L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for revues de questions

Question résiduelle mais de poids

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Les moteurs de recherches qui savent le zèle déployé par L’employée aux écritures pour répondre aux questions orphelines (requêtes que nul ne se bouscule pour satisfaire) n’hésitent pas à lui en soumettre. Ainsi du saugrenu crématorium combien pèsent les cendres ?

Je ne sais pas m’en dépêtrer et saisis donc  la question à mon tour, afin de voir  au bout de combien de pages l’internaute a été dirigé chez moi. Parvenue à la dix-neuvième page de réponses sans m’être reconnue je renonce : je ne partage ni sa patience ni sa curiosité. Personnellement, je ne me pose pas cette question tous les matins (ni même un sur deux).

Faire, le moment venu (rien ne presse), le choix des cendres comme trace résiduelle laissée à ses continuateurs, me semble relever d’un louable souci de discrétion, sans que j’éprouve le besoin d’en peser, au delà du pour et du contre, toutes les conséquences. Et je fais confiance aux catalogues des professionnels pour fournir le réceptacle adéquat, qu’intègre et vif on ait combattu en catégorie poids lourd ou en catégorie poids plume.

Alors je me demande ce qui peut bien conduire à se poser une question pareille. Pragmatique, j’élimine néanmoins la recherche d’un tarif d’affranchissement pour une expédition en colissimo suite à l’augmentation des tarifs postaux entrée en vigueur le 1er juillet dernier.

Reste la crainte d’un excédent de bagages par qui profiterait des vacances pour transporter dans les airs, sous cette forme, un être cher réduit à sa plus simple expression, en vue d’une dispersion en mer ou du sommet d’une montagne.

Et sa variante : l’alourdissement  redouté d’un sac à dos arrimé sur de frêles épaules, pour peu que d’ultimes volontés aient spécifié que le sommet devait être atteint non au moyen d’une dépose hélico mais bravement gravi pédestrement.

A ces heures-là plus personne n’a le dos large. Et le poids comme la chaleur des cendres traversent les épidermes et toutes les épaisseurs, percent tous les matériaux.

On le sait bien pour se souvenir de la brûlure des dernières pages d’un livre fort.

août 1, 2010

Questions qui se posent de temps en temps

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Séance de questions-réponses, comme à l’Assemblée nationale (mais avec la collaboration de nos moteurs de recherches favoris)

Martine Sonnet date de naissance : un dimanche d’octobre 1955, au petit matin ; selon l’état civil, mais je pourrais aussi proposer quelques autres dates tant il est vrai qu’on n’en finit pas de finir de se mettre soi même au monde avec plus ou moins de douleur.

Je ne tiens donc pas encore un blog de septuagénaires et en suis navrée pour l’internaute égaré qui en cherchait un. En revanche la quête d’une employée réceptive a touché son but : je me reconnais, bonne pioche.

En ce qui concerne les souvenirs du fonctionnement d’une maison, j’en ai, mais toutes les maisons ne fonctionnent pas de la même façon (par exemple au niveau des compteurs eau, gaz, électricité, des robinets, des chaudières etc.), et toutes les maisons ne laissent pas les mêmes souvenirs. Dans le cas particulier de la maison des morts, je transmets la question à Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski.

Je n’ai jamais goûté au gibier mangé sous torchon et si j’ai bien entendu parler d’ortolans qui se croqueraient ainsi assez goulument, à l’abri des regards, avec des petits craquements d’os, je n’en sais rien de plus que ce que j’ai lu dans la presse à propos de leurs amateurs.

Aux renseignements demandés sur un cimetière potager je répondrai que tous les cimetières le sont puisqu’on n’y mange les pissenlits par la racine.

Pour ce qui est des vies antérieures captées par photos l’historienne dix-huitiémiste, jamais très loin, fait remarquer que l’invention de la photographie étant somme toute récente, la part de nos vies antérieures captées par ce procédé ne saurait remonter au-delà de la Monarchie de Juillet, ce qui en réduit grandement l’intérêt.

Enfin, même si vous me le demandez très poliment, ne comptez pas sur moi pour vous montrer le saut de la mort au trapèze. Je n’ai pas envie, là juste maintenant, d’ajouter un opus à ma collection de vies antérieures ni, par conséquent, d’aller tout de suite mastiquer des pissenlits dans un cimetière, même potager.

