L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for du XVIIIe siècle

Montbauron du nouveau (en allant au musée Lambinet)

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Depuis mon dernier passage rue Montbauron à Versailles, le long de la palissade métallique entourant l’ancienne annexe de la Bibliothèque nationale sur laquelle je fais une légère fixation, il s’est passé quelque chose.

Plus exactement quelqu’un ou quelqu’une est passé

ne se contentant pas comme moi de photographier systématiquement le cadre vestige de l’affichette annonçant la fermeture du lieu le 5 avril 1997. On notera que trois punaises sur quatre résistent, celle du coin inférieur droit ayant lâché prise depuis ma photographie du 11 février dernier, après 26 ans de bons et loyaux services.

J’étais en chemin vers le musée Lambinet et ses collections XVIIIe siècle où m’attendaient Louis XV et la comtesse du Barry, tout droit sortis de la manufacture de céramique de Sèvres et non échappés d’un film récemment projeté en ouverture du festival de Cannes.

Mais à propos d’écran, visitant le musée réouvert depuis peu après une belle rénovation, je me suis souvenue des mots de Louis-Sébastien Mercier que j’avais cités ici-même le 2 octobre 2010 (car L’employée aux écritures a de la suite dans les idées)

pour nous bientôt nous ne lirons plus que sur des écrans

en découvrant l’aménagement du salon de l’appartement XVIIIe et son écran de cheminée – l’un de ces écrans parfois illustrés auxquels faisait allusion l’auteur du Tableau de Paris – signé, comme les fauteuils, Jean-Baptiste Claude Sené (Paris, 1748 – 1803), bois sculpté et soie jaune, m’enseignait le cartel.

La harpe, elle, étant l’oeuvre de Jean-Henri Naderman (Fribourg, 1735 – Paris, 1799), bois sculpté et doré à deux tons, décoré de vernis Martin.

mai 29, 2023

Invitée à un 250e anniversaire à Versailles

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Un peu d’auto-promotion : samedi 11 février, de bon matin, je parlerai d’éducation des filles au XVIIIe siècle, au lycée Hoche à Versailles, dans le cadre du 250e anniversaire de la clôture du couvent de la Reine. Parce que le lycée Hoche occupe les bâtiments que Marie Leszczynska avait fait construire pour y installer des religieuses augustines de la congrégation Notre-Dame aux fins d’y enseigner les petites Versaillaises. Dans les beaux murs élevés par Richard Mique, les soeurs de la congrégation Notre-Dame, enseignantes par vocation, recevaient des élèves pensionnaires et des écolières externes.

Je suis doublement émue par cette invitation, d’une part parce que cela fait 40 ans tout rond ces jours-ci que j’ai soutenu ma thèse “L’éducation des filles à Paris au XVIIIe siècle” (devenue un livre sous le titre L’éducation des filles au temps des Lumières) et que je n’imaginais pas, le jour de ma soutenance, que 40 ans plus tard je serai encore sollicitée sur ce sujet.

Et d’autre part parce que, alors que que j’en ai parlé en bien des lieux, c’est la première fois que j’en parlerai in situ : dans un établissement d’enseignement féminin des Lumières.

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fév 9, 2023

D’une épidémie l’autre : Paris juillet 1782

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Le volume 7 de la publication du journal tenu par le libraire parisien Siméon Prosper Hardy de 1753 à 1789 sous le titre Mes loisirs ou journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance, vient de paraître chez Hermann. Il s’agit d’une édition pour la première fois intégrale du manuscrit à laquelle j’ai le bonheur de collaborer. Les volumes papier sont accompagnés d’un site internet mettant à disposition les index. Ce septième volume porte sur les années 1781 et 1782, et justement, en 1782 :

Du vendredi cinq juillet : Espèce d’épidémie répandue à Paris après avoir circulé dans l’Europe.

