le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Voilà que je m’avise que certaines des grilles qui encerclent les pieds de nos arbres urbains sont maintenues en place par des agrafes métalliques XXL donc sans commune mesure avec celles qui lient certains de mes feuillets quand j’estime nécessaire d’éviter leur dispersion. Quitte à devoir recourir à une petite pince à deux dents pointues pour les désolidariser les uns des autres le jour où je souhaite les introduire dans une photocopieuse.
Certes, de simples points de sutures à l’aiguille avec du fil se résorbant de lui-même, comme ceux rapprochant les bords de nos cicatrices réparables, ne sauraient suffire pour parer à tout risque de voir les arcs de grilles enserrant les troncs de nos platanes embarqués par quelques passants intentionnés à les projeter sur Dieu sait qui.
Des agrafes donc, mais je m’interroge sur le type d’agrafeuse utilisée aussi bien que sur la pince propre à délivrer l’arbre de sa collerette métallique si besoin était. A coup sûr aucune des miennes et pourtant j’en possède un bel assortiment. Longtemps dans ma carrière encore itinérante et contractuelle, passant d’un bureau à un autre, je partais en emportant l’agrafeuse et la dégrafeuse. Des prises de guerre à titre de compensation pour non obtention d’une position plus stable.
Mais jamais je ne suis partie avec de quoi agrafer les arbres par les pieds.
j’imagine les outils avec respect
il me semble me souvenir qu’un certain 8 février (et un autre 17 octobre -soixante et un celui-là) ce genre de projectile fut employé par notre charmante police (il n’était pas alors de caméra miniature pour immortaliser l’action) sur des manifestants (qu’ils aient été arabes ou pacifistes) (soixante-deux (préfet papon) : le fils de l’une des victimes de la manifestation de Charonne en rend compte (récemment disparu, Alain Dewerpe – et sa mère, donc, Fanny) il était de votre corporation, Employée) : c’est sans doute pour éviter à la police, fut-elle municipale et armée, vindicative ou légitime, de se saisir de ces armes qu’ont été posées ces agrafes…