L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse Monde 9

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Posted by ms on 15 novembre 2008 at 7:53

 

Du jour où j’ai eu accès à la cafétéria du bâtiment Sud Pont (les travailleurs du Nord Pont y ont droit) premier étage, vue sur voies, axe de symétrie de l’arc de cercle vitré surmontant la gare Pasteur, j’ai compris le déhanchement immanquablement éprouvé sur nos banquettes, un peu avant l’entrée en gare de nos trains de banlieue. Pour se placer dans l’axe des quais qui les recevront, numérotés 10 à 17, leurs rails dessinent tous un petit Z et puis s’engouffrent sous la dalle. De part et d’autre, les TGV ne dévient pas d’un iota. Compréhension immédiate, quand on embrasse du regard toutes les voies, droites et zigzaguées. Je n’allais jamais à la cafétéria munie d’un appareil photographique, malheureusement.

 

 

Souvent des mots coupés-copiés-collés, pour un peu on entendrait les coups de ciseaux. Arrivés à / Paris-Montparnasse / terminus de ce / train et Assurez-vous de n’avoir rien / oublié dans ce / train. Pas leur laisser sur les bras l’écharpe pied-de-poule fatiguée, tassée d’abord sous vos fesses et insensiblement au creux du siège. Presque invisible. Que vous n’y repensiez pas et elle embarrassera l’équipe de nettoyage postée en haut de l’escalier. Blouses et gilets à bandelettes fluo, gants de caoutchouc rose et déjà les seaux, les balais, les chiffons, les sacs pour vider les poubelles et les rouleaux de papier toilette. Vous aimeriez éviter l’escalator, mais encombrés comme ils sont, le croisement sera difficile. Escalier trop étroit. Alors, vous suivez le mouvement de la foule vers les marches mécaniques. Croisement silencieux, eux qui descendent  l’escalier fixe (ils n’ont pas le choix : le seul escalator est programmé pour monter).

Filed under Montparnasse monde
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10 Comments

  • On 15 novembre 2008 at 11:05 Dominique Hasselmann said

    Ce matin, avant de vous lire, je mettais le mot “escalator” en lien sur mon blog car cela m’avait rappelé une pièce de jazz de Carla (Bley) : il suffit de l’écrire ou de le prononcer pour s’envoler “over the hill” ou alors de descendre dans les tréfonds du forum des Halles.

    Il devrait exister des escalators en littérature : on s’y installe et on se laisse guider, finalement c’était peut-être ça, l’écriture automatique ? Mécanique de la langue…

  • On 15 novembre 2008 at 12:52 ms said

    Dominique, merci pour Carla (Bley).

    Les escalators des gares, je ne les emprunte que quand je suis seule à bord et peux donc les gravir à mon rythme ; ce que j’aime alors c’est m’arrêter un peu avant le haut et regarder les marches rétrécir les unes après les autres et s’estomper tout à fait.

    Les escalators en littérature : on a déjà les ascenseurs sur le côté des fenêtres de nos écrans qui sont bien pratiques, mais tout ce qui nous élève un peu l’esprit est le bienvenu…

  • On 15 novembre 2008 at 14:51 PhA said

    Oh ! des rails sous-marins !

  • On 15 novembre 2008 at 15:59 Phileon92 said

    C’est marrant… vu de dessus, avec le fil de la caténaire, on dirait qu’il y a trois rails !

  • On 15 novembre 2008 at 16:14 Anne Savelli said

    Bonjour Martine,
    J’aime bien le déhanchement des banquettes…

  • On 15 novembre 2008 at 18:49 Phileon92 said

    Et Wikipédia nous apprend aussi au sujet des escalators : “Le terme « Escalator » étant le nom d’une marque déposée par Otis, devrait en toute rigueur prendre une majuscule, mais il est maintenant passé dans la langue courante, surtout dans les pays anglo-saxons.”

  • On 15 novembre 2008 at 21:55 PdB said

    Ce sont des choses qu’on aime bien savoir, aussi par exemple, lorsque le métro passe à la station Arsenal qui n’existe plus, ou lorsqu’il se “déhanche” comme vous dites en partant de République pour aller vers Daumesnil, et qu’il se “rehanche” en arrivant à Filles du Calvaire”, c’est juste pour une voie de garage, tout comme celle qu’on voit en partant de Bastille (pour l’Arsenal), mais ces brusques changements rappellent cette sorte de réalité matérielle que pour ma part j’aime connaître sans doute parce qu’elle n’a rien d’utile, ou de nécessaire, ou alors trop, voilà. Sinon, Vernon, ça va ?

  • On 16 novembre 2008 at 17:09 michèle pambrun said

    C’est ça qui se passe avec les écrivains, que leurs mots nous déroulent sous les yeux ce que nous faisons sans nous l’être vraiment dit : ” Ce que j’aime alors c’est m’arrêter un peu avant le haut et regarder les marches rétrécir les unes après les autres et s’estomper tout à fait. “

  • On 17 novembre 2008 at 9:17 PhA said

    Et des escaliers rouges (en marches qui se proclament telles).
    Hasard ?

  • On 17 novembre 2008 at 13:30 ms said

    PhA, je me demandais pourquoi vous ne preniez pas votre (a)(e)ncre bleue pour signer, mais voilà que c’est fait.

    Pour ce qui est des marches rouges : je crois que je vais peut-être renoncer à cette petite lubie des “mots de la gare” en rouge qui effectivement dans cet épisode dessinent un peu ce dont on parle, mais c’est un pur hasard.

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