L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Un samedi au conditionnel

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Je serais ce matin descendue faire le marché (poisson – légumes – fruits – fromages – fleurs). Je serais cet après-midi allée écouter la dernière session du colloque Barthes au Collège de France (celle au cours de laquelle devait intervenir Pierre Bergounioux). De là j’aurais rejoint Reid Hall à 20 heures pour y écouter la lecture musicale “Autour de Marcel Proust” (Franck, Fauré, Hahn et quelques autres).  Mais aujourd’hui, sous ma fenêtre, sur le boulevard, les étals du marché n’ont pas été dressés, place Paul-Painlevé, les portes du Collège de France sont demeurées closes et rue de Chevreuse, dans l’ancienne fabrique de papier, la lecture de Jérôme Bastianelli a été annulée. Sur la ville tant aimée et sur ses Lumières, hier soir, la barbarie a semé sa poudre de mort. C’est un samedi tout de pensées pour celles et ceux qui ont perdu la vie, celles et ceux meurtris dans leurs chairs et dans leurs affections. Un temps de silence et de souffle retenu. Mais, de Paris, l’esprit et la raison n’ont pas dit leurs derniers mots.

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nov 14, 2015

Lancinante question de jonquilles (à Gif et ailleurs)

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Comme tous les ans en février – depuis que – chez L’employée aux écritures les jonquilles reviennent sur le tapis. Pas toutes seules mais propulsées par des moteurs de recherche favorables à l’extension du domaine de votre expertise pourvu que vous les débarrassiez de questions délicates. Délicates comme l’éclosion desdites jonquilles. Ces jours-ci on me demande donc avec insistance la date d’apparition de la jonquille, si elles éclosent le jour ou la nuit, et quels sont leurs principaux problèmes de floraison.

Franchement, les moeurs et coutumes des jonquilles, je n’y connais rien. Je puis juste répondre qu’hier, des obligations archivistiques m’ayant conduite à Gif-sur-Yvette terrain d’observation privilégié de la date de floraison desdites fleurs sur lequel veille un rigoureux compilateur de statistiques décennales fort attendues, j’ai scruté, comme lui, les talus (dans mon cas entre la gare et le campus du CNRS) : pas l’ombre d’une jonquille. Pas même après dissipation d’un brouillard matinal et dense.

Patience, donc. Pour les jonquilles c’est sans doute une question de quelques jours mais pour les précieux Carnets de notes qui complèteront la série statistique ce sera un peu plus long (même si en 2015 on se dit qu’on passe la moitié du prochain volume : on tient le bon bout !).

Et, comme par hasard, fouillant plus profond dans la boîte noire des questions posées à L’employée aux écritures, je tombe sur Pierre Bergounioux fan club. Enfin une requête bien aiguillée. Merci.

Il y a quelques autres interrogations d’internautes qui me réjouissent, à défaut de pouvoir y répondre : on cherche ici en vain le bois dont on fait les vélos, une coquille vide à vendre, une chasse d’eau ancienne à vendre, une poubelle qui chante ou encore une robe sans tête et le boulon h 7/16-20×4-1/4.

Mais il y a aussi des questions qui me font tout bonnement peur, quand on s’inquiète du plaquo qui s’affaisse,  de comment tuer rapidement un furet, des  poulets en batterie openspace, d’une cage thoracique qui ressort et de ses causes ou des conséquences d’un trou dans le palais. J’aimerais mieux ne pas, dirait qui vous savez, et surtout pas les recherchées citations de Marc Levy.

A tout prendre, j’aime encore mieux me décarcasser pour vous trouver le boulon rare.

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fév 19, 2015

Vies métalliques, rencontres avec Pierre Bergounioux

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Très heureuse de commencer mon année cinématographique 2013 en assistant à une projection en avant-première du documentaire de création d’Henry Colomer : Vies métalliques, rencontres avec Pierre Bergounioux, produit par A gauche en montant (raison sociale qui à tout pour me plaire). C’était au Club de l’Etoile, où je n’étais jamais allée mais que j’associais à certaines de mes lectures relatives à l’histoire du cinéma, biographies de cinéastes de la nouvelle vague en particulier, dans lesquelles il en est souvent question. Une très belle salle à l’italienne.

