L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

RSS Feed

"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Un beau samedi au Havre avec Nicolas de Staël

Comments Off

J’aime la ville du Havre depuis ce jour d’enfance où le facteur avait déposé dans la boîte à lettres familiale une carte postale (envoyée par ?) sur laquelle une belle géométrie d’immeubles s’égayait de massifs de rosiers rouges à l’acmé de leur floraison. Un rêve de ville moderne en fleur. J’aimais déjà les villes. Je n’y suis allée que beaucoup plus tard, dans les années 1970, les roses étaient moins rouges que dans mon souvenir mais la ville bougeait, c’était sensible.

Ce dernier samedi j’y étais attirée par l’exposition qui commence juste, au musée d’art moderne André Malraux (encore dit MuMa, mais je n’aime pas trop l’appeler comme ça), des derniers paysages peints, Lumières du Nord – Lumières du Sud, entre 1952 et 1955 par Nicolas de Staël.

Un musée en heureuse harmonie de décor, côté mer comme côté ville.

Les toiles de de Staël, beaucoup de petits formats et pour la plupart extraites de collections particulières (lire Collection particulière sur un cartel me laisse toujours songeuse) sont là parfaitement montrées ; je n’en photographie que des ensembles parce que leurs résonances sont pour beaucoup dans l’émotion suscitée par ces derniers paysages peints par Nicolas de Staël. L’exposition du Havre et son pendant Staël la figure à nu qui se tient au musée Picasso d’Antibes célèbrent ensemble le centenaire de la naissance du peintre en 1914.

A la sortie du musée, pas loin la plage, en profiter puisqu’on est là,

enfin retraverser la ville et croiser son tout jeune tramway bien assorti, couleur et design, à la ville de Perret.

PS : un conseil si vous allez là-bas, ne misez pas tout comme je l’avais imprudemment fait sur la “cafétéria” du Musée qui, ce jour-là au moins, fonctionnait en fait comme un vrai restaurant, entièrement réservé qui plus est. Adieu petit en-cas et café sur place… et il n’y en pas autour.

PS bis : un autre conseil, de lecture cette fois : lire l’enfance havraise d’Emmanuel Delabranche, le livre s’appelle Une ville (13 boucles) et existe en papier et sous forme numérique aux éditions publie.net.

The Clock : film qui, en plus, vous donne l’heure

Comments Off

Additif au billet initial : The Clock est désormais visible au centre Pompidou de Metz jusqu’au 15 septembre 2014. Si vous passez par là…

Pour la deuxième fois cette semaine, je suis allée hier à Beaubourg regarder un fragment d’une soixantaine de minutes (autant dire un certain laps de temps) de l’installation vidéo de Christian Marclay, The Clock. On peut l’y voir, dans de confortables grands canapés blancs à trois places, jusqu’au 2 juillet et j’y retournerai sans doute. La fréquentation facile de Beaubourg, munie du Pass, est un de mes grands plaisirs de néo-parisienne : je n’ai quasiment pas profité de ce lieu quand j’étais banlieusarde, soit grosso modo pendant les 57/58e de ma vie. Je me rattrape.

The Clock, c’est donc un montage de 24 heures, temps réel, de plans et très courts extraits de séquences de films ayant pour dénominateur commun la présence à l’écran d’une montre ou d’une pendule, ou bien de quelques mots d’un dialogue nous signifiant l’heure qu’il est – la même, là maintenant, dans la salle aux canapés blancs de Beaubourg (et à partir du 4 juillet au centre Pompidou Metz) comme dans la fiction des images.

Le montage d’extraits de films muets/parlants, noir et blanc/couleurs, toutes origines géographiques même si le cinéma américain est à l’honneur est diablement bien fait. Si bien fait que les minutes égrenées – parce que l’unité au cadran c’est la minute, mais à l’image c’est parfois la fraction de seconde – génèrent un véritable suspense, une attente, une addiction. Mais si vous me demandez : il se passe quoi, au bout du compte, dans ce film ? Je ne peux vous répondre que RIEN, pendant ce temps-là le temps passe, c’est TOUT et c’est prodigieux.