Ce jour une maladie qu’on prétendoit avoir circulé dans presque toute l’Europe, que les uns appelloient la Coquette du Nord, comme ayant commencé par la Russie, d’autres la Générale, et d’autres encore, la Royale ou la Lévite ; consistant en rhume, mal de gorge et fiebvre, mais qui par bonheur n’étant pas intraitable, moissonnoit peu d’individus, se faisoit sentir dans notre capitale, au point qu’il n’existoit pas, pour ainsi dire, de maison où l’on n’entendît quelqu’un se plaindre d’en être tourmenté. Bien des gens avoient l’esprit frappé qu’une sorte de contagion se répandoit dans l’air et portoient en conséquence par précaution des gousses d’ail dans leurs poches. Parce qu’ils avoient entendu raconter, qu’il étoit entré dans un de nos ports de mer un vaisseau empesté dont les marchandises vendues sans qu’on s’en fût apperçu, avoient porté l’air contagieux en différents endroits. On asseuroit aussi que l’épidémie étoit devenue considérable à l’Hôtel-Dieu, ainsi que dans la prison des galériens dite de la Tournelle size porte Saint Bernard, où il venoit de mourir en peu de jours dix-neuf personnes du charbon, parmi lesquelles se trouvoit même compris le concierge de la dite prison ; comme on prétendoit encore que dans les collèges de Louis le Grand et de Montaigu où nombre de jeunes gens étoient pris de la maladie courante, il avoit été fait dans une chambre où ils étoient plusieurs réunis une expérience pour s’asseurer de la nature de l’air, d’après laquelle on avoit acquis la certitude qu’il étoit effectivement malfaisant et contagieux.

Du dimanche quatorze juillet : Continuité et progrès du rhume épidémique surnommé, la Carmélite ou l’Influence : comment on traitoit les personnes qui en étoient attaquées.

Ce jour le rhume épidémique qui après avoir successivement tourmenté les habitants de la Russie, ceux de la Suède, du Dannemarck et de la Pologne, enfin ceux de l’Italie et de l’Angleterre circuloit en France depuis quelque tems, continuoit de parcourir tous les états dans notre capitale, et de s’y reposer sur presque toutes les têtes, au point que dans une seule famille, dans une seule maison, on trouvoit journellement plusieurs membres devenus ses tributaires, et que ceux qu’on avoit vu la veille triompher et se vanter de n’être pas encore rangés, parmi les infirmes à la mode, étoient tout étonnés de se voir le lendemain frappés à leur tour. Cependant un fort petit nombre de personnes parmi lesquelles on en citoit quelques unes qu’on avoit saignées, étoient jusqu’à ce moment devenu ses victimes en payant à la nature le dernier tribut. On se tiroit d’affaire le plus ordinairement en buvant de l’eau de Bourache avec du miel, en faisant diète et en provocquant la sueur ; quelque-fois aussi en prenant l’air et se promenant beaucoup à l’instigation des médecins. Les gens de travail, d’un tempérament vigoureux se bornoient à employer le vin et le succre, restant vingt-quatre heures au lit, quelques uns même ajoutoient la canelle et la muscade. Le nom actuel de ce rhume singulier et de nouvelle espèce, car déjà il en avoit porté plusieurs, comme on l’a vu plus haut article du 5 du présent mois de juillet, étoit la Carmélite, ou l’Influence. On rapportoit que cette maladie donnoit lieu à une telle consommation de bourache qu’on avoit vu vendre à la halle jusqu’à quinze louis une voiture chargée de cette plante.

Et le 25 juillet Siméon Prosper Hardy nous apprend encore que le sieur Lenoir conseiller d’Etat, lieutenant général de police, venoit de suspendre ses audiences pendant trois jours, ayant été attaqué comme le plus grand nombre des habitans de la capitale de l’épidémie intitulée la Coquette du nord [...]

TOUTE RESSEMBLANCE ETC semble assez pertinente, sauf sur le point des remèdes conseillés sans garantie aucune d’efficacité, et même à ne risquer en aucun cas quand il s’agit de se promener beaucoup. N’en faites rien ! RESTEZ CHEZ VOUS ! Et en attendant de retrouver vos libraires et bibliothèques favorites, allez donc jeter un oeil sur le manuscrit de Prosper Siméon Hardy grâce à Gallica, la meilleure amie des jours confinés.

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mar 19, 2020

Suspense (et déconvenue) en Archives

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Soit une journée passée cette semaine dans la salle de lecture si agréable des Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine ; on y travaille vraiment très bien une fois atteint par la ligne 13 du métro le terminus Saint-Denis université. Les Archives sont à quelques minutes à pied de la station. C’était mercredi et j’avais réservé à l’avance diverses cotes ayant trait à mes deux chantiers en cours. L’un personnel sur les chercheuses et chercheurs de la Caisse nationale des sciences (ancêtre du CNRS) dans les années 1930, l’autre collectif, l’édition du journal du libraire parisien Siméon Prosper Hardy (le septième volume portant sur les années 1781-1782 est annoncé pour décembre aux éditions Hermann).