J’ignore tout des voies qu’empruntera la distribution des Vies métalliques,rencontres avec Pierre Bergounioux, film de 52′ (un format qui plait bien aux chaînes de télévision je crois), mais surtout, surtout, si vous êtes sensibles au métal, à la littérature et aux oeuvres – papier comme ferraille – de l’écrivain sculpteur de l’Yvette et de la Corrèze réunies, et si le film d’Henry Colomer passe à portée de vos yeux, ne manquez pas de le voir !

Pour l’alliage d’intelligence dans lequel se fondent, en grande complicité, chaque image du cinéaste et chaque mot de l’écrivain donnant à comprendre mieux ce “siècle de fer” au milieu duquel les deux hommes sont venus au monde. Et parce que la compréhension de ce temps en exige une “lecture métal” mobilisant de la poignée de clous de tapissier à la forteresse volante B 17 G ou aux chars JS 2, en passant par le plomb fondu des linotypes qui en transmettront l’histoire s’il reste quelqu’un pour l’écrire après la mitraille. Sans parler de l’âge d’or du machinisme agricole aujourd’hui à la casse.

Et pour nous, lectrices et lecteurs passionnés de l’écrivain Bergounioux également fascinés par son oeuvre de sculpteur, le plaisir de le voir à l’oeuvre, donner corps (de l’un de ces rebuts agrestes qu’il extirpe acrobatiquement – on en tremble – de leur enchevêtrement) à “une élégante”, en deux coups de scie à métaux et trois points de soudure. Film étincelant.

Sur le chemin du retour, me demandant bien comment illustrer mon billet – mon invitation est toute chiffonnée au fond de ma poche – le bonheur de croiser à Trocadéro cet escalator désossé qui fait parfaitement mon affaire avec ses pseudos bobines de film et jusqu’au repère “Haut gauche” en clin d’oeil aux productions “A gauche en montant”.

PS : Le viaduc des Rochers noirs (avec ses petits faux airs de pont de Brooklyn) filmé par Henry Colomer et expliqué par Pierre Bergounioux : quelle merveille !

PS bis : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici quelques uns :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

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jan 12, 2013

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

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Mais jusqu’au 5 mai seulement, donc pas de temps à perdre, à la librairie Texture, 94 avenue Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement. Elles sont bien, là, au milieu des livres, comme chez elles, les sculptures de Pierre Bergounioux, mais pas très faciles à photographier. Alors je donne juste un aperçu et pour les voir mieux et écouter le sculpteur les évoquer ainsi que le tome 3 de son Carnet de notes, visionner cette émission “Des mots de minuit” (France 2) du 11 avril dernier à laquelle Pierre Bergounioux participait.

PS : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, ses sculptures, ses écrits, ou aux jonquilles de Gif-sur-Yvette, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

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Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

avr 14, 2012

Où il est à nouveau question de jonquilles et de Pierre Bergounioux

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On me demande, enfin c’est un moteur de recherche qui me transmet la question,

quelle est la saison des jonquilles en Corrèze ?

J’avoue mon embarras pour y répondre.

D’une part, je n’ai jamais mis les pieds dans ce département*, comme dans une quarantaine d’autres de la métropole et tous ceux d’Outre-Mer –  j’en tiens la liste à jour en fonction de mes déplacements incluant au moins un découché (pour pouvoir dire y être vraiment allée). J’en profite au passage, ou plutôt au non-encore-passage par tous ces départements qui me restent à découvrir, pour signaler que je ne suis donc pas non plus en mesure de répondre à cette autre question récemment soumise : quelle espèce de conifère pousse le mieux en province ?

D’autre part, si mon informateur habituel sur la Corrèze, Pierre Bergounioux, surveille leur floraison à Gif-sur-Yvette, sur son talus, il ne peut observer et noter tout aussi scrupuleusement sur son carnet la date de la floraison de ces mêmes fleurs jaunes, annonciatrices de renouveau, en Corrèze. Tout au plus peut-on déduire de ses séjours réguliers là-bas au cours des vacances de printemps de la zone C (amplitude : entre les trois dernières semaines d’avril et la première de mai), et au mois de juillet, qu’il n’en fait pas mention, et donc que les jonquilles corréziennes ne synchronisent pas leur éclosion avec ses villégiatures ; ce qui serait presque trop beau.

