L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Les mots de Fabienne Swiatly

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L’écriture de Fabienne Swiatly, avec des mots juste ce qu’il en faut, touche toujours au plus humain, résonne vrai, et nous aide à nous regarder dans nos conditions partagées, pas forcément choisies.

Qu’elle parle de Gagner sa vie et ce qu’il en coûte, raconte ses “années en 8” ou signe simplement la lettre de remue.net – et dans ce cas je sais dès que je l’ouvre que c’est elle qui l’a écrite sans avoir besoin de vérifier tout en bas de la missive – l’indifférence à ce qu’elle nous dit est impossible.

Récemment, outre Jusqu’où cette ville dans la collection numérique publie.netFabienne Swiatly a publié deux livres en papier : Boire   (éditions TerreNoire) que je n’ai pas encore lu et Une femme allemande (éditions La fosse aux ours) que j’ai lu récemment dans un train, le temps d’un aller/retour entre Paris et Vernon.

La femme allemande est une femme transplantée de l’autre côté de la frontière au mauvais moment, le ventre trop souvent rond, et qui n’imaginait pas la vie avec l’homme vainqueur qu’elle a suivi et les siens. Une femme qui pose de temps en temps sa brosse, sa serpillière et son sceau pour fumer, appuyée dos au mur, et chanter le jour ou la pluie viendra.  Une femme qui porte des tabliers à carreaux, rêve un temps à mieux, et puis non, finalement, c’est sa vie, ce silence, cet engourdissement.

Une femme qu’on voit, au début du livre, adolescente fouillant les décombres de sa ville, comme aurait pu nous la montrer un Rossellini, et plus tard, rompue, un Fassbinder. Un personnage et des images aussi forts que les leurs, juste au moyen des mots nécessaires, ni plus, ni moins.

Depuis peu Fabienne Swiatly écrit sur son site, très beau, la trace bleue, des mots d’usines, des mots à propos des ateliers d’écriture qu’elle anime et d’autres encore. Profitez donc de son petit temps de pause obligée ces jours-ci pour aller tout rattraper depuis le début si vous ne suivez pas encore son travail sur toile.

Et puis lisez ses si beaux livres.

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De la curiosité bien mal partagée à l’égard des “digital humanities”

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L’employée aux écritures, qui souhaite rester professionnellement performante,  a suivi aujourd’hui une journée d’information sur l’édition électronique en sciences humaines et sociales, organisée par le service formation de son employeur.

Il y était beaucoup question de digital humanities pour reprendre le terme utilisé par nos collègues anglo-saxons, plus engagés que nous sur le terrain de ces « humanités numériques » . Je me suis réjouie que cette journée rencontre un si grand succès qu’on a dû refuser du monde pour s’en tenir aux 90 places qu’offrait la salle dans laquelle se déroulaient les présentations, signe de la curiosité, et plus si affinités, d’une partie de mes collègues pour ces questions.

Mais ce qui était tout à fait remarquable, c’est que ce public était aux 4/5e féminin, et même si cela sautait moins évidemment aux yeux, relevait comme moi très majoritairement des catégories de personnel ITA (Ingénieurs, Techniciens, Administratifs) vouées à « accompagner » la recherche. On notera au passage que la féminité et le statut ITA font très bon ménage puisque le dernier bilan social du CNRS dont les chiffres sont accessibles, celui de 2006, fait état de 31,5 % de femmes chez les chercheurs – taux de longue date stagnant -, pour 51,8 % chez les ITA.

Messieurs les éminents chercheurs de nos disciplines ne se bousculaient donc pas au portillon de cette journée ouverte à tous… Et c’est bien regrettable parce qu’au sein des laboratoires de SHS, faire progresser les pratiques de circulation de l’information émanant des différentes équipes (par exemple grâce à la plate-forme Hypothèses destinée à l’accueil de blogs/carnets de recherche dont j’irai bientôt apprendre à me servir), améliorer la rapide mise à disposition par captations audio/vidéo des journées d’études organisées par les uns et les autres, ne plus attendre 3 ans pour publier sur du papier à tout prix les actes d’un colloque ou déposer ses travaux pre-print en archives ouvertes, passe par la familiarisation de tous avec les usages et les outils de l’édition numérique.

