L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

RSS Feed

"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse monde printanier

Comments Off

Dans la gare, le printemps a commencé petitement : au jour dit, ils nous ont distribué une jonquille. La bonne idée c’est que la distribution avait lieu le soir, donc sur le chemin du retour ; la fleur n’a pas eu à pâtir de nos trimballements ni de nos occupations de la journée. C’est quelque chose qui nous arrive, à nous usagers quotidiens des lieux, de temps en temps on nous fait des cadeaux. Très rarement des fleurs, le plus souvent il s’agit d’inventions nouvelles des géants de l’agro-alimentaire (comme on dit en page économique) qu’il faut bien tester sur le quidam. Barres de céréales, variétés de pseudo-yaourts buvables en petits flacons, mini canettes de boissons indéfinissables, souvent des produits dits de grignotages. Ils s’imaginent qu’arrivant de nos banlieues, dans nos bureaux parisiens toute la journée on grignote, ce qui fait de nous des coeurs de cibles sur lesquels lancer leurs produits.

Mais les fleurs à l’occasion du printemps, c’était du commercial mode SNCF, transilien plus précisément, et distribué en grand uniforme. Juste pour nous montrer comme ils nous aiment. J’ai posé ma jonquille sur un de ces éléments du mobilier urbain ferroviaire des quais, du type à base enrichie de rondelles, qu’elle tienne toute seule pour que je la photographie in situ.

Je sais maintenant que Régine Robin appelle tire-bouchons, ces mêmes empilements de rondelles. Régine Robin vit au plein coeur du Montparnasse monde quand elle est parisienne et rien ne lui échappe. Installées au Sélect, nous échangions hier nos points de vues de spécialistes à l’égard de la gare et je prenais des leçons d’autres villes, de ces mégapoles que son don d’ubiquité lui fait maîtriser comme moi mon pâté de maisons.

Aujourd’hui, comme je revenais à pied de Denfert-Rochereau par la rue Froidevaux j’ai constaté que le printemps était maintenant bien installé partout dans le quartier et jusqu’au cimetière.

Filed under Montparnasse monde

Micro (ondes) sur trottoir

Comments Off

De loin et sous un certain angle, l’objet au rebut, avec ses gros boutons (dont certains se révéleraient être des pieds) et son couvercle soulevé, tenait du tout ou partie de la chaîne haute fidélité et de l’antique fierté d’en acquérir une en “prêt à écouter” quand on ne savait pas la composer soi-même à partir d’éléments dépareillés négociés chez des fournisseurs sans vitrines, à des adresses qu’on ne donnait pas, et d’exposer les amis à son saisissant effet stéréo – mets toi plutôt là, juste entre les deux enceintes (et l’étrangeté de ce nom d’enceintes). Alors, des basses aux petits oignons Tamla Motown ou les premiers accords d’un Nouveau monde, sauce, un peu trop relevée, Karajan, vous décollaient à la verticale du tapis poils de chèvre blanc jauni non nettoyable. Fierté jamais éprouvée : au delà de mes moyens comme de mon souci, demeuré approximatif, du réglage des graves et des aigus.

Mais de plus près, il fallait se rendre à l’évidence que  ce dont on cherchait à se débarrasser sur le trottoir de la rue des Feuillantines (Paris, Ve), avait équipé une cuisine ou une kitchenette, vu le prix du mètre carré, puisqu’il s’agissait d’un four – à micro-ondes : précision que j’avance en marchant sur des oeufs (qu’on n’y fera pas cuire crois-je savoir) n’en ayant jamais davantage possédé que de chaîne haute fidélité mais pour d’autres raisons, comparables à celles qui, une génération plus tôt, avaient tenu à prudente distance de notre cuisine l’arrogance vaporeuse des cocotte-minute. Le pan soulevé ne procédait pas d’un dessus fonctionnellement amovible, mais attestait une certaine maltraitance exercée sur le flanc de l’appareil, pour voir si, des fois, avec l’aide d’un tournevis, cruciforme au besoin, ou d’un fer à souder emprunté au beau-frère, la panne serait domptable. Sans doute que non cette fois-ci.

Attention : à Clamart le 2 avril aura lieu le 21 mai

Comments Off

Pas la peine de prendre le train de Paris-Montparnasse à Clamart samedi 2 avril pour venir à la rencontre du Montparnasse monde à la médiathèque Buanderie : pour le deuxième samedi consécutif le réseau des médiathèques de la ville sera en grève, je viens de l’apprendre. Je souhaite de tout coeur que la reconduction de la grève permette au personnel de se faire entendre dans l’affaire qui le tracasse, mais je suis tout de même bien déçue.

Même si ce n’est que partie remise : au samedi 21 mai à 16 heures.