Pierre Bergounioux fait preuve de grands talents mais n’a pas le don d’ubiquité et les jonquilles des talus de Corrèze fleurissent quand ça leur chante, sans songer un seul instant qu’en aménageant leur calendrier, elles pourraient, comme leurs cousines de l’Essonne, se voir, par la grâce de l’écrivain, immortalisées entre les pages d’un livre à la couverture jaune coeur de jonquille.

Quoi qu’il en soit, l’internaute soucieux du cycle des saisons en Corrèze gagnera forcément à lire les oeuvres de Pierre Bergounioux, tant en ce qui concerne la flore que la faune et les rebuts de ferraille.

Et profitons-en tous : Pierre Bergounioux était hier soir l’invité d’Alain Veinstein dans son émission Du jour au lendemain sur France Culture, on peut l’écouter ou le réécouter en ligne.

(Dans les Hauts-de-Seine Sud, c’est à dire dans mon allée, toujours pas de jonquilles en fleur, donc pas d’image.)

* Contrairement à Philippe Didion qui nous fléchait  le chemin dès 2008 et en parlait encore dans la dernière livraison de ses notules dominicales auxquelles il est d’autant plus vivement conseillé de s’abonner que celles-ci ne sont plus compilées sur son site.

fév 28, 2012

Traçabilité des jonquilles chez Pierre Bergounioux

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C’est le commentaire de David Farreny à l’un de mes précédents billets en cours de lecture du Carnet de notes 2001-2010, soulignant la récurrence des premiers chants de merles perçus dans les ténèbres hivernales, entre 1984 et 2003, qui m’y ramène à ces récurrences liées au cycle des saisons dans l’Essonne au fil des pages du  journal de Pierre Bergounioux.

Je remonte le temps année après année en traquant la date de floraison des premières jonquilles à proximité de la maison de Gif-sur-Yvette (dont on sait qu’elle est située en hauteur, tout contre un bois riche en faune – renards et chevreuils n’hésitent pas à en sortir), floraison lue comme l’espoir d’un printemps à venir que les ténèbres impitoyables des jours les plus courts de l’année semblaient nier. Les jonquilles poussent sur un talus qu’on imagine bordant une allée descendant de la maison au portail.

Donc je rassemble à l’usage des futurs historiens du climat et paléo-botanistes une série chronologique rigoureuse et je me décharge sur eux du soin d’en tirer, en temps voulu, toutes les observations qui s’imposent à propos du réchauffement climatique du tournant des XXe-XXIe siècles.

Samedi 27 février 2010. Je découvrirai, en descendant à la boîte aux lettres, que trois jonquilles ont déplissé leur corolle, sur le talus, et j’y vois comme la promesse, fragile, de survivre à cet hiver que j’ai cru le dernier.

Dimanche 22 février 2009. La première jonquille a déplissé sa corolle, sur le talus.

Dimanche 24 février 2008. Il fait bon. Toutes les jonquilles sont fleuries. (Mais dès le mercredi 13, noté déjà :  Du RER, j’aperçois les premières fleurs sur un prunus).

Mardi 20 février 2007. Les prémices de printemps font d’une pierre trois coups puisque : Un merle chante, sur un arbre, près de la gare de Courcelle. Les premières fleurs viennent de sortir aux branches du prunier sauvage et la plupart des jonquilles sont écloses.

Mercredi 1er mars 2006. En début d’après-midi, le soleil aidant, la neige a fondu et j’ai découvert que la première jonquille venait d’éclore, au jardin.

Jeudi 10 février 2005. La première jonquille vient d’éclore.

Mardi 3 février 2004. Lorsque je rentre, à midi, je découvre que deux jonquilles viennent d’éclore. Elles avaient attendu le 28, l’an passé.

Mais malheureusement, pas d’entrée datée 28 février 2003 dans le journal publié ; on imagine que celle-ci n’a pas été dactylographiée, est restée au stade manuscrit sur l’un des cahiers qui contiennent en moyenne neuf mois de vie. Peut-être que le 28 février 2003 rien n’avait été notable hormis l’éclosion de la première jonquille, qui du coup, en a fait les frais. Nous savons juste que le jeudi 20 février 2003, Cathy montre à Pierre, en lui faisant faire le tour du jardin les premières primevères, derrière la maison, le mercredi 26 février que la saison accuse un retard de deux semaines, au moins sur l’an passé. Enfin, le mardi 4 mars seulement : Les jonquilles s’épanouissent l’une après l’autre mais rien n’est encore apparu aux branches des arbres fruitiers.

