Avant. A 10h44 je me mets en marche sur les conseils de ma feuille de route RATP, à qui j’ai indiqué que je souhaiterais arriver à La Courneuve 8 mai 1945 à midi. Je vise donc le train de 10h59 qui me permettra d’attraper un métro de la ligne 4 à 11h15 à Montparnasse, qui lui même me permettra d’attraper un métro de la ligne 7 gare de l’Est à 11h34 et au bout du compte j’y serai à 11h52 à La Courneuve 8 mai 1945. Et après : navette.
La Fête de l’Huma, pour être franche je n’y suis jamais allée, j’y pense tous les ans mais la seule édition de ma feuille de route coupe mon élan. Donc au moins, maintenant, je saurai ce qu’il en est.
C’est peu dire que l’expédition me soucie : parler deux fois dans la même journée pour une carpe de mon espèce ; je me demande maintenant si je n’aurais pas mieux fait de m’envoler mardi dernier avec C. (qui lui y est allé tous les ans jusqu’en 1979 à la fête de l’huma) pour les Açores dont il apprécie particulièrement le climat, stable, le relief, volcanique, la tranquillité des vaches qu’on y élève et la saveur du thé qu’on y cultive. Marcher, respirer, rêver là-bas avec lui.
Mais au lieu de ça, qu’est-ce qu’ils ne me feront pas faire les gars du 62 ?
Après. De retour au bercail vers 21 h, fourbue, ravie, et j’y retournerai même demain alors que je ne m’étais pas engagée sur le dimanche. Seule fausse note, mon cafouillage horaire pour le deuxième débat que je rejoins, après qu’on m’ait cherchée partout, avec une demi-heure de retard (je n’ai pas lu le dernier courrier qui avançait l’horaire de 18 à 17 heures…)
Longtemps parlé de boulots (les nôtres et ceux des autres), d’études, d’ateliers d’écritures et de bûcherons avec Thierry Beinstingel.
Beaucoup parlé avec des lecteurs et croisé nos histoires familiales qui se recoupaient du côté de Domfront ou de Billancourt.
L’un d’eux me raconte qu’il avait une tante cantinière à la Régie. Cette dame (morte à 103 ans) y était entrée en 1918 pour fabriquer des obus et avait pris sa retraite, devenue cantinière des cadres, à la fin des années 1950. Propos qui aiguisent ma curiosité sur le personnel féminin de Billancourt et il n’est pas dit que je ne retournerai pas un de ces jours dépouiller certains journaux en y cherchant autre chose que les échos de l’atelier 62…)
Parlé aussi avec une bibliothécaire notulienne de fraîche date, qui m’invitera peut-être, et avec une Arrageoise, qui m’invitera, sûr, l’année prochaine, à partager des colères du présent.