 

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Montparnasse Monde 10

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Alphabet morse de la gare : long tiret suivi de deux pointillés. Les trois trottoirs roulants qui peinent  à rattraper le temps perdu à rallier Montparnasse 3 Vaugirard. Succession d’un long, le plus ancien, le seul à double sens, dans la largeur du quai 24 et de deux courts, le dernier isolé dans un couloir peint en bleu. Chicanes aux extrêmités, destinées à entraver les chariots (mais inutiles : les bagages roulent par leurs propres moyens). Des affiches à l’attention spécifique des usagers de cette gare annexe les informent – mais pour la prochaine fois – qu’un temps suffisant pour l’atteindre est à inclure dans le délai d’acheminement, surtout depuis la ligne 4 du métro, porte d’Orléans – porte de Clignancourt. Près d’un kilomètre à parcourir : compter un bon quart d’heure, surtout si vous êtes chargés (et le trottoir roulant à grande vitesse du niveau métro qui ne fonctionne jamais).

Souvenir de gare : j’ai déraillé. Voie 25, donc en gare de Montparnasse 3 Vaugirard, le dimanche 7 août 2005 à 16h36 et des poussières, à bord du Paris-Granville de 16h36. J’avais pris place, m’installais à peine ; je voyageais seule, juste venue voir vite fait si tout allait bien pour le chat gardien solitaire de l’appartement. Le chat avait été content de ces 24 heures de compagnie et je repartais à la campagne. Le train s’était ébranlé, un peu plus que de coutume, avait roulé quelques dizaines de mètres – les passagers encore à faire de grands signes à ceux sur le quai -, avait été pris de quelques grands soubresauts nous soulevant de nos sièges, et puis plus rien. Jusqu’à l’annonce : déraillé, le dernier wagon. Tous redescendus à quai on l’avait vu, en misérable déséquilibre, affalé contre les dernières piles en béton de la gare après avoir labouré les traverses et arraché les installations électriques sur son passage. Seule consolation : sans avoir fait de victime.

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Montparnasse Monde 9

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Du jour où j’ai eu accès à la cafétéria du bâtiment Sud Pont (les travailleurs du Nord Pont y ont droit) premier étage, vue sur voies, axe de symétrie de l’arc de cercle vitré surmontant la gare Pasteur, j’ai compris le déhanchement immanquablement éprouvé sur nos banquettes, un peu avant l’entrée en gare de nos trains de banlieue. Pour se placer dans l’axe des quais qui les recevront, numérotés 10 à 17, leurs rails dessinent tous un petit Z et puis s’engouffrent sous la dalle. De part et d’autre, les TGV ne dévient pas d’un iota. Compréhension immédiate, quand on embrasse du regard toutes les voies, droites et zigzaguées. Je n’allais jamais à la cafétéria munie d’un appareil photographique, malheureusement.

 

 

Souvent des mots coupés-copiés-collés, pour un peu on entendrait les coups de ciseaux. Arrivés à / Paris-Montparnasse / terminus de ce / train et Assurez-vous de n’avoir rien / oublié dans ce / train. Pas leur laisser sur les bras l’écharpe pied-de-poule fatiguée, tassée d’abord sous vos fesses et insensiblement au creux du siège. Presque invisible. Que vous n’y repensiez pas et elle embarrassera l’équipe de nettoyage postée en haut de l’escalier. Blouses et gilets à bandelettes fluo, gants de caoutchouc rose et déjà les seaux, les balais, les chiffons, les sacs pour vider les poubelles et les rouleaux de papier toilette. Vous aimeriez éviter l’escalator, mais encombrés comme ils sont, le croisement sera difficile. Escalier trop étroit. Alors, vous suivez le mouvement de la foule vers les marches mécaniques. Croisement silencieux, eux qui descendent  l’escalier fixe (ils n’ont pas le choix : le seul escalator est programmé pour monter).