Quant au problème du chat noir rue Edgar Quinet Béziers : moi je ne réponds que des chats noirs du Boulevard Edgar Quinet Paris XIVe arrondissement, qui longe le cimetière du Montparnasse monde.

avr 3, 2010

Sous prétexte de question d’appendicite, aller à Gabrielle Roy

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Parmi les questions récurrentes posées à L’employée aux écritures par les moteurs qui cherchent pour vous, à côté de toutes celles relatives à l’art du pliage des serviettes, il y a celle de l’appendicite.

Ou plus exactement des suites de l’appendicectomie, du normal et du pathologique, de ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire et à quel moment, avec quelles précautions, dans le cours de la convalescence. La précision clinique de certaines de ces interpellations me valant parfois des haut-le-coeur, je préfère ne pas m’arrêter à y répondre.

Heureuse, en revanche, que ces histoires d’appendicite m’amènent à évoquer une de mes lectures récentes les plus marquantes, celle du récit autobiographique de Gabrielle Roy La détresse et l’enchantement (éd. Boréal, 1984) acheté à la Librairie du Québec, rue Gay Lussac, à deux pas de mon bureau. Et comme je faisais remarquer au libraire que cet écrivain était bien à l’honneur dans son rayon littérature, il a souligné que Gabrielle aurait eu 100 ans l’année dernière, puisqu’elle est née, à Saint-Boniface au Manitoba, en 1909 (et morte à Québec en 1983).

Au Manitoba, sa famille lutte pied à pied pour exister dans sa langue – française -  une langue méprisée, cernée d’une culture autre, comme pour joindre les deux bouts. Pour en apprendre plus à son propos, je vous renvoie à cette page de François Bon qui en son Tiers Livre, de son séjour québecois, a très bien fait les choses pour donner envie de la lire. Merci à lui.

Le rapport avec l’appendicite j’y arrive : son récit d’enfance s’ouvre, à quelques pages près, sur l’opération subie à l’âge de 11 ans, événement fondateur dans la conscience qu’elle prend du monde – différent du sien – qui l’entoure. Il faut dire que La détresse et l’enchantement commence par ces mots : Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j’étais, dans mon pays, d’une espèce destinée à être traitée en inférieure ? Et que le séjour à l’hôpital et l’opération que les parents se saigneront aux quatre veines pour payer est décisif dans cette perception.

A 11 ans comme Gabrielle et dans le même sentiment que mon appréhension du monde progressait de façon fulgurante du fait de cette semaine passée en clinique, j’ai été opérée de l’appendicite. Comme s’il fallait en passer par cette anesthésie générale, au réveil alors tellement pénible – c’est mieux dosé maintenant -, pour que la conscience, dans sa totalité, s’éveille enfin. L’anesthésie générale, comme préalable à un réveil général, une sorte  d’ébrouement qu’on ne serait jamais allé chercher aussi loin.

Une expérience partagée, point commun entre Gabrielle et moi, parmi de nombreux autres apparus au fil de ma lecture. Par exemple : le fait que nos mères ayant déjà de nombreux enfants et surtout des filles, nous aient mises au monde au même âge tardif exactement, en terminant ainsi avec nous de leurs maternités. Et tout ce que cette position particulière dans la fratrie génère comme conséquences.

(D’ailleurs, pour en revenir à l’appendicite, ma crise s’était déclenchée en l’absence de mes parents, et mes soeurs aînées avaient pris les choses en main, faisant le nécessaire dans l’urgence qui s’imposait).

Ces opérations, qui se sont raréfiées me semble-t-il – aucun de nos fils n’y est passé -, cassaient l’ordinaire de nos jours et rompaient la marche de nos scolarités. Ce temps là, qui ne passait pas pareil, perdurait dans une dispense de gymnastique. Et malgré cela, phobie durable que ma cicatrice ne se rouvre.

A la clinique, pour la première fois de ma vie j’ai bu du thé, et alors que le personnel se désolait de devoir me faire partager une chambre d’adulte, quand je m’en réjouissais, fuyant comme je pouvais toute sociabilité enfantine, je nouais là une relation prolongée avec cette jeune femme dont il avait fallu interrompre une grossesse extra-utérine. Tous mes efforts pour me représenter cette douleur échouaient contre ma frayeur à l’idée qu’un enfant puisse ainsi prétendre pousser à l’extérieur de soi. Contre soi.