Bien sûr, il y a la petite satisfaction éprouvée à identifier des actrices ou acteurs aimés, à reconnaître des films, juste au moment où l’on entre dans la salle (hier pour moi s’était Eddie Constantine, et la fois d’avant Walter Matthau et Jack Lemmon) mais la grande maestria du montage de Christian Marclay fait que très vite la tentation de faire son “Monsieur Cinéma” est balayée par la fascination pour l’histoire qui s’invente sous nos yeux, avec et contre la montre. Parce que derrière la porte qui s’ouvre ou à l’autre bout du fil de téléphone que l’on décroche ne se trouve jamais qui était attendu.

Le 21 juin à partir de 11 heures il sera possible de visionner intégralement en continu les 24 heures de la performance : du vrai cinéma permanent comme il y a bien longtemps, quand on n’était pas encore sommé de sortir au plus vite par la sortie à gauche de l’écran et que le fin du film pouvait éventuellement se voir avant son début.

Un petit exercice de calcul, façon The Clock pour finir : sachant que je suis rentrée de Beaubourg à pied et que sur la fin de mon trajet il y avait ces trois horloges (je n’ai hélas pas pensé à le faire plus tôt), calculer à quelle vitesse je marchais. Parce que c’est plus pratique que la chaîne d’arpenteur, il n’est pas interdit de s’aider d’outils cartographiques disponibles en ligne pour mesurer les distances entre les trois horloges que l’on aura auparavant identifiées comme on pourra.

PS : je ne vous incite pas à regarder ce qui peut se voir en ligne de la performance de Christian Marclay, ça ne rend rien : il faut le grand écran, l’espace autour et les canapés blancs.

Chaussure à mon pied ?

Comments Off

Voilà que je m’avise, triant et classant mes photos récentes, que le même jour – samedi 24 mai – dans la même ville – Londres – j’ai photographié sans en être consciente deux fois trois chaussures, certes dans des contextes bien différents : une gare et un musée. Une gare dans laquelle j’aurais pu aussi au passage et entre deux passages de trains enregistrer d’excellents pianistes, donc une gare à tout faire comme je les aime.

Pareille continuité photographique, en nombre et en nature (plus ou moins morte), ne se rencontre pas tous les jours et pourtant j’ai le déclencheur facile en particulier sur les étalages de souliers de belle facture.

Il me faut bien avouer aujourd’hui que, deux semaines plus tard, ni dans une vitrine ni dans l’autre, je n’ai encore encore arrêté mon choix.

Avenirs prometteurs bien différenciés dans leur genre

Comments Off

Moi quand je vois ça

j’ai des hauts le coeur

ça tombe bien ce sont des bavoirs

je peux donc vomir dessus.

(En vente en librairie-papeterie, si, si)

Filed under à chaud

Retour de Londres, “Périls de Londres” et mort de Pirotte

Comments Off

Ce samedi, je rentre de Londres où je participais au colloque Revealing lives : women in science 1830-2000. J’y ai parlé des femmes boursières et allocataires de la Caisse nationale des sciences (ancêtre du CNRS) dans les années 1930. J’ai fait quelques photos le long de mes trajets entre hôtel, Bloomsbury  Street, et Royal Society où avait lieu le colloque. Je ne me suis déplacée qu’à pied pendant les quatre jours passés dans cette ville où je n’avais pas séjourné depuis avril 1980 ; je voulais voir au mieux, à hauteur de mes yeux. En avril 1980, j’y étais précisément la semaine de la mort de Sartre et je me souvenais surtout de cela, cet événement survenu à Paris pendant que j’étais à Londres où il avait fait très beau. En fait la mort de Sartre était curieusement mon principal souvenir précis de Londres (alors que je n’avais jamais rien lu de Sartre).

Via twitter, dans l’Eurostar du retour, hier, j’apprends la mort de Jean-Claude Pirotte.