Deus semaines de retard, cela conduit à chercher l’éclosion des jonquilles vers la mi février 2002. Et effectivement, le jour même du retour de son voyage à Cuba, le mardi 12 février 2002, Cathy attend Pierre à la gare RER du Guichet, ils rentrent ensemble et : à Gif, les jonquilles viennent d’éclore.

Mercredi 7 février 2001. La première fleur vient d’éclore à une branche basse du prunier sauvage. Mais pas trace encore de jonquille quand Pierre part pour les forges de Syam dans le Jura, le lundi 12 février, où il passera la semaine. Il quitte Syam le vendredi 16 à  six heures et quart après avoir gratté le givre qui couvrait le pare-brise, et atteint Gif à onze heures et quart. Première chose qu’il y remarque : Cinq ou six jonquilles viennent de se déplisser, sur le talus, et de nouvelles fleurs sont venues aux branches du prunier sauvage.

Jeudi 24 février 2000. La première jonquille vient d’éclore, sur le talus.

Samedi 20 février 1999. En descendant chercher le courrier, je découvre que la première jonquille s’est ouverte, sur le talus. Deux autres la suivront, en fin de journée et j’entendrai chanter le merle, à la nuit tombante.

Vendredi 27 février 1998. Les fleurs continuent d’éclore aux branches des arbres, ainsi que les jonquilles. (Elles “continuent” : la toute première à fleurir n’est pas datée cette année-là).

Mardi 18 février 1997. L’hiver tourne. Les jonquilles sont en bouton, au flanc du talus.

Dimanche 17 mars 1996. Après l’hiver aigre dont nous sortons à peine, les signes sont en retard, les jonquilles en bouton, les jacinthes mussées en terre. Le prunier sauvage devant la terrasse n’a pas sorti une seule fleur. Mardi 19 mars. De nouvelles jonquilles viennent d’éclore, après les trois qui se sont ouvertes hier. C’est donc du lundi 18 qu’il convient de dater les premières éclosions 1996, même si le journal n’a pas d’entrée pour cette date.

Jeudi 16 février 1995. Les premières jonquilles – trois – ont éclos hier, et les premières fleurs sont apparues aux branches basses du prunier, devant la terrasse. Et douze jours plus tard, le mardi 28 : Il fait doux et toutes les jonquilles sont écloses. Nous sommes sortis de février, des mois noirs.

Dimanche 27 février 1994. Matin calme, couvert et doux. Hier, la première jonquille avait fleuri. Deux autres l’ont suivie.

1993 : PAS DE JONQUILLE ! Ou alors, elles sont bien cachées. A défaut, se contenter du prunier. Dimanche 7 mars. Le prunier sauvage se couvre de fleurs – la première avait éclos le 30 janvier mais la vague de froid a retardé d’un mois l’apparition des autres.

Mercredi 18  mars 1992. La lumière est éblouissante. Les oiseaux s’égosillent. Jonquilles et jacinthes sont fleuries, le prunier devant la terrasse, gainé de blanc.

Dimanche 10 mars 1991. Le ciel est pur, l’aube pleine d’oiseaux. Les jonquilles ont fleuri. Les premières étaient déjà écloses vendredi me dit Cathy.  Mais faute de regarder comme il faut, comme elle, je ne m’en étais pas aperçu. Je retarde sur la saison. Les neiges de février, le froid, m’ont fait supposer que la reverdie était loin, encore, et je n’attendais rien.

Dans le tome 1 du Carnet de notes, 1980-1990, ce ne sont pas les jonquilles du talus qui annonçaient la fin de l’hiver, et pour cause : en février mars 1990, la famille vient de s’installer dans la maison près du bois, le terrain n’est pas encore tout à fait défriché ni aménagé et ce sont les pruniers en bordure de l’avenue du Général-Leclerc qui donnent le signal du printemps. Jeudi 15 mars 1990. Encore une journée radieuse, délicieuse. (…) Je remonte avec ravissement l’avenue du Général-Leclerc entre deux haies de pruniers roses en fleur. Un an plus tôt, alors que la maison est en cours de construction, le mardi 14 mars 1989 : Le premier printemps a pomponné de blanc et de rose les arides talus de la ligne de Sceaux. Je ne remonte pas au delà puisque m’intéressaient les jonquilles du talus.

