prendre mon train, me demandais ce que pouvaient bien avoir dans la tête les hommes alignés sur les fauteuils capitonnés surélevés se faisant cirer les chaussures par trois jeunes femmes et un jeune homme (plus le caissier) latinos en uniformes, gilet vert, pantalon ou jupe noir. Les clients, car je n’ai jamais vu que des hommes se hisser jusqu’aux fauteuils peut-être vrai cuir, uniformes costume sombre cravate ; journal, tablette numérique ou ordinateur sous les yeux. A Montparnasse on vous fait coupe-brushing sur cheveux propres dans une belle bulle beauté au niveau Celio, pour dix euros, mais on n’entretient pas vos souliers.

Quoi qu’il en soit, mon prochain café in situ, je le bois au Manhattan’Store : j’ai trop peur qu’ils ferment boutique faute de fréquentation suffisante.

Rappel s’il en était besoin ou pour les nouveaux venus : outre une série sur ce blogMontparnasse monde est aussi un livre paru aux éditions Le temps qu’il fait.

Décrochements berlinois

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Penser qu’à vivre dans ces maisons derrière les façades décrochées, forcément, notre vision du monde changerait

nos certitudes vacilleraient, nos raisonnements à angles trop droits gauchiraient

notre cartésianisme en prendrait un petit coup. Mais on s’habillerait pas cher, au décrochez-moi-ça, à Mauerpark.

A la scène pas comme à la ville

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Faites comme L’employée aux écritures : tournez la page.
La fin du monde n’a pas eu lieu, vous êtes déçu, ne laissez pas passer l’opportunité offerte par l’an neuf.
Entrez ici vous dépouiller de vos oripeaux du morne quotidien 2012

vous en ressortirez costumés chaussés coiffés fin prêts pour la grande scène 2013.
Confidence : moi j’ai toujours rêvé d’être Eleanor Powell et Fred Astaire. Mais il y a ce cauchemar récurrent :
le régisseur du théâtre me cherche partout en criant on stage, on stage et c’est pour un numéro de claquettes que je ne pourrai jamais exécuter à cause de mes semelles de crêpe et je n’ose pas le dire alors je me cache.
Pour 2013 je nous souhaite donc d’être Eleanor Powell et Fred Astaire.

Filed under variétés

Domestication des arbres en ville

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Dans cette ville, où je me trouvais hier, on ne badinait pas avec les arbres.

Tirés au cordeau et que rien ne dépasse

ou culottés de blanc.

Et ceux qui ne filaient pas doux on se passait de leurs services.

Pour Noël on avait d’ailleurs trouvé la parade.

Filed under utopiques

Souvenirs d’une exposition…

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qui ne sont pas des tableaux. Ranger un peu les photos faites en 2012 m’incite à partager cette série faite au musée de Nice cet été lors d’une visite de l’exposition Klein, Byars, Kapoor (maintenant terminée). Excellents choix d’oeuvres et juste une salle par artiste. Des trois, ce sont celles de Kapoor qui se laissaient photographier le plus aisément, mais je les ai toutes également aimées. Quelques jours auparavant nous avions visité l’exposition EXTRA LARGE, dite aussi XXL, à Monte Carlo, rassemblant des oeuvres monumentales des collections de Beaubourg, parmi lesquelles déjà une étonnante demi-sphère miroir d’Anish Kapoor. Très bon moment passé là aussi, mais sur le rocher on vous tient à l’oeil et pas question de rapporter de souvenirs personnels. Heureusement qu’à Nice il en allait autrement (et d’autant plus autrement qu’ailleurs dans le musée était exposée une oeuvre de Felix Gonzalez-Torres)

Questions repoussées sine die (sauf exceptions)

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Toutes ces choses que je n’ai pas eu le temps de faire en 2012 – et pourtant que de saines occupations (utiles pour la plupart), suggérées par des internautes qui y avaient pensé avant moi mais ne savaient comment s’y prendre pour

mastiquer des poutre de chemin de fer

aménager une pelouse avec du carrelage

reprendre le plafond placo suspendu qui s’affaisse

fabriquer un dépliant

planter des piquets en forêt

maçonner une belle cheminée en briques

acheter un canapé sur mesure pour angle obtus -

je m’en occuperai éventuellement l’année prochaine

mais trouver

quoi offrir à un homme qui a tout à moins de 300 €

et surtout

peindre des pommes de pin pour Noël

il est grand temps que je m’y mette pour être dans les temps.

Illustration  :  la maison à angle obtus qui attend le canapé sur mesure

Mains écrites comme pierres

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L’employée aux écritures n’est pas toujours lisible.

Craint de perdre la main.

Johann Hartlieb, Die Kunst Ciromantia, imprimé à Augsburg vers 1475 (Pierpont Morgan Library, New York)

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