L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for variétés

Glissements progressifs des au-revoir dans le langage courant

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Longtemps un simple “au-revoir” a accompagné au quotidien nos séparations. Pour les grandes occasions et autres fins de joies collectives (à fuir) il y avait cette chanson tire-larmes disant que ce n’était qu’un au-revoir mes frères etc. et nous regardions de travers ceux qui usaient du grandiloquent “adieu”. Et puis est venu le temps du “à bientôt” : on commençait à ne plus supporter de se séparer sans fixer un terme à la séparation. Le “à bientôt” s’est dit et écrit partout, dans toutes les formes de congés que l’on prenait les uns des autres. Mais “bientôt” c’était encore un peu loin, alors s’est imposé, avec la même universalité des supports, le “à très bientôt”, plus rassurant. J’ai constaté, ces derniers temps, que le “à très vite” qui rapproche encore le terme des retrouvailles progresse à grand pas. “A très vite” permet de partir chacun de son côté tout en restant quelque part attaché à l’autre (un peu le principe de la balle de jokari au bout de son élastique qu’on ne risque pas de perdre). Je me demande de quoi nous avons tellement peur à chaque fois que nous nous quittons et quelle sera la prochaine formule qui exprimera l’insupportable de toute séparation, fût-elle la plus brève. Deviendrions-nous une espèce de plus en plus grégaire ?

juin 3, 2017

Des goûts, des couleurs et de la vie conjugale

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Je ne sais si c’est un effet de mon mauvais esprit mais entre les lignes de ce cartel je crois lire comme l’écho d’une revanche ; une petite victoire posthume qui n’empêchera personne de dormir. Monsieur et Madame n’auraient jamais été d’accord en matière de décoration d’intérieur et Madame aurait enfin eu le dernier mot. En l’occurence emporté le morceau de taffetas broché. De leur vivant-même Monsieur et Madame faisaient chambre à part : chacun sait que des goûts et des couleurs… Quant à la correction de l’expression, il me semble que “décorée par Madame après la mort de celui-ci” aurait été moins ambigu.

Filed under variétés
mai 22, 2017

Changer de disque (et de saphir)

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33 tours ? 45 tours ? 78 tours ? Ce drôle de disque, qui a du cran, m’en rappelle d’autres et le petit cylindre qu’il y avait lieu d’adapter au milieu du tourne-disques, chapeautant le gros poste de radio, quand on passait d’un coûteux 33 tours à un 45, plus abordable, autorisant donc quelques choix musicaux plus audacieux que Les Plus Belles Valses Viennoises sous la baguette de Franck Pourcel. Souvenir aussi du saphir, du soin fou qu’il convenait d’en prendre : enlever régulièrement la petite pelote de poussière qui ne manquait pas de s’y accrocher, parasitant l’écoute ou provoquant la glissade incontrôlée du dispositif jusqu’au coeur de l’étiquette Disques Barclay sans rien donner à entendre au passage. Soin d’autant plus nécessaire que le prêt des disques par la discothèque annexée à la bibliothèque municipale était conditionné à la présentation, une fois l’an pour inspection, de la pierre précieuse enchâssée dans son bout de bras. Mal commodément dévisser, envelopper, apporter, montrer, rapporter, revisser. On allait pas nous croire seulement sur notre bonne parole qu’on changeait bien de saphir tous les six mois. Effroi absolu quand, les disques convoités obtenus, emprunts ou achats, la maladresse de la pose du bras articulé conférait au saphir un mouvement perpétuel d’inanité sonore ; raclant la fine tranche de la galette noire, il n’embrayerait jamais sur le sillon porteur de notes. Bondir vers l’appareil, soulever, reposer encore plus délicatement, si possible se postant les yeux juste à hauteur du mécanisme, et Dario Moreno de nous transporter à Rio, au paradis, ou de nous regarder danser. Certains en lieu et place du saphir disposaient d’un diamant mais nous n’étions pas si riches.

fév 9, 2017

Opus 500 et jour de l’an

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Pour célébrer, d’une pierre deux coups, son cinq-centième billet (par temps de grande paresse blogueuse) et le premier jour d’une année nouvelle, bonne fille, L’employée aux écritures vous décroche la lune et ses cratères. Je mentirais si je prétendais que nous partîmes 500 mais que par un prompt renfort etc. puisque les statistiques de visites du blog loin d’avoir jamais affiché de tels sommets tutoieraient plutôt les abysses (*), mais grand merci (et bonne année) à la poignée de fidèles de L’employée que l’intermittence de ses écritures ne décourage pas de passer voir de temps en temps s’il y a du neuf…

(*) Très heureuse toutefois que les billets les plus lus demeurent, année après année, ceux dans lesquels il est question de jonquilles, de Gif-sur-Yvette, de ferrailles, de carnets de notes et donc, vous l’aurez reconnu, de Pierre Bergounioux.

jan 1, 2017

Photographie de grand jour pour célébrer son jour

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Twitter m’apprend qu’aujourd’hui c’est la #JournéeMondialeDeLaPhotographie autrement dite #WorldPhotoDay. Soit. C’est aussi la veille de mon départ en vacances tardives mais avant de boucler mon sac à dos montagnard je ne demande pas mieux que de célébrer cet art que j’apprécie chaque jour de l’année. Et je ferai d’une pierre deux coups, rendant du même mouvement hommage à la sculptrice Louise Bourgeois avec cette photo que j’ai prise à Bilbao le 16 juillet dernier quand je suis allée visiter l’impressionnante exposition que lui consacre jusqu’au 4 septembre le non moins impressionnant musée Guggenheim que je découvrais à cette occasion.