De nos ventres, de ce qu’il fallait parfois en extirper, de l’ordre social qui régnait autour de ces interventions, de ce qui pouvait s’en dire, de ce qui devait s’en taire : autant de leçons de vie accélérées.

Pour en revenir à Gabrielle Roy, que je continuerai à lire en allant chercher ses romans, (le libraire du Québec n’a pas fini de me voir), cette premier lecture me laisse – au-delà de tellement de reconnaissances -, grande ouverte une fenêtre avec vue sur le Manitoba. Je n’avais, jusqu’à la lire, pas la moindre idée de ce à quoi pouvait bien ressembler le Manitoba, de ce qu’on pouvait éprouver à vivre là-bas. Je mesure maintenant à quel point cela manquait dans mon paysage.

fév 20, 2010

Questions d’automne emportées par le vent

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Un certain temps que L’employée aux écritures n’avait pas pioché dans sa boîte à questions. Ce soir, les yeux bandés, c’est chose faite : réponses complémentaires à quelques internautes naufragés sur mon île par Google & co.

Sur l’usage du cageot en littérature, Pierre Michon, en majesté entouré de cageots de livres sur la couverture du beau recueil d’entretiens Le roi vient quand il veut fournit une réponse pratique : si la littérature s’intéresse peu au cageot, le cageot, lui, peut contenir de la littérature.

Le nom de l’employé de l’hôtel : quel hôtel, quel employé ? j’en ai tellement fréquenté ces deux dernières années, mais en tous cas, à Rouen l’hôtel s’appelait Astrid finalement.

Pour trouver un avocat chinois à Montparnasse ne cherchez pas dans la gare, c’est inutile, et je ne garantis rien pour le reste du Montparnasse monde, explorez plutôt le 13e arrondissement.

Les effets de la non écoute de l’employé, sont suicidaires.

J’encourage le jeune internaute cherchant un résumé intégral Martine Sonnet Atelier 62, pour épater son prof, à faire un petit effort : les chapitres sont courts et peuvent même se lire dans le désordre.

Peut-on voir le sexe d’un axolotl ? L’axolotl ne se regarde que les yeux dans les yeux : c’est là qu’il cache ses Armes secrètes.

Ma clé usb est passée dans la laveuse à linge quoi faire ? Merci de ne pas remuer le couteau dans la plaie : l’égarement en novembre de deux des miennes dans un TGV entre Paris et Grenoble, voiture 3, place 34, m’a complètement lessivée, essorée, tourneboulée.

A qui cherche des mots pour saluer une invitée je suggère de lire ou relire La visite de la vieille dame, de Dürrenmat, que j’avais vu jouer autrefois au Théâtre de la ville, il me semble qu’on doit en trouver là de bien tournés.

Enfin, le mien ne se terminant pas par 118, je suis au regret de ne pouvoir fournir le n° de téléphone d’Alain Veinstein dont je suis pourtant la fidèle auditrice (et fus l’invitée ponctuelle).

déc 9, 2009

Questions de septembre (avec Michaux pas loin)

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Les questions récoltées dans son jardin en septembre sauf une, L’employée aux écritures n’y répond pas – mais les traite néanmoins en pensant à Henri Michaux et à sa provocation à l’écriture, efficace jusqu’au tout venant des requêtes adressées à un moteur de recherche.

Quelqu’un cherche un conseil pour éclaircir une pièce. Quelqu’un cherche à savoir ce qui s’est passé dans l’audi de son mari. Quelqu’un cherche comment cacher une palissade de jardin. Quelqu’un cherche un itinéraire de dispersion des cendres. Quelqu’un cherche quoi faire pour son échafaudage pas en règle.  Quelqu’un cherche comment cirer une armoire normande. Quelqu’un dit juste : “les manteaux me surprendront toujours”. Quelqu’un cherche la version orchestrale du Mexicain basanéQuelqu’un cherche des instructions pour le réglage de la selle Proust*. Quelqu’un cherche si Denise a été employée dans mon entreprise. Quelqu’un cherche la notice sur les soins aux noyés. Quelqu’un cherche des idées fabuleuses. Quelqu’un cherche comment se remettre d’un évanouissement dû a une émotion forte. Quelqu’un cherche des recettes de cuisine datant de 1940 : mais là une réponse énergique s’impose : nous ne mangerons pas cette tambouille-là.