Quand les jonquilles 2012 auront fleuri dans les Hauts-de-Seine, je pourrai illustrer ce billet, en attendant je renvoie à ma jonquille montparnassienne du printemps 2011.

Ajout du 6 mars 2016 pour la suite, après lecture du Carnet de notes 2011-2015 c’est ici :

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Et si vous cherchez d’autres articles du blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici une brassée :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

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Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

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Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

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fév 8, 2012

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

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Et comment tout cela se termine ? A mon tour d’extraire mes lectures…

Ve 31.12.2010

Levé à six heures et quart. Oppression, anxiété. Je suis glacé, sens la vie qui s’amenuise, en moi. Cathy est montée à l’institut. M’adosse au convecteur, m’efforce de lire. C’est vers dix heures que le malaise s’estompera. Il m’en restera, jusqu’au soir, une gêne, sous l’omoplate gauche. Je termine Robbins*. Il prophétise la ruine du collectivisme, faute d’un système de prix qui indique le point de rendement maximal des ressources disponibles, auquel doit tendre une économie rationnelle.

Mitch appelle en matinée. Son état s’est amélioré. Il a pu reprendre une partie de ses activités. L’après-midi je passe à Goody** – Le vol de l’histoire, dont j’avais lu la moitié. Mais le malaise de la matinée m’a amoindri. Le ciel bas, la froide grisaille  font écho à la désolation de l’âge qui est désormais le mien.

* Il s’agit de Lionel Robbins, L’économie planifiée et l’ordre international, paru en 1938, dont Pierre Bergounioux a entamé la lecture deux jours plus tôt.

** Jack Goody est l’un des auteurs de prédilection de Pierre Bergounioux au cours de ces années 2001-2010.

Echos d’une lecture encore en cours de ce tome 3 du Carnet de notes, celle de Florence Trocmé en son Flotoir. Et celui, illustré qui plus est, de Philippe Didion en ces Notules dominicales ; c’est sur abonnement ou en compilation chez publie.net et vivement conseillé. Et beaucoup d’autres éparpillés sur twitter…

Et puisque j’ajoute des choses (dont un “u” qui manquait, merci PCH) ce dimanche matin à ce billet d’hier, encore ceci : c’est tout de même rude de songer qu’il nous faudra attendre janvier 2022 pour savoir à quelle heure Pierre Bergounioux s’est levé le 1er janvier 2011. Le suspense continue, au moins tant qu’il ne dactylographiera pas directement ses notes sur blog ! Et comme on aimerait d’ici là que s’ajoute à la version papier une version numérique permettant la recherche plein texte…

Enfin, comme de nombreux internautes arrivent ici en cherchant les lieux et dates des rencontres avec Pierre Bergounioux autour des Carnets de notes, je précise qu’on les repère sur l’agenda Verdier.

Une belle vitrine sur le boulevard du Montparnasse à Paris

PS : si vous cherchez sur ce blog d’autres articles consacrés à Pierre Bergounioux, voyez par ici :

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jan 28, 2012

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

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Le point, une semaine plus tard : parvenue au mercredi 31 décembre 2008, p. 947. Lu donc cinq années et demie cette semaine, coeur du livre et année décisives pour l’histoire du livre lui-même puisque c’est en décembre 2003 que Pierre Bergounioux se lance dans la reprise et dactylographie (dit-il : entendre saisie sur ordinateur) des notes jetées quotidiennement sur des cahiers dont il mesure qu’ils lui tiennent en moyenne neuf mois. Cahiers parfois vert, parfois rouge.

