Ailes de l’ange
offertes
au repos
musée du cinéma
Berlin
nos regards éblouis
plumes célestes
désirs d’envols
le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
Ailes de l’ange
offertes
au repos
musée du cinéma
Berlin
nos regards éblouis
plumes célestes
désirs d’envols
Pauvre Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794), cerné d’algécos et de palissades de chantiers qui l’affichent mal. Je me suis émue de son triste sort l’autre matin, au presque encore petit jour quand l’autobus 27 s’est obstiné à faire son Terminus Pont-Neuf et que j’ai continué à pied pour gagner la galerie Vivienne.
Cruelle mise en quarantaine posthume quand ses contemporains ne lui ont déjà pas fait de cadeaux. L’historienne de l’éducation des filles que je demeure (en dépit parfois des apparences) éprouve quant à elle une admiration certaine pour ce penseur des Lumières. Son Nouveau plan d’Instruction Publique présenté à l’Assemblée Législative le 20 avril 1792 est bien le seul plan d’éducation révolutionnaire revendiquant la mixité de l’enseignement au nom de l’égalité des sexes. Egalité évidente pour Condorcet et source, dès 1790, de son discours Sur l’admission des femmes au droit de cité. C’est dire si, de son vivant tristement abrégé, avec des idées pareilles Condorcet a suffisamment souffert de la solitude… Les algécos c’est trop.
Je m’aperçois que L’employée aux écritures éprouve une certaine fascination pour les algécos, si vous la partagez vous en trouverez d’autres sur le blog ici et là.
Corps couché
en travers de ma route
ni gendarme
ni d’âne un dos rond
corps couché
familier
je le reconnais
dame, c’est le mien
(sans pour si peu
arrêter ma course folle
auto destructrice)
Certains jours, toutes ces histoires que je vous raconte à propos de Montparnasse,
je n’en vois pas le bout : leur dénouement reste nébuleux.
(Pour ne rien vous cacher, sauf le sommet, la photo n’est pas d’aujourd’hui, je la trouve en faisant un peu de ménage de début d’année)
Pour finir l’année je retourne mes poches
(mais sans les coudre comme je ferais du col et des poignets râpés d’une chemise pour qu’elle sauve encore une pauvre apparence)
seulement pour les vider
poussière grenue qui en tombe
rien qui justifie le vide-poche – au mieux le coup de plumeau
juste des mots
grains sans éclats de voix
impropres au phrasé
sans suite
ni tenants ni aboutissants
mots pas justes : ceux-là je continue à les chercher l’an prochain
je n’ai pas fini (j’ai commencé tard)
l’écriture condition de continuité
ma seule solution
Le fric (très grosses coupures) des pros
ce qui résiste aux déchirures
Il y en a de gros arrondis type galets à prétentions aussi démesurées que celles de certaine grenouille rêvant de faire un effet boeuf : on s’assied dessus – au passage remarquez comme l’état du sol ne s’arrange pas depuis que je vous en parle.
Il y en a de maigres anguleux, sur lesquels je ne conseille pas de s’asseoir, fichés dans le pseudo terreau de ces végétaux dont en désespoir de cause ils ont repeint les bacs en rouge parce que plus personne ne les regardait (depuis le temps qu’ils sont là). Dans le nuancier de la gare ce rouge est un hapax.
Mais moi, les petits cailloux, dans le Montparnasse monde je n’en ai nul besoin : je connais mon chemin.
(Pour info, si vous arrivez là par hasard : Montparnasse monde c’est une série sur ce blog mais aussi un livre)
Ne s’arrêtent dans cette gare que des trains qui ne vous mènent pas bien loin.
J’en ai pris beaucoup. Mais c’est fini. Je ne les prends plus.
Un enchevêtrement tel que je me demande, passant en plein jour sur ce trottoir, comment la nuit venue chacun parvient à regagner son chez soi et ce qu’il advient des fors intérieurs, des prés carrés et du quant-à-soi de tout un chacun quand les logis s’emberlificotent pareillement.
Et les employés du cadastre, eux-mêmes, s’y retrouvent-ils mieux qu’une chatte qui aurait eu le malheur d’égarer ses petits dans le quartier ?
Ce qui est sûr, c’est que passant sur le boulevard, de l’autre côté, façades bien ordonnées, nul n’imagine le méli-mélo des arrières cours.
J’ouvre un livre de Jean Echenoz que je n’avais jamais lu, Un an, court roman paru aux Editions de Minuit en 1997, où d’entrée de jeu je lis (p.7-8) :
Gare Montparnasse, où trois notes grises composent un thermostat, il gèle encore plus fort qu’ailleurs : l’anthracite vernissé des quais, le béton fer brut des hauteurs et le métal perle des rapides pétrifient l’usager dans une ambiance de morgue. Comme surgis de tiroirs réfrigérés, une étiquette à l’orteil, ces convois glissent vers des tunnels qui vous tueront bientôt le tympan.
J’en conclus que Jean Echenoz et moi n’avons pas les mêmes goûts en matière de gare. Je ne lui en veux pas, je continuerai à le lire. Au moins sommes nous sensibles aux mêmes matériaux/couleurs de la gare. Moi j’avais écrit à leur propos :
Gare grise, mais de toute la gamme chromatique des gris. Unis le plus souvent, plus ou moins dégradés par l’usure générale, mais aussi granités des bordures de quais ou des marches des grands escaliers à l’ancienne du hall Maine – qui tremblent sous nos jambes par moment sans qu’on comprenne pourquoi, par quelle loi mécanique de déformation nécessaire à cette imbrication complexe d’escaliers et d’escalators suspendus dans un grand vide. Ailleurs, gris mats ciment, luisants béton, brillants métal ; sans oublier l’anthracite crasse toujours prête à rajouter sa couche ni le gris souris des souris qui traversent les traverses. Montparnasse monde gris répétitif (comme certaines musiques que je goûte assez). Nuancier de la gare dicté sans nuance par celui des matériaux qu’on ne s’est pas amusé à peindre.
(Pour mémoire ou si vous passez par là par hasard, Montparnasse monde c’est une série sur ce blog mais aussi un livre)