*Comme chacun sait, depuis que le Notulographe a attiré notre attention sur cet accessoire, la selle équipant les vélos agréés par la Poste spinalienne.

oct 8, 2009

Questions d’été : pas de 15 août pour les braves

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L’employée aux écritures séjourne dans un bocage charmant mais parcimonieux en connection internet, malgré souscription à une prometteuse Option Voyageur Illimité. L’an dernier, du même endroit, à la même période et avec la même logistique je parvenais à mettre en ligne des photos de vacances qui ennuyaient tout le monde comme il se doit.

Cette année, vous y échappez (mais pas pour longtemps) puisque mon External Modem me trahit, mais ma conscience professionnelle me fait néanmoins expédier quelques réponses à des internautes qui n’ont pas besoin qu’on leur fasse un dessin et constateront ainsi la bonne continuité du service.

C’est précisément le souci de mes semblables qui m’incite en premier lieu à mettre en garde la ménagère maniaque en quête d’unecireuse pour sol inégal : un sol inégal est intrinsèquement casse-gueule, n’allez pas en plus le cirer, croyez-moi, vos invités ne vous en voudront pas.

Au coeur de l’été, la sécurité reste la règle et j’appliquerai le même principe de précaution face à deux autres requêtes. Confectionner soi même un filet de hamac : dans le registre des travaux manuels, de belles réalisations auxquelles on ne penserait pas spontanément sont possibles, nos chers bambins nous le rappellent tous les ans à l’occasion de la fête des mères. Mais le macramé, s’il a, dans les années 1970, soigné bien des vagues à l’âme, assure-t-il pour autant la solidité attendue d’un hamac ? Que l’internaute qui rêve d’une balustrade de terrasse en béton d’occasion réfléchisse bien également avant de bricoler son installation. Les gardes-fous ne supportent pas l’approximation et un accident domestique est si vite arrivé.

Mon expérience personnelle est très limitée, quant à savoir si une dent de sagesse à extraire est-ce mieux l’hiver ou l’été ?  Les deux dont on m’a délestée l’an passé, ont été délogées l’une au printemps, l’autre en été, et je n’ai pas vu grande différence si ce n’est qu’en été la glace fond plus vite. Pas la peine d’y revenir : j’en ai fini avec toutes mes sagesses et leurs comparaisons saisonnières. 

Comment se présente sur une cape de vampire la couture du col. Moi qui me rentre, les soirs d’été, au vol de la première chauve-souris, je serai bien en peine de vous en fournir le patron. Allez plutôt louer ou emprunter le DVD d’un Nosferatu (Murnau ou Herzog, au choix) et faites des arrêts sur image pour étudier l’assemblage du col quand vous visionnerez le film.

La vitesse de lecture d’une page 21/29,7 me paraît varier d’un individu et d’un texte à l’autre, je ne me hasarderai donc à avancer aucun score. Et ce d’autant moins que les temps changent et que le format A4 n’est plus, loin de là, le seul qui se dévore des yeux. Dans le même ordre d’idée, on me demande comment plier une feuille a4 pour CV question à laquelle Thierry Beinstingel qui s’y connaît en CV roman serait bien mieux à même de répondre que moi.

Enfin, la proximité de septembre et de ses rituels est bien sensible au travers de certaines de vos préoccupations. Comme celle consistant à s’enquérir d’un cartable à roulettes lumineuses, à laquelle je réponds deux fois non : non au cartable à roulettes et non aux roulettes lumineuses. Ou celle relative aux petits fours à la fête de l’huma : je me réjouis d’être invitée au village du livre cette année comme l’an dernier, mais je n’ai personnellement aucun souvenir d’y avoir vu circuler des plateaux de petits fours. A la Fête de l’Huma, les petits fours, là n’est pas la question.

août 15, 2009

Question de mai avec poignée de cerises dans un chapeau

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Les questions de mai, j’en fais ce qu’il me plait, alors je ne m’intéresse qu’à une seule, jolie et bien de saison comment cueillir des cerises ?

Réponse : courrez voir ou revoir Le genou de Claire d’Eric Rohmer, film qui dispense la plus exquise leçon de cueillette de cerises de toute l’histoire du cinéma. 