C’est pour celui-là que j’avais commandé la cote F/22/1034, relevant des archives de l’administration des tontines et de la Caisse Lafarge (1791-XIXe siècle) et correspondant plus précisément au “Fichier des propriétaires d’actions sur têtes françaises”. J’avais repéré que parmi ces propriétaires figuraient des “Hardy” dont l’inventaire ne précisait pas les prénoms ; Siméon Prosper étant mort en 1806, il avait eu le temps de placer quelques économies dans cette banque-caisse d’épargne. Ne sachant quasiment rien de sa vie entre l’arrêt de son journal le 14 octobre 1789 et sa mort le 16 avril 1806, l’investigation méritait d’être menée.

J’ai d’abord été intriguée par le format du carton d’archives, je n’en avais jamais pratiqué de cette forme beaucoup plus cubique que les boîtes  ”Cauchard” habituelles, plus plates et franchement rectangulaires.

Etonnée encore, ficelle dénouée et couvercle soulevé, de découvrir à l’intérieur, rangés verticalement, ce qui ressemblait à quatre livres à vieilles reliures, chacun protégé par un cartonnage léger.

Le cartonnage épluché, apparaissait une reliure en mauvais état, maintenue par une sangle aux deux picots de fermeture rouillés, qui ne devait pas être ouverte tous les jours.

J’ai compris, lisant les inscriptions sur le dos que les quatre reliures découpaient l’ordre alphabétique et j’ai cherché le volume renfermant la lettre H ; il irait jusqu’au N.

Et une fois la sangle aux picots rouillés défaite, il s’agissait bien d’un fichier et non d’un livre, les fiches nominatives étant soigneusement empilées et serrées à l’intérieur de la reliure. Malheureusement, aucun des trois Hardy épargnants n’était prénommé  Siméon Prosper ; celui qui m’attendait sur le dessus de la pile était un Jean Baptiste Louis. Raté. Coup d’épée dans l’eau.

Avant de ranger soigneusement les quatre reliures et leurs protections dans le carton cubique, je suis allée voir ce qu’il en était tout à la fin du Z et j’ai découvert que dans la dernière tranche alphabétique on avait astucieusement glissé une petite ficelle traversant tout le paquet de fiches, renforcée d’une rondelle cartonnée, évitant un fastideux travail de reclassement au cas où celui-ci échapperait des mains d’un maladroit. Sage précaution et même principe que la tringle transperçant les fiches 75X125 des fichiers à tiroirs en bois ciré de nos débuts.

nov 10, 2019

Grand art perdu de la rature

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Les outils de L’employée aux écritures épargnent à ses lecteurs la vision de ses repentirs, ce n’est pas comme pour le notaire parisien Théodore Girardin dont les minutes rédigées à la plume proposent, en l’espace des deux mois (août-septembre 1781) que j’ai consultés cette semaine, d’infinies variations de ratures. Théodore Girardin officiait rue de Bourbon (aujourd’hui d’Aboukir, Paris IIe arrondissement), près du lieu dit “Les petits carreaux” et les minutes de son étude sont conservées aux Archives nationales sous les cotes MC/ET/XV/939 à 2006.

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oct 6, 2018

Au petit bonheur des “Annonces, affiches et avis divers” dans le Paris des Lumières

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Toujours grand plaisir à l’immersion dans le quotidien des Parisiennes et des Parisiens du XVIIIe offerte (sans avoir besoin de coiffer un casque de réalité virtuelle) par la simple lecture des Annonces, affiches et avis divers disponibles sur Gallica pour les années 1752 à 1778, (sauf 1767, 1770 et 1777). Ce que l’on cherche à vendre, ce que l’on cherche à acheter (biens immobiliers ou effets mobiliers), les objets perdus que l’on voudrait retrouver, les charges, rentes et offices convoités, les emplois offerts ou demandés, les nouveautés commerciales, le cours des changes, les enterrements, aussi bien que le tirage de la loterie ou les spectacles à l’affiche, allez-y faire un tour et vous saurez tout cela. Avec du nouveau deux fois par semaine : la feuille périodique paraît les lundis et les jeudis.