Donc Pierre Bergounioux, en même temps qu’il continue de coucher au stylo sur papier son quotidien du jour fait réafleurer dans son écriture, par ses heures de dactylographie, celui d’avant, le réévoque, le commente et nous replonge, nous adeptes de la première heure de ses Carnets, dans notre mémoire de leur lecture en même temps qu’il mobilise nos souvenirs des décennies charnières XXe-XXIe siècles. Curieux effet, en double et triple hélices (comme celles que l’auteur sculpte) des temps écrits, lus et vécus. Léger vertige pour nous, douloureux vertiges pour l’écrivain, et course contre la montre : que tous ces temps se rattrapent en heure et en temps, lui vivant – il se sent tellement vieux dans sa cinquantaine.

Récurrences infaillibles année après année : l’éclosion de la première jonquille à Gif, toujours vers le 20 janvier, la visite familiale à la foire de Paris autour du premier mai, la promenade du soir pour le parfum des tilleuls en juin, la bourse aux minéraux du PLM Saint-Jacques un dimanche en décembre. En tous temps le suivi de l’activité des salles de ventes de Versailles et Rambouillet et des arrivages en librairie – mais celle des PUF place de la Sorbonne ferme. Pour s’en tenir aux mois de vie urbaine. D’autres récurrences, tout aussi infaillibles, rythment les séjours corréziens.

Ce qui change radicalement dans le coeur du livre, c’est la vie de Pierre Bergounioux en enseignant : il quitte fin 2006 les classes de collège de l’Essonne pour les amphis de l’Ecole des Beaux-Arts, rue Bonaparte à Paris, où il vient enseigner la littérature. Respiration professionnelle nouvelle, mais bataille sévère contre les RER, et finalement acquisition en juin 2008 d’un téléphone portable, le plus simple possible : en cas d’ennui, je pourrai prévenir. Les cabines sont devenues choses rares et les ennuis ne manquent pas.

Signalons aussi, ces années-là,  l’usage devenu indispensable de l’appareil photo numérique pour compléter la prise des notes quotidiennes, la mise au rebut du minitel au profit d’une connexion internet maison, mais pas immédiatement l’ADSL puisque le téléphone n’est plus disponible quand on se connecte.

Pour en rester aux évolutions significatives, signalons encore la fin de la Renault 21 et le changement de marque du véhicule qui lui succède. D’ailleurs, par deux fois Pierre Bergounioux, longeant l’île Seguin constate les progrès de la démolition de l’usine, en septembre 2004 se rendant à la maison de la radio répondre aux question d’Alain Veinstein, puis le dimanche 5 août 2007. Cette fois c’est fini : les usines Renault, sur l’île Seguin, ont été rasées. Ne subsiste que le portail d’entrée, auquel fait pendant celui, en brique, à gauche, qui donne sur la chaussée. Quelque chose a pris fin, à n’en pas douter.

En novembre 2008 ce sont les forges de Syam, où il avait séjouné en 2002 et à propos desquelles il avait écrit, qui ferment à leur tour.

De la vie de famille sous toutes ses coutures (et lessives !), de l’amour et du souci des proches, je ne m’autorise pas à parler, sauf pour dire que je donnerais bien tout Jean-Claude Kaufmann et tout François de Singly pour les 30 années du Carnet de notes de Pierre Bergounioux.

PS : si vous cherchez sur ce blog d’autres articles consacrés à Pierre Bergounioux, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

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Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

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jan 23, 2012

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

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La raison pour laquelle je n’ai pas trop le temps d’écrire un billet de blog ce week-end est que je me suis jetée à tête perdue, il y a de cela juste une semaine, dans la lecture du troisième tome du Carnet de notes de Pierre Bergounioux celui qui brasse et embrasse les années 2001-2010 et vient de paraître. Toujours habillé du jaune Verdier et pour faire suite au tome 2, 1991-2000, paru en 2007, et au premier, 1980-1990, en 2006. Des livres que j’ai tous lus dès parution et toutes affaires cessantes.

Bilan d’étape sur le tome 3, en une semaine, à 19h01 (heure de l’ordinateur) ce dimanche soir j’en suis à la page 376, autrement dit au mardi 24 juin 2003, au terme d’une année scolaire particulièrement éprouvante pour le professeur de collège Bergounioux. (Année scolaire pendant laquelle il a la grande décence de refuser la légion d’honneur, ce qui n’est pas vraiment pour nous étonner). L’espace de ces deux ans et demi, janvier 2001-juin 2003, Pierre Bergounioux, tôt levé, écrit (à la main puis dactylographie à l’ordinateur et sauvegarde sur disquette) notamment Les forges de Syam (où il a passé une semaine en février 2002), Simples, magistraux et autres antidotesJusqu’à Faulkner, B 17 G, le court traité visant à faire mieux Aimer la grammaire, et le livre d’entretiens avec son frère, le linguiste et écrivain Gabriel Bergounioux, Pierre Bergounioux, l’héritage.