Alors le samedi 2 avril, prenez plutôt le RER C entre Bibliothèque et Versailles-Chantiers via Massy : c’est un train d’écriture qui circulera au matin.

Filed under à chaud

Art de la perruque à Billancourt

Comments Off

Aujourd’hui arrive chez nous ce cartable retrouvé à l’été 2008 dans le grenier de la vieille étable faisant office de cave quand nous avons vidé la maison de nos parents (pour reprendre l’expression de Lydia Flem). Mon frère aîné (et seul garçon de la fratrie) se souvient de ce cartable et pour cause : il est allé à l’école avec, au début des années 1950.

Il se souvient surtout que ces cartables tout cuir étaient fabriqués à la Régie Renault, à Billancourt dans l’atelier de sellerie, par un ouvrier originaire de Céaucé (comme nous) qui fournissait ses copains pères de famille. Parmi eux, notre père qui lui travaillait aux forges. (Et il va sans dire que pour aller de Céaucé à Billancourt, passage obligé par la gare Montparnasse, la dernière fille comme le père)

Excellente qualité des matériaux du cartable qu’un petit coup de cirage ravigote (j’aime bien les petits fermoirs métalliques), excellentes finitions. Les coutures n’ont pas lâché. Juste l’usure d’une bonne cinquantaine d’années au rebut.

En langue d’usine, c’est de la perruque, ces objets à usage personnels fabriqués avec les matériaux et l’outillage de l’atelier, sur le temps de travail. Et cela fait partie de ces petits arrangements pris avec le système pour rendre les choses supportables, forme d’appropriation matérielle de la raison d’être là, rivés à l’usine. Histoire de reprendre un peu la main.

Et aujourd’hui, avec nos façons nouvelles de travailler, c’est quoi la perruque se demande très justement Christian Fauré ?

Filed under la vie tout venant

Questions avec fins de non recevoir

Comments Off

… faute de savoir ou d’expérience, quoi qu’en pensent les moteurs de recherche qui me les ont posées.

Le prix d’une clôture béton à Bordeaux, je n’en ai pas la moindre idée, non plus que le temps d’attente devant les piscines à Lourdes, sans parler de la vie en caserne de gendarmerie, sur laquelle je suis bien incapable de fournir la moindre information (j’ai juste noté ici un jour que les supérieurs du gendarme Racine Charles se désolaient que celle-ci ne semble pas l’emballer plus que ça).

Pas plus de compétences pour aider l’internaute qui se demande s’il est préférable d’aller travailler à Toulouse ou Bordeaux ni l’éclairer quant à savoir si distribuer les sandwich porte à porte là-bas est une idée porteuse.

Je mets dans un même sac (et je le jette à l’eau) les demandes de plans, croquis et dessins en tous genres, faute du coup de crayon propre à les satisfaire. Donc je ne vous esquisserai pas le plan salle de repos des jardiniers jardin du Luxembourg, je ne sais pas non plus dessiner un tombereau, un plan pour fabriquer une brouette de jardin, ni faire le croquis de la pose d’une clôture de jardins, mais mon père, lui, aurait su. Quant au dessin de fleurs d’hortensia : alors là, s’il y a bien une fleur que je n’aime pas c’est justement l’hortensia. J’ajouterai bien dans le sac les paroles Noël “sonnez musette” parce que je n’ai pas la moindre intention de vous le chanter, la prochaine fois non plus.

Je me vois par ailleurs assez mal vous raconter l’histoire des tuiles aux amandes d’Ardèche, qui ne faisait pas l’objet d’une UV lors de mes études en histoire à Paris 7, non plus que celle du permis de conduire de Claude François, n’ayant jamais été bonne cliente des journaux à potins.

Je ne me dépatouille pas mieux de certaines requêtes à dominantes géographiques. Le village fantôme au centre de la France, je ne l’ai jamais traversé, les usages pour pendre une crémaillère suisse, je les ignore et, malgré une assez bonne maîtrise du quartier, je suis au regret de ne pouvoir indiquer la rue Edgar Kiné à coté de Montparnasse à qui la cherche.

Vous vous abstiendrez également désormais de chercher chez moi un objet rebondissant pour chien, je ne renvoie pas la baballe.

Que l’on m’interroge, en revanche, sur les bienfaits de l’écriture, je ne m’en lasse pas, mais ma discrétion naturelle me retient d’expliquer comment envoyer un mail à Pierre Bergounioux (je suggère simplement de lui adresser une lettre en papier chez son éditeur qui transmettra).

Et de cette revue de questions maintenant c’est la

La prochaine levée

Comments Off

Elle est annoncée pour vendredi à 12 heures 25 minutes mais, entre nous, je n’y crois qu’à moitié.