Ce qui me frappe et me réjouit comme je dépouille quelques numéros – les mois de mars et octobre 1768 et la dernière semaine de décembre 1778 pour être précise -, c’est, en moins de trois mois donc, la grande variété des types de véhicules rencontrés sur le marché de l’occasion. Je ne résiste pas à la tentation de les lister. Si certaines appellations me parlent, d’autres me sont moins familiers. Ce qui est certain c’est que pour se transporter, ou plutôt se faire transporter, l’embarras du choix n’était pas mince puisque vous pouviez choisir entre

une berline

une berline à la française

une berline de campagne

une berline de campagne à l’allemande

une berline de ville

un berlingot*

un cabriolet

un cabriolet à l’anglaise

un cabriolet de voyage

un cabriolet du matin

un cabriolet en solo

une calèche de voyage

une chaise de famille à quatre places

une chaise de poste à la milanaise

une chaise de poste à ressorts à l’écrevisse

une désobligeante**

une désobligeante à ressorts

une désobligeante à timon et limonière

un diable en calèche***

une diligence

une diligence à la française

une diligence de campagne

un trois-quarts

un vis-à-vis à la polonaise

une voiture anglaise

une voiture anglaise à flèche

une voiture de provisions

autant de modèles souvent spécifiés de hasard : entendez par là que vous ferez en les achetant une bonne affaire.

Je vous fais grâce de la variété des garnitures intérieures, les velours, cramoisi, gris, jaune ou vert, d’Utrecht ou de Venise, bleu et blanc à petits bouquets ou à ramages, comme je vous fais grâce des précisions sur le bon état des véhicules mis en vente, le meilleur étant probablement ce cabriolet qui n’a fait que le chemin de Versailles à Paris qu’une seule fois. Pour se renseigner sur celui-ci, dont on aimerait savoir quelle désillusion ou déconvenue a conduit à s’en défaire si vite après un aller simple de la cour à la ville, on s’adressera à M.Dulot, à l’hôtel Saint-Louis, rue des Grands Augustins.

* Berlingot : Berline coupée. On dit plus ordinairement Brelingot. (Dictionnaire de l’Académie française, 4e édition, 1762)

** Désobligeante : Sorte de voiture étroite qui ne peut contenir que deux personnes. (Dictionnaire de l’Académie française, 6e édition, 1835)

*** Diable en calèche : inconnu au bataillon des dictionnaires auxquels je me réfère.

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juil 23, 2018

En passant par la rue Poulletier

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Passant hier par la rue Poulletier, dans l’île Saint-Louis, pour rejoindre sur le quai d’Anjou l’hôtel de Lauzun où se tenait le colloque Paris et ses peuples : sociabilités et cosmopolitismes urbains au siècle des Lumières, au numéro 5 bis, je repère cette porte verte, peinte de frais,

et m’émeut en déchiffrant l’inscription au fronton, Dieu merci conservée,

parce que les écolières de la charité de la paroisse Saint-Louis-en-l’Ile et leurs maîtresses (des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, dans la place depuis 1658), je ne connais qu’elles. Je les ai tellement fréquentées, à fureter dans leurs archives, quand j’écrivais ma thèse sur “L’éducation des filles à Paris au XVIIIe siècle” ! Il était 9 heures du matin quand j’ai pris ces photos et je n’ai croisé personne, ce n’était par leur heure : les écolières de la charité venaient là de 8 à 11 le matin et de 2 à 4 l’après-midi en hiver, de 2 à 5 en été. Un décalage horaire saisonnier pour ne pas livrer les fillettes à la nuit trop noire. Principe de précaution (déjà).

Deux classes dans l’école : La première sera composée d’enfants d’environ sept ans et au-dessous auxquelles on apprendra les éléments du catéchisme, à connaître les lettres, à épeler et à former les lettres. La deuxième des filles au-dessus de cet âge, dans laquelle on apprendra le catéchisme, à lire en français et en latin, à écrire et à compter tant aux jetons qu’à la plume. Un programme, édicté par le Règlement pour l’école de charité des filles de Saint-Louis-en-l’île imprimé chez Josse en 1713, auquel souscrit le curé de la paroisse quand il demande à la maison mère des Filles de la Charité de lui envoyer une nouvelle institutrice : J’espère que vous nous choisirez une fille habile et entendue, qui puisse montrer à nos enfants la lecture et l’écriture avec l’arithmétique pour les pouvoir apprendre à compter et à jeter. Je ne vous parle pas de catéchisme et des instructions chrétiennes car vous savez bien que c’est ce qui doit marcher avant toutes choses (1716, AN S 6160).

Quant aux fillettes, même si le Règlement, en son article IX, précise On ne recevra à l’Ecole de charité que les filles des Pauvres et les écolières seront exclues lorsque les parents auront le moyen de les mettre aux autres écoles qu’à celle de Charité ce ne sont tout de même pas les plus démunies du quartier : tout simplement parce qu’il faut que la subsistance familiale puisse se passer, au moins temporairement, de l’appoint du menu gain d’un travail enfantin.