Donc je n’ai rien écrit de la semaine pour donner le maximum de temps à cette lecture et si je n’ai pas avancé plus c’est qu’il y avait aussi le travail quotidien à assurer ; j’ai cependant mis toutes les chances de mon côté en changeant mes lunettes pour l’occasion.

Ce qui est assez troublant avec ce tome, c’est comme le temps du journal rattrape le nôtre, celui de la lecture. Voir par exemple Pierre Bergounioux dépenser ses derniers francs et retirer ses premiers euros à un distributeur ou le voir pester de plus en plus fréquemment contres les conversations ineptes infligées en tous lieux publiques par les portables (mais l’on cherche encore à savoir sur un minitel si un avion s’est posé).

Pour le reste toujours la fascinante fusion des vies d’écriture, de labeur enseignant, de famille et domestique. Ah ces fameuse lessives séchant sur les hauteurs de Gif-sur-Yvette entre deux grains ! concurrencées de plus en plus il me semble par l’épluchage des légumes, ou le passage au supermarché dès 8h30 du matin. Et les soubresauts de la R21 remontant de Corrèze bourrée de ferraille jusqu’à la gueule et lors d’un voyage même littéralement soulevée de la route par une hélice d’avion imprudemment arrimée sur son toit…

Mais sous la surface des jours et leur répétition, sans répit sourd l’angoisse de ne pas atteindre le but que s’est assigné l’adolescent de 17 ans : comprendre ce qu’il fait là – dût-il dévaliser sa vie durant toutes les librairies du monde, en “extraire” tous les livres. Pierre Bergounioux extrait ses lectures (recopie les passages qui lui plaisent le plus) comme le faisaient les lettrés du XVIIIe siècle

La cinquantaine venue, escortée comme toutes les cinquantaines de douloureuses disparitions de compagnons de route, et la notoriété de l’écrivain source d’incessantes sollicitations (le téléphone sonne de plus en plus dans la maison) et nombreux voyages (de Cuba à Sarajevo) lui laissant bien le peu le temps de s’appartenir ne peuvent qu’aggraver son angoisse. La tonalité dominante de ces années 2001-2010 est bien sombre, même si ce 24 juin 2003 C’est encore une éclatante journée qui commence – la canicule ne tardera pas.

Ceci dit, j’y retourne, au 24 juin 2003.

PS : si vous cherchez la suite et d’autres articles sur ce blog à propos de Pierre Bergounioux, voyez par ici :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

Filed under coin lecture
jan 15, 2012

Ile Saint-Louis emballage urbain

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Pointe Sud, ces temps-ci, l’île Saint-Louis ne se ressemble plus tout à fait

l’hôtel Lambert est emballé pour travaux

palissades bois, bâches et grue

rue Saint-Louis-en-l’Ile, perspective écorchée

pensée pour celle qui la chante.

Je photographie l’ïle Saint-Louis samedi matin 4 juin, en allant écouter Pierre Bergounioux à la bibliothèque de l’Arsenal. Je suis en avance, le café le plus proche sur lequel je comptais est fermé. La coiffeuse voisine qui ouvre son salon, il est 9 heures, auprès de qui je m’en étonne me dit qu’il ouvrira mais plus tard dans la matinée (et de fait j’y déjeunerai après le séminaire en excellente compagnie). Je retraverse un bras de Seine en quête d’un café ouvert sur l’île quasi déserte ; glacier fermé, pas encore de touristes. Troquet ouvert angle rues Saint-Louis-en-l’Ile et des Deux-Ponts, clientèle de quartier, des habitués, toilettes à la turque auxquelles on ne s’attend plus.

De ce qu’il s’est dit au séminaire Imaginaire des bibliothèques dont c’était la dernière séance avec Pierre Bergounioux pour invité, compte rendu à lire sur le blog Sédiments d’@elizaleg qui en était comme moi auditrice.

juin 10, 2011

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