Claire sur son échelle, dans l’arbre, et Jérôme, avec son chapeau, sous l’arbre, oeil à hauteur de genou : du genou, de Claire, le justement fameux.

Ce film, je l’ai vu dès sa sortie, en 1970, comme Elise ou la vraie vie de Michel Drach sorti la même année, mais celui-là enfoui dans ma mémoire jusqu’à ce que l’écriture m’y ramène. Adolescente toute ouïe à l’écoute du cinquième conte moral de Rohmer, je m’identifiais à ses personnages de jeunes filles, bien sûr, mais me projetais aussi, et pas qu’un peu, dans celui d’Aurora, la romancière manipulatrice…

“Historiquement” Le genou de Claire, Ma nuit chez Maud et Le beau mariage, sont mes trois films de Rohmer préférés et j’ai été très heureuse l’année dernière d’avoir l’occasion de parler avec leur monteuse Cécile Decugis, également monteuse, avant ceux-là, d’ A bout de souffle. C’est dire si j’étais dans mes petits souliers lorsque nous avons ensemble regardé chez elle des images qu’elle tenait à me montrer, tournées par elle en 2004 et 2005 autour de l’île Seguin. Tout se tient.

Depuis 2007, à mes trois films rhomériens -difficile de dire anciens- préférés, j’ajoute bien sûr Les amours d’Astrée et de Céladon, source de grand émerveillement et oeuvre magistrale de jeunesse du réalisateur

Les Six contes moraux, quand on les aime au cinéma, sont aussi très agréables à lire. Sur mes étagères l’édition originale de L’Herne en 1974, mais je m’aperçois qu’ils on été réédités plusieurs fois.


juin 3, 2009

Questions d’avril et cultiver son jardin

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On dirait bien qu’en avril les internautes ont tous la tête au jardinage.

Et en voilà qui me demandent une brouette motorisée, alors que je ne sais même pas s’il en existe. En tout cas pas la mienne : son fabriquant ne s’est jamais intéressé aux moteurs, seulement à la courbure des matériaux, bois ou fer, et à leur mise en forme.

On se propose aussi de créer un potager au milieu de la pelouse, initiative que j’approuve, sous réserve de l’accord du propriétaire du terrain. Reconversion à encourager même, par le gros temps que nous traversons.

Et j’en passe des questions sur les potagers au carré, les potagers de curés, les potagers du Moyen Age (pourtant jamais été médiéviste, même dans mon passé le plus antérieur) et autres idées pour potagers. Soyez créatifs ou alors adressez vous à des vrais spécialistes. Et en saison, le potage coulera à flots. 

Quand l’internaute d’avril ne songeait pas à ses planches de petits pois, il se posait de drôles de questions. Comment distinguer le sexe d’un furet ? Comment vider sa piscine avec des vases communicants ? Comment camoufler des vieilles tuiles ? Autant de questions qui me laissent coite.

Quant à savoir ce  que pense Diderot du cinéma, j’ai beau être une dix-huitiémiste patentée et l’aimer, le fils du coutelier de Langres, l’amant de Sophie, je ne m’avancerais pas beaucoup non plus. Mon conseil : lisez et relisez sa Lettre sur les aveugles à l’intention de ceux qui voient.

Il serait par ailleurs question d’un  feuilleton tourné à Bordeaux, alors là je dis : attention, la liberté d’adaptation a ses limites et l’on ne nous fera pas plus prendre Bordeaux-Saint-Jean pour Paris-Montparnasse qu’une vessie pour une lanterne.

La robe de la mère du marié d’hiver, vous avez raison, Chère Madame, d’y songer dès le printemps, en même temps qu’à sarcler vos navets : ces affaires-là se préparent longtemps à l’avance. Moi,  je la verrais chaude (un bon tweed par exemple), doublée, ras du cou, manches longues, épaulettes et boutonnières passepoilées. 

Quant à la méthode de pliage des serviettes en forme de locomotive le premier qui la trouve la passe à son voisin : enfin nos dîners mèneront grand train !

Sur ce, les questions jardin m’ont mis le puceron à l’oreille : il est grand temps que j’aille voir comment mes rosiers ont passé l’hiver, et les taupes si elles se tiennent tranquilles (du coup : pour le feuilleton du samedi, passez plutôt