Je n’avais pas l’usage quotidien de la photographie, qui est devenu le mien grâce aux prodigieux outils dont nous disposons désormais, quand je travaillais sur ma thèse. Aussi, les traces dans la ville des lieux que je visitais alors “en archive” je ne les ai jamais collectées. Mais il n’est pas trop tard pour le faire et la prochaine fois que je passe à l’angle des rues de Vaugirard et Bonaparte, je photographie les quatre colonnes du jardin des filles de l’Instruction chrétienne que j’ai à l’oeil depuis longtemps.

Additif : la porte avant repeinture est à voir dans le billet Oublier Paris #69, complément, savamment illustré comme toujours, de Piero de Belleville que L’employée aux écritures remercie et félicite pour son espièglerie.

mai 20, 2017

Solitude de Condorcet, quai Conti, Paris 6e

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Pauvre Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794), cerné d’algécos et de palissades de chantiers qui l’affichent mal. Je me suis émue de son triste sort l’autre matin, au presque encore petit jour quand l’autobus 27 s’est obstiné à faire son Terminus Pont-Neuf et que j’ai continué à pied pour gagner la galerie Vivienne.

Cruelle mise en quarantaine posthume quand ses contemporains ne lui ont déjà pas fait de cadeaux. L’historienne de l’éducation des filles que je demeure (en dépit parfois des apparences) éprouve quant à elle une admiration certaine pour ce penseur des Lumières. Son Nouveau plan d’Instruction Publique présenté à l’Assemblée Législative le 20 avril 1792 est bien le seul plan d’éducation révolutionnaire revendiquant la mixité de l’enseignement au nom de l’égalité des sexes. Egalité évidente pour Condorcet et source, dès 1790, de son discours Sur l’admission des femmes au droit de cité. C’est dire si, de son vivant tristement abrégé, avec des idées pareilles Condorcet a suffisamment souffert de la solitude… Les algécos c’est trop.

Je m’aperçois que L’employée aux écritures éprouve une certaine fascination pour les algécos, si vous la partagez vous en trouverez d’autres sur le blog ici et .

jan 27, 2014

Siméon Prosper Hardy, homme de saison

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L’employée aux écritures collabore (dans le cadre de sa vie de bureau) à l’édition du journal que le libraire parisien Siméon Prosper Hardy a tenu de 1753 à 1789. Tâche de longue haleine unissant les efforts d’historiens des deux côtés de l’Atlantique, à Paris et à Montréal. Les quatre premiers volumes sont parus – le quatrième pas plus tard que la semaine dernière – aux éditions Hermann. Au total il y en aura douze, ce qui devrait nous mener vers 2017 pour le point final. Des index consultables en ligne complètent les volumes papiers comportant chacun une substantielle introduction thématique.

Siméon Prosper Hardy a donné un très joli titre à son journal

et parmi ces événements, mêlant allègrement aux affaires politiques et religieuses, les faits divers aussi bien que les transformations architecturales et urbanistiques de sa ville qu’il observe en parisien curieux, assez souvent revient le temps qu’il fait.

Comme je relisais hier et indexais géographiquement le texte du volume 6 (1779-1780),  les considérations météorologiques désolées du libraire au printemps 1780 résonnaient au diapason des propos que l’on n’en finit plus d’échanger ces jours-ci à propos de la pluie plus que du beau temps. Lisez plutôt :

Lundi permier mai 1780. Orage assez considérable. Entre six et sept heures du soir, comme il avoit fait assez chaud pendant toute la journée, un orage considérable se déclare par de violens éclairs, et des coups de tonnerre très fréquents, il tombe aussi beaucoup de pluie, mais cet orage qui malheureusement s’étend au-delà de la capitale cause beaucoup de dommage dans les environs de Vincennes, Fontenay, Nogent, Montreuil &c. &c. par la perte qu’il occasionne des fruits et des légumes de toute espèce. La dame veuve Lemercier libraire de Paris, propriétaire d’une seule maison très belle size au village de Nogent où elle se trouvoit même alors avec compagnie, éprouve un dégât qu’on faisoit monter à la somme de six cents livres en carreaux de vitres et cloches de jardin, dégât qui avoit été opéré, disoit-on, en moins de [sic] demi-heure par l’impétuosité du vent et la force d’une pluie mêlée d’une grêle grosse comme des œufs de pigeon.