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Montparnasse Monde 8

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Extension de la gare : le plus souvent mon train s’appelle seulement SEVRES R.G. omnibus VANVES/MALAKOFF, CLAMART, MEUDON, BELLEVUE et j’en descends dès le deuxième arrêt, gare de Clamart ; mon vélo attaché m’attend. Dans le train qui continue, les bourgeois restent entre eux. La femme gauchère du film d’Handke voyageait par ce même train et s’arrêtait là aussi. Les quais, les rails, l’ennui, on les reconnaissait, et cette grande maison en meulière, près de la gare, dans laquelle l’écrivain avait habité et tourné son film. La femme sur l’affiche, en drôle de robe mauve rosée, comme dans un sac, posée par terre, genoux repliés, talons contre fesses, au pied d’un mur avec plinthe et prises électriques ; chaussée de sandales. Ne sachant plus ce qu’elle voulait faire, ni être, ni avec qui. Certains jours, la fatigue prend d’être seulement passagère de l’omnibus SEVRES R.G.

 

 

Celle qui s’était suicidée un 14 juillet, Madame M., de sa fenêtre, rez-de-chaussée au ras des voies, avait vu et, les jours d’après, allait répétant : « les pompiers, sa tête, comme la tête d’une poupée, ramassée ». Extrêmité du petit quai extérieur – direction Paris -, celui des trains qui ne s’arrêtent pas. Bal sur la place de la gare la veille, les confettis collaient encore aux chaussures, feu d’artifice le soir-même, mais les spectatrices ne seraient pas au complet. C’était le train parti de Granville à 6h04, en principe sans arrêt de Dreux à Paris, arrivée prévue à Montparnasse 3 Vaugirard, 9h16. Mais la mort et sa charpie l’avaient finalement stoppé et immobilisé de longues heures, extrêmité du petit quai extérieur. La fiche horaire avait tort. Après, du sable tâché entre les traverses, qui noircit, finit absorbé par le ballast et puis, à la longue, toutes ces pluies : elle, effacée, tout à fait.

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Questions d’octobre

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L’employée aux écritures prenant connaissance de certaines requêtes qui ont conduit chez elle quelques internautes dans l’embarras au cours du mois écoulé, bien consciente de n’y avoir répondu qu’imparfaitement, souhaite compléter les éléments de réponse qu’ils ont pu glaner ici et là sur le blog.

A celui qui s’interrogeait sur l’orthographe de “un vase de fleurs” : ne changez rien, c’est parfait. 

A celui qui cherchait des conseils de prudence après opération d’appendicite : garder la chambre avec de bonnes lectures n’a jamais fait de mal, avec ou sans appendice, mais je conseille néanmoins de prendre l’avis d’un spécialiste.

A celui qui cherchait un dessin pour le départ d’une employée : s’agit-il de décorer la cantine ou la salle de réunion où aura lieu son pot de départ ? Il faudrait en savoir plus sur ses fonctions dans l’entreprise et son caractère, ses hobbies etc. pour proposer quelque chose de pertinent. J’avoue que je ne suis pas suffisamment renseignée pour être inspirée.

A celui qui voulait savoir si j’avais trouvé des lunettes de vue dans le tgv le 29 : je voyage beaucoup plus qu’à l’ordinaire ces temps-ci (et ce n’est pas fini : Vernon, Lorient et Clermont-Ferrand en novembre) mais n’ai pas pris de TGV ce jour-là, seulement mon train de banlieue habituel. Chercher ailleurs.

A celui en quête de modèles de roses trémières : aimant beaucoup ces fleurs, j’ai été très sensible à cette requête et regrette de ne pas pouvoir montrer celle qui poussent dans mon jardin normand et proviennent de graines récoltées dans le jardin Vivienne de la vieille Bibliothèque nationale, rue de Richelieu.

