Dans la gare, le printemps a commencé petitement : au jour dit, ils nous ont distribué une jonquille. La bonne idée c’est que la distribution avait lieu le soir, donc sur le chemin du retour ; la fleur n’a pas eu à pâtir de nos trimballements ni de nos occupations de la journée. C’est quelque chose qui nous arrive, à nous usagers quotidiens des lieux, de temps en temps on nous fait des cadeaux. Très rarement des fleurs, le plus souvent il s’agit d’inventions nouvelles des géants de l’agro-alimentaire (comme on dit en page économique) qu’il faut bien tester sur le quidam. Barres de céréales, variétés de pseudo-yaourts buvables en petits flacons, mini canettes de boissons indéfinissables, souvent des produits dits de grignotages. Ils s’imaginent qu’arrivant de nos banlieues, dans nos bureaux parisiens toute la journée on grignote, ce qui fait de nous des coeurs de cibles sur lesquels lancer leurs produits.
Mais les fleurs à l’occasion du printemps, c’était du commercial mode SNCF, transilien plus précisément, et distribué en grand uniforme. Juste pour nous montrer comme ils nous aiment. J’ai posé ma jonquille sur un de ces éléments du mobilier urbain ferroviaire des quais, du type à base enrichie de rondelles, qu’elle tienne toute seule pour que je la photographie in situ.
Je sais maintenant que Régine Robin appelle tire-bouchons, ces mêmes empilements de rondelles. Régine Robin vit au plein coeur du Montparnasse monde quand elle est parisienne et rien ne lui échappe. Installées au Sélect, nous échangions hier nos points de vues de spécialistes à l’égard de la gare et je prenais des leçons d’autres villes, de ces mégapoles que son don d’ubiquité lui fait maîtriser comme moi mon pâté de maisons.
Aujourd’hui, comme je revenais à pied de Denfert-Rochereau par la rue Froidevaux j’ai constaté que le printemps était maintenant bien installé partout dans le quartier et jusqu’au cimetière.