Dans les photos faites ces derniers jours à Londres, descendant Shaftesbury Avenue, il y a

et alors qu’aujourd’hui je rouvre le beau et astucieux livre de photos de Sylvie Doizelet accompagnées de textes de Jean-Claude Pirotte Les périls de Londres paru, comme plusieurs de ses livres, au Temps qu’il fait en 2010, je découvre que dans ce livre, p. 10-11, il y a

Ne levez pas les yeux. Le pendu se balance mollement. Vous risqueriez un coup de talon.

Jean-Claude Pirotte 1939-2014

Filed under la vie tout venant

Une émotion de Cinéma (comme dans les Cahiers du)

Comments Off

Dans leur 700e numéro (mai 2014) les Cahiers du cinéma collectionnent les émotions qui nous hantent. Ils en publient 140 qu’ils ont sollicitées, de gens de cinéma mais aussi d’écrivains (celle de François Bon par exemple). L’éditorial invite lectrices et lecteurs à jouer le jeu – et Pierre Ménard sur son blog Liminaire l’a magnifiquement fait – alors j’y vais très modestement de la mienne, dont je me souviens vous avoir déjà touché un mot (c’était en 2008 : ce qui est bien le signe qu’elle me hante).

Dans la cabine il y a Michele, petit, transi (il a eu tellement peur de sauter) et sa mère qui le frictionne, frotte fort, fort comme si leurs deux vies en dépendaient, frotte à décaper la peau et le cuir chevelu du garçon, et à en esquinter la serviette ; et puis la caméra prend du recul en même temps qu’elle s’élève et, dans toutes les cabines autour de celle des Apicella, découvre un fils et sa mère qui le frictionne et frotte aussi fort que celle de Michele ; le plan s’élargit encore, jusqu’aux vestiaires collectifs et là, d’autres fils et d’autres mères livrés aux mêmes angoisses.  Et c’est l’essence même de la relation des mères et de leurs fils que Nanni Moretti révèle. Les cabines et les vestiaires sont à ciel ouvert, les mères peuvent bien frotter (et j’ai frictionné les têtes et les dos de mes fils comme cela à la piscine municipale combien de samedis matins ?), les fils un jour auront froid au dos et à la tête, les fils un jour oublieront tout, comme Michele. D’ailleurs Freud nous l’a bien dit : faites, faites tout ce que vous voulez, mais quoique vous fassiez cela ne suffira pas. Je ne peux plus nager une longueur dans une piscine sans être hantée/portée par l’énergie désespérée des mères de Palombella Rossa.

Filed under variétés

Terreau des villes

Comments Off

Etroitement surveillé

filigrané anti-prédateurs

Entourage soigné.

Légèrement timbré

Comments Off

J’

écris

au

pèse

lettre

:

autant

dire

que

j’

en

suis

réduite

à

ma

plus

simple

expression

Filed under variétés

Remords au sommet (et invitation aux cigognes)

Comments Off

Dans un premier temps, ils ont hermétiquement recouvert le top of the top du Panthéon échafaudé aux fins d’en restaurer la coupole

mais, dans un second temps, ils se sont ravisés et viennent d’araser le clocheton sommital :

c’est clairement une invitation aux cigognes qui chercheraient où nicher dans le cinquième arrondissement de la capitale. D’ailleurs ils leur ont même délicatement posé, à la grue,  les brindilles porteuses.

Post scriptum : Dans l’exposition Marville qui se tient actuellement au Metropolitan Museum de New York, on peut voir une photographie de la même coupole, déjà entièrement échafaudée : c’était après la guerre de 1870 pour en réparer les dégâts sur l’édifice de Jacques-Germain Soufflot. Une exposition qui a beaucoup de succès : quand je l’ai visitée en avril, le très beau catalogue était en rupture de stock.

Photographie de Charles Marville (1813-1879). Paris, musée Carnavalet.

© Charles Marville / Musée Carnavalet / Roger-Viollet

Injonctions au rêve urbain

Comments Off

Moins fort, s’il vous plaît,

plus loin, s’il vous plaît, écartez-vous

Place au rêve.

Rubriques du blog

Recherche

Archives du blog depuis avril 2008

Sur Twitter

tous textes et photos copyright Martine Sonnet, sauf mention spéciale
var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-25117361-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();