Dans l’arrondi, entre rue Saint-Dominique et boulevard Saint-Germain, en lieu et place de ce si voyant magasin de chaussures pour enfants, tellement trop blanc, il y en a eu longtemps un autre qui, si je ne me trompe, avait pour seule enseigne “VETEMENTS POUR PAYS CHAUDS”. Il ne s’appelait pas autrement. Et de l’autobus 94 dans lequel je me trouvais allant à, ou revenant de, mon bureau alors situé du côté du boulevard Haussmann, j’en regardais les étalages, perplexe, me demandant à partir de quelle durée de séjour il devenait pertinent de se vêtir (sans aucun doute fort coûteusement) à cette adresse en vestes sahariennes, bermudas et autres chemisettes couleur sable aux plis impeccablement repassés et aux multiples poches. Poches de tous formats et sous toutes les coutures : à se demander s’ils les remplissaient toutes, une fois là-bas, les acheteurs de “VETEMENTS POUR PAYS CHAUDS”. J”ai rêvé ou les mannequins des deux sexes qui habitaient, étés comme hivers, légèrement vêtus, les vitrines de la boutique étaient coiffés de casques coloniaux ? En tout état de cause, je ne crois pas que dans la ville, à un autre coin de rue, il y ait jamais eu de magasin à l’enseigne “VETEMENTS POUR PAYS FROIDS”, ou alors pas sur le parcours de mes autobus habituels.
PS : le tout petit pan de mur jaune, sur la rue Saint-Dominique, extrême gauche du cadre à hauteur de la voiture grise, c’est le mur d’enceinte de l’hôtel particulier qu’habitait sous le Second Empire Caroline Brame, avec son père. Son journal intime a été publié en 1985, j’en avais rendu compte dans Le mouvement social. Je pense toujours aussi à elle et à son triste destin quand je passe par là.