Donc une photo de l’araignée dite Maman, de Louise Bourgeois (oeuvre qui, elle, est à demeure à Bilbao) à l’ombre du ventre de laquelle, par cette journée de soleil ardent, chacun, chacune, cherchait protection.

Et Maman de porter si bien son nom que Louise, de les voir tous, en aura malicieusement souri.

août 19, 2016

Désertion du maçon

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Il resterait encore beaucoup à construire, à consolider, à parfaire.

Gros oeuvre et finitions, entreprendre, restaurer.

Avant l’hiver.

Le maçon a posé sa truelle trop tôt, découragé, vaincu par la tâche.

Bilan déposé, rayé du registre et de la carte.

Porte laissée ouverte, comme une invite,  mais personne n’a repris la taloche.

Dans l’auge, le plâtre, séché.

Et puis le chiendent qui pousse autour, partout, envahit.

Même pas sûre, pourtant, que nos maisons soient hors d’eau.

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jan 3, 2016

Servir d’appâts

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Quatre posées là, bien rangées, quatuor inconséquent, sans têtes,

guère plus de jugeote,

quatre qui s’entêtent sous ma fenêtre à attendre qu’on les apprête,

que le marché dictant sa loi les étourdisse, les éblouisse, qu’enfin vienne leur tour de servir d’appâts.

oct 21, 2015

L’air de rien

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L’air urbain

(l’air de rien)

je le respire mieux

et plus goulûment

que le grand air

de la vie au grand air

- sans parler

des Grands Airs de certains

que je ne peux

tout bonnement

pas sentir (ni entendre).

Filed under variétés
oct 17, 2015

Cinquante ans de petite bibliothèque ronde

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J’ai passé un beau samedi, hier, à fêter les 50 ans de la Petite bibliothèque ronde de Clamart. J’étais invitée à rejoindre les enfants et leurs familles qui la fréquentent aujourd’hui, ainsi que l’équipe qui l’anime aux côtés de Marion Moulin depuis 2014, parce qu’au premier jour de son ouverture, en octobre 1965, j’étais déjà là, impatiente d’en pousser la porte, du haut de mes presque 10 ans.

Belle et émouvante occasion de revenir en ce lieu qui a tellement compté comme je l’évoque dans le petit chapitre “Bibliothèque” d’Atelier 62. Grand plaisir à retrouver là, 50 ans après, les premières bibliothécaires qui nous y ont accueillis, nous ont ouvert un monde un peu plus vaste que celui de notre cité de la Plaine, nous ont fait confiance pour faire vivre avec elles un lieu dont l’extrême qualité de la conception, notamment architecturale, reste intacte. Etaient présentes hier Geneviève, qui dirigeait la bibliothèque alors de “La joie par les livres ” – du nom de l’association réunie autour du projet – fou – de la mécène Anne Gruner-Schlumberger, ainsi que Lise et Christine qui l’entouraient en un rayonnant trio.

Présents aussi d’autres lectrices et lecteurs de la première génération, en particulier Dominique, Patrick et Michel avec lesquels j’ai partagé, entre ces murs arrondis, tant de samedis après-midis occupés de clubs de lecture ou de théâtre ou encore de la mise au point du prochain journal. Retrouvailles avec le sentiment que nous nous sommes quittés la veille… Et tous les quatre de constater que ce que nous faisions aujourd’hui n’était pas sans lien avec les découvertes faites ici.

L’anniversaire était aussi l’occasion de découvrir le film réalisé par le jeune cinéaste Kaspar Vogler, La bibliothèque est à nous, qui a partagé le quotidien de la Petite bibliothèque ronde au printemps 2015, mais est aussi revenu, archives et entretiens aidant, sur son demi-siècle d’existence. Un beau film grâce auquel nous “les anciens” avons découvert combien aujourd’hui la bibliothèque était largement ouverte, au-delà des enfants, aux familles de la cité, et comment ses livres avaient été rejoints, dans une complémentarité intelligemment pensée et accompagnée, par les outils numériques indispensables à la lecture du monde d’aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas de faire aussi pousser des radis dans le jardin : c’est cela l’esprit du lieu.

Un film engagé, parce que, malgré son impérieuse nécessité pour les habitants du quartier, l’existence de la bibliothèque a connu des jours sombres – notamment une fermeture en 2006 – et en connaît encore du fait, notamment, de lourds travaux rendus nécessaires par l’âge du bâtiment dans un contexte peu propice à la pérennisation des idéaux sociaux et humanistes des années 1960. Souhaitons au film la meilleure diffusion possible et qu’il devienne à son tour archive incontournable quand on célèbrera le centenaire de la Petite bibliothèque ronde.

Filed under variétés, à chaud
oct 4, 2015

Pas sur la route du Tour

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N’ont pris place sur la ligne de départ

celui à qui l’on peut écrire

celui qui se hausse du col

celui qui préfère prendre le métro avec sa provision de Metrocards

celui qui ne peut s’absenter : il vous livre en 24h chrono

celui qui se passe de commentaire

ni celui qui est allé droit dans le mur

rue des Boulangers, Paris, Ve arrondissement, et ne lâchera rien.

juil 5, 2015

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