L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Art de la perruque à Billancourt

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Posted by ms on 27 mars 2011 at 19:05

Aujourd’hui arrive chez nous ce cartable retrouvé à l’été 2008 dans le grenier de la vieille étable faisant office de cave quand nous avons vidé la maison de nos parents (pour reprendre l’expression de Lydia Flem). Mon frère aîné (et seul garçon de la fratrie) se souvient de ce cartable et pour cause : il est allé à l’école avec, au début des années 1950.

Il se souvient surtout que ces cartables tout cuir étaient fabriqués à la Régie Renault, à Billancourt dans l’atelier de sellerie, par un ouvrier originaire de Céaucé (comme nous) qui fournissait ses copains pères de famille. Parmi eux, notre père qui lui travaillait aux forges. (Et il va sans dire que pour aller de Céaucé à Billancourt, passage obligé par la gare Montparnasse, la dernière fille comme le père)

Excellente qualité des matériaux du cartable qu’un petit coup de cirage ravigote (j’aime bien les petits fermoirs métalliques), excellentes finitions. Les coutures n’ont pas lâché. Juste l’usure d’une bonne cinquantaine d’années au rebut.

En langue d’usine, c’est de la perruque, ces objets à usage personnels fabriqués avec les matériaux et l’outillage de l’atelier, sur le temps de travail. Et cela fait partie de ces petits arrangements pris avec le système pour rendre les choses supportables, forme d’appropriation matérielle de la raison d’être là, rivés à l’usine. Histoire de reprendre un peu la main.

Et aujourd’hui, avec nos façons nouvelles de travailler, c’est quoi la perruque se demande très justement Christian Fauré ?

Filed under la vie tout venant
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6 Comments

  • On 27 mars 2011 at 19:48 gilda said

    Belle sacoche et d’une solidité comme on n’en fait plus: son état de conservation est impressionnant.

    J’ai longtemps pensé que je ne perruquais pas, ni non plus mes collègues, employés dans des bureaux à du tripotage de fichiers. Tout au plus les stylos pour noter nous accompagnaient-ils également chez nous, ou bien quelques post-it, ce qui n’est pas de la perruque à proprement parler, plutôt du recyclage. Et encore, l’économat étant souvent défaillant, il fonctionnait dans l’autre sens également, obligé que nous étions parfois de nous pourvoir sur nos deniers en ce qui manquait.

    Nos accès à l’internet étaient limités ou surveillés, il n’y avait donc, quand bien même nous en eussions trouvé le temps, pas moyen d’abuser.

    Puis j’ai arrêté cet emploi salarié.

    Et dans ma vie sont apparues quelques heures, pas tant, mais trop à mon goût, de corvées administratives, lettres de banques et choses comme ça. J’ai alors compris que mes collègues et moi, sans même y prendre garde, lors de brefs temps morts (des sauvegardes, des transferts de fichiers, certaines manip techniques ne nécessitant ni trop de mémoire vive ni trop de cerveau) avions l’habitude de nous délester au fil des longues journées de ces petites corvées, jeter un œil à nos comptes, régler une facture, passer un coup de fil d’intendance qui nécessitait de l’être aux heures et jours ouvrés. Était-ce la version moderne et dénuée de beauté de l’ancienne perruque, laquelle était l’expression d’un savoir-faire, ce que nos paperasses n’étaient pas ?

  • On 27 mars 2011 at 20:41 ms said

    Souvenir des écoles maternelles et primaires qui sollicitaient régulièrement les parents pour faire des photocopies “à leur travail”, et de l’agacement que j’en ressentais, ne voyant pas l’intérêt qu’il y avait à faire prendre en charge par l’argent public d’un côté une économie d’autre argent public. J’aurais peut-être réagi autrement si j’avais travaillé dans le privé, mais en l’occurrence je ne voyais pas trop où était au bout du compte le gain…

  • On 27 mars 2011 at 21:48 PhA said

    J’allais dire comme Gilda.

  • On 28 mars 2011 at 17:46 PdB said

    je me souviens des cauchemars qu’il m’arrivait de faire : arriver à l’école et s’apercevoir qu’on a oublié son cartable à la maison… (on appelait ça “une carte” dans ce nord picard où il gelait à pierre fendre)

  • On 30 mars 2011 at 11:11 ap said

    C’était aussi une “vache” dans les années 50, apparemment.

  • On 30 mars 2011 at 11:28 ms said

    Pas seulement années 1950, la vache pour cartable (sous entendu en cuir de) : entendu encore collègue chercher sa vache il n’y pas si longtemps – c’était en Normandie, ceci explique-t-il cela ?

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