J’hésite même un peu à confier ma lettre à cette boîte enchâssée dans la meulière du mur de l’école. Moi qui m’inquiète tellement à propos du courrier, qui arrive ou s’égare, du facteur, qui est passé ou pas encore, et si quelqu’un, par hasard, l’aurait aperçu dans le quartier ? Ou au moins son vélo, accoté contre un arbre, petit signe d’espoir. Je pose la question. Parce que des nouvelles et des réponses à mes écritures, j’en attends toujours, plus ou moins.

Filed under variétés

Pessoa avec interphone

Comments Off

J’avais déjà croisé l’homme dans la rue Soufflot, c’était le 20 octobre 2009 mais je m’en souviens comme si c’était hier. Aujourd’hui, j’ai osé m’avancer jusqu’à sa porte. Je ne vous donnerai pas l’adresse, il n’aime pas trop être dérangé, sans compter qu’il en change souvent.

J’ai sonné timidement, juste une fois. J’ai attendu un certain temps (sans doute était-il occupé à ranger ses effets dans sa malle, il venait d’arriver ou allait repartir avec toute sa suite) et finalement Personne a répondu.

Filed under utopiques

Ours et autres animaux désoeuvrés

Comments Off

Les nouvelles étagères en bois destinées au rangement des livres dont l’usage se répand ne leur laissent aucune chance : elles sont si peu profondes que les livres ne s’y logent qu’à plat (donc de face ce qui est plus vendeur) et tiennent debout sans artifice. Les deux ours de la rue Delambre n’ont d’ailleurs déjà plus d’autre ouvrage qu’un malheureux vieil in-12 à caler de leurs arrières-trains. Les deux bêtes se tournent résolument le dos, ont fini d’être solidaires, chacun envisageant désormais son avenir hors paire.

La chose n’est pas sans conséquences douloureuses sur le marché de l’emploi, mais en dépit de la vague de suicides qui a décimé la petite usine de ***, personne ne prête la moindre attention au mal être ni à l’avenir incertain des ouvriers du presse-livre à l’heure du numeric turn.

On s’inquiéte à juste titre du devenir des libraires, des bibliothécaires, des éditeurs et même parfois des auteurs, mais aucun rapport officiel pour se pencher sur le sort des fabricants de presses-livres, aucune mesure d’accompagnement en leur faveur, aucune pétition de soutien. Les ouvriers du presse-livre avaient pourtant atteint un savoir-faire admirable dans l’art de coincer entre deux petites plaquettes de marbre perpendiculairement jointives, un lion superbe et généreux, un fier cheval cabré, un éléphant inébranlable,  un ours renfrogné, aux fins de les faire garants, généralement par paire et disposés en vis à vis, de la verticalité des ouvrages rangés dans nos bibliothèques de salons.

De sévères compressions de personnel frappent ces professionnels de la compression des livres auxquels le seul secteur de reconversion proposé, est celui de la plaque funéraire,  aux prises lui-même avec la montée en puissance de la crémation peu favorable à l’expansion de son marché.

(Nouvelle moutûre, illustrée et augmentée, d’un texte que j’avais confié au Convoi des glossolales n° 366 du vendredi 12 novembre 2010)

Filed under variétés

Distance à parcourir

Comments Off

Encore bien loin de se faire entendre

et qui sait même si, arrivé là, l’appareil sera en état de fonctionner.

Coeur de liasse

Comments Off

Sortir la liasse pesante de son carton gris, évaluer que desserrant sa ceinture on y trouvera des feuilles volantes de divers formats, des feuilles cousues en cahiers, des registres reliés et qu’il faudra du temps pour en faire le tour ;

comprendre qu’il y a eu des repentirs,

des egos bien dimensionnés

et que finalement ce que je cherche dort au coeur de ce cahier parcheminé à rabat serré par des lanières, Livre des gages des domestiques et autres gages, où l’on faisait mémoire notamment des sommes versées au maître à danser des cinq filles mineures de dame Marie-Anne Gambetta veuve du sieur Jean-Baptiste Rex.

Remettre chaque pièce à sa place, poussières d’encre de 300 ans trop sèche collée au bout des doigts, reboucler la courroie autour du papier kraft qui maintient la liasse et reglisser cette dernière dans le carton gris. Rapporter le carton. Montrer ouvert son ordinateur en sortant de la salle et qu’aucun document volé ne s’y cache. Reprendre ses affaires au vestiaire. Quitter les archives.

Filed under du XVIIIe siècle

Rubriques du blog

Recherche

Archives du blog depuis avril 2008

Sur Twitter

tous textes et photos copyright Martine Sonnet, sauf mention spéciale
var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-25117361-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();