A celui qui souhaite des renseignements sur les fers à repasser : nouveautés technologiques : vraiment pas la bonne porte, lisez mieux les étiquettes des vêtements et du linge que vous achetez et choisissez en qui ne se repassent pas.

A celui qui s’interroge sur le départ à la retraite d’une cantinière : comme pour le départ de l’employée, je manque d’éléments d’information pour avancer quelque proposition utile. Le problème relève-t-il du calcul des annuités nécessaires ou de l’organisation d’une petite fête ?

A celui qui cherche la méthode du pliage de serviette en bonnet d’âne : je n’ai aucun talent dans le registre des travaux manuels et les arts de la table ne sont pas mon rayon, désolée. Consultez plutôt en bibliothèque la collection complète de “Modes et travaux”, vous trouverez probablement la marche à suivre (mais êtes-vous sûr que vos invités apprécieront vos efforts à leur juste valeur ?)

A celui qui a besoin d’un fournisseur de piquets en fer pour chantier : certes, je me suis émue ces derniers temps devant les magnifiques échafaudages élevés en gare de La Rochelle, mais mon carnet d’adresses n’est pas très fourni en ressources du côté BTP. Voir les pages jaunes.

En revanche, celui venu vers elle en manque d’une portion de tripes, sait désormais où et quand en trouver, ce qui donne à L’employée aux écritures la grande satisfaction d’un travail bien fait, au moins certains jours.


Montparnasse Monde 7

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Mon bureau du dessus des voies : une dizaine de métres carrés inscrits, à grand renfort de couloirs courbes, dans le cercle de verre surmontant le hall Pasteur (un grand éditeur y a récemment installé certains de ses services, mais dans le diamètre). J’avais vue sur jardin – cou tordu – et, au mur face à moi quand je travaillais sans utiliser l’ordinateur (disposé sur un plan de travail secondaire perpendiculaire au principal), sur un panneau de liège où, angle supérieur droit, était punaisée la photo. La gare de la nuit des temps des Chemins de fer de l’Ouest, verrière en façade trouée par la locomotive qui pique du nez, pitoyable. Creux de l’après-midi, 22 octobre 1895, le Granville-Paris Express parti à 8h45, 131 voyageurs à bord, indemnes. Pas comme cette femme qui parlait avec le marchand de journaux, place de Rennes. Bilan : une victime.

 

 

Au mur de ce bureau quitté maintenant – j’écris d’ailleurs et n’ai jamais reconstitué ce panneau – sous la photo du célèbre accident, il y en avait une autre tout aussi provocante au regard qui la croise pour la première fois. Les hommes en pardessus, chapeautés, déchiffrant le dos des livres sur les rayonnages de la bibliothèque londonienne à ciel ouvert, bombardée. Réduite également au format carte postale et de même provenance : cette librairie à l’ancienne dans la galerie Vivienne. Les deux et toutes les autres, ainsi que les affiches – celle du film  Les Oiseaux, avec l’effroi dans les yeux de Tippi Hedren, celle, toute en hauteur, du tramway 28 de Lisbonne parti à l’assaut des hauteurs d’Alfama et celle du livre de Javier Marias au beau titre copié de Shakespeare Demain dans la bataille pense à moi -  dépunaisées quand j’ai quitté la pièce 2071 du dessus des voies.  

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D’une forge, l’autre

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A lire absolument dans Le Monde paru ce soir, donc daté mardi 28 octobre, p. 20 de l’édition papier, si vous l’avez, et ici pour la version numérique (à saisir vite avant qu’elle ne se transforme en archive payante), la pleine page consacrée par Sophie Landrin aux forgerons de Bogny-sur-Meuse qui attendront de pied ferme demain Nicolas Sarkozy à Rethel. C’est devant eux qu’alors candidat, il y a deux ans, il avait osé lancer sont fameux “Travailler plus pour gagner plus” et promis la fin des délocalisations et des agissements des patrons voyous…

Sarkozy élu, deux ans plus tard, taux de chômage de 23 % à Bogny-sur-Meuse, liquidation de Thomé-Génot (pôles alternateurs) et de Lenoir et Mernier (boulons). Et les forgerons des Ateliers des Janves en ont gros sur le coeur avec leurs 1200 euros au bout de 28 ans de maison.