Lundi 8 mai 1780. [...] il pleuvoit presque chaque jour du présent mois de mai comme il avoit plu pendant tout le cours du précédent mois d’avril […]

dimanche 4 juin 1780. Deux orages consécutifs occasionnés par une chaleur considérable. Ce jour vers six heures du soir après huit à neuf jours d’une chaleur aussi considérable que celle qu’on eût pu éprouver dans la plus forte canicule, le baromètre ayant atteint jusqu’au trente neuvième degré et comme par suite d’un autre orage qui avoit commencé la nuit précédente entre deux et trois heures du matin ; le tonnerre accompagné d’éclairs et d’une pluie assez considérable gronde pendant plus d’une heure et tombe sur l’hôtel de Mr le procureur général du Parlement rue de la Planche fauxbourg St Germain. Entré par une antichambre et les gens effrayés s’étant sauvés dans le cabinet, le tonnerre les y ayant suivis avoit soi-disant brûlé toutes les pièces d’un seul procès. On entendit dire aussi qu’il étoit tombé au village de Montrouge près Paris, où il n’avoit causé d’autre dégât que de déraciner un grand et gros arbre, et encore qu’à Dourdan et dans les environs de cette petite ville le même orage avoit tout dévasté et qu’il n’y restoit plus absolument rien sur terre.

Rien de bien nouveau sous le (non) soleil d’avril mai juin.

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juin 22, 2013

La rentrée au rayon histoire

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Je repasse ce billet en une : le livre est fabriqué, je suis passée en prendre deux exemplaires chez l’éditeur en rentrant hier soir. Il est agréable à regarder et à manier, à lire aussi j’espère.

La librairie Entre les lignes, 167 avenue Jean-Jaurès à Clamart, à deux pas de ma porte, m’invite à en parler samedi 15 octobre à 16 heures. Rejoignez-nous, on pourra aussi évoquer mes livres moins académiques…

L’employée aux écritures fait sa rentrée non pas au rayon littérature mais au rayon histoire. Comme il y a longtemps puisque le 13 octobre le livre issu de ma thèse de troisième cycle L’éducation des filles au temps des Lumières, qui était devenu introuvable, sera à nouveau en librairie (au prix abordable de 10 euros) repris dans la collection de poche de CNRS Editions, en coédition avec le Cerf son éditeur de 1987. Avec mises à jour légères de la  préface de Daniel Roche et de la bibliographie : le sujet n’a guère été retravaillé à une échelle comparable depuis mon écumage des archives des écoles de filles parisiennes avant la Révolution.

Grand bonheur à voir ce livre revivre puisque j’espérais ardemment sa réédition, sous une forme ou sous un autre, depuis que l’ouvrage était épuisé. J’en arrivais à imaginer le scanner moi-même page à page pour le mettre en ligne sur mon site tellement je trouvais son indisponibilité absurde. Quand ils n’avaient pas été reliés les exemplaires de certaines bibliothèques universitaires atteignaient un état de décomposition assez avancée.

Le tableau peint vers le milieu du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Marie Pierre La maîtresse d’école (conservé au musée d’Art et d’Histoire d’Auxerre) qui figurait en vignette sur l’édition originale passe en illustration de couverture pleine page du poche ce dont je me réjouis parce qu’il reflète parfaitement la large acception sociale dans laquelle le sujet est traité. La maîtresse représentée enseigne selon toute vraisemblance dans une institution charitable ou hospitalière. A noter, sur la peinture de Pierre, la présence d’une troisième fillette un peu en retrait absente du recadrage.

Depuis l’achèvement de ma thèse, mis à part les synthèses proposées au tome 3 -, XVIe-XVIIIe siècles – de l’Histoire des femmes en Occident dirigées par Michelle Perrot et Georges Duby (publiée en 1991 et 2002) et à la revue Historiens & géographes (n° 393, 2006), mes travaux autour de l’éducation des filles au XVIIIe siècle ont porté sur des questions spécifiques, comme sur l’apport de correspondances féminines amicales pour l’approche d’éducations familiales aristocratiques ou bourgeoises – cas de Geneviève Randon de Malboissière d’une part et de Manon Phlipon d’autre part (article sur cette dernière qui paraîtra à l’automne dans  Histoire et civilisation du livre, t. VII) – ou tout récemment sur l’éducation musicale (il y aura parution également, je ne sais pas quand).

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juil 17, 2011

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