Quand on lit les propos de ces forgerons des Ardennes en 2008 – “à la forge quand vous avez fait vos sept heures vous êtes complètement cassés ; en juillet, l’atelier, c’est une fournaise, il fait 60° derrière les fours” ou encore “à 50 ans on est fichu physiquement” -, on se croirait revenu dans l’atelier 62 de Billancourt en 1950, moins l’espoir d’une vie meilleure pour leurs enfants.

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Montparnasse Monde 6

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Exercice de gare : détacher les yeux du sol, lever la tête et constater à quel point les plafonds sont composites, mal raccordés. Vagues déferlantes de béton sur le hall Maine, mais le souffle océanique escompté n’y est pas – comme la porte voulue Océane ne trompe personne. Béton, uni, tranché de poutres ou caissonné, alternant avec verrières ou claires-voies déversant la lumière du jour. Fine coulée de ciel ouvert, juste un rai, sur la voie 1, celle aux butoirs repoussés par l’escalier et, à l’exact opposé, bordure de toile blanche festonnée couvrant à demi la voie 24, aux fins d’évacuer les exhalaisons des diesels quand il s’en rangeait docilement là. Vastes toiles encore, tendues façon chapiteau, enveloppant le hall Pasteur et les deux bosses qu’elles élèvent au jardin Atlantique. Interstices grillagés : arrêter les oiseau, mais l’eau passe.

 

 

Les jours de très fortes pluies, les espaces glissants condamnés par le déploiement de ces minces banderoles plastiques striées bicolores, rouge/blanc. Sévérité de la mise en garde accentuée par l’effet de clignotement produit par le jeu des courants d’air. Même le large escalier central d’accès aux voies 10 à 17, banlieue, susceptible d’être condamné : sujet aux fuites sous des jointures verrière/béton défaillantes. Principe de précaution : qu’un usager fracturé ne vienne pas se plaindre. Périmètre de sécurité pareillement tracé autour de la malheureuse valise laissée sans surveillance – en plein milieu, le temps d’un achat au relay, par un insouciant – qui ne veut de mal à personne, mais la voix féminine exaspérée, toujours au bord de la crise de nerfs, qui somme son propriétaire de la récupérer d’urgence, AVANT DESTRUCTION, n’en sait rien. 

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L’hôtel s’appelait Astrid, finalement

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Déposée tard dans la nuit, je n’avais même pas lu son nom. L’homme de la réception parlait de littérature norvégienne, d’un auteur qu’il venait d’écouter et du titre de son livre qui était mal traduit, que c’était pudeur et non pas honte, ce mot. Le jour, le gardien de nuit enseignait le norvégien, mais combien, dans cette ville, pouvait-il avoir d’élèves ?

La gare, face à ma fenêtre, j’avais complètement oublié son style, longtemps que je n’y étais pas passée ; les dernières fois remontant aux années 1980, quand il m’arrivait d’aller au musée de l’éducation, dans sa maison d’exposition, rue Eau-de-Robec, ou dans ses réserves à Mont-Saint-Aignan. Pas depuis, je ne crois pas.

Dans le train venant de Paris hier au soir, ou y retournant ce matin, presque que des hommes à comuter, et je me suis demandée si un déséquilibre aussi accentué (que je n’imaginais pas, mais logique à certains égards) se retrouvait sur d’autres trajets de durée équivalente, environ une heure, entre lieu de résidence provincial et travail dans la capitale.

La chambre d’hôtel était étonnamment triangulaire.

J’ai pensé, comme à chaque fois, au film Les rendez-vous d’Anna, de Chantal Akerman, l’histoire de cette cinéaste qui promène son film, et les situations d’attente – arriver attendue et puis attendre soi-même de partir ailleurs – qui s’enchaînent de ville en ville. Les connaître depuis peu. Comprendre mieux Anna et ce qu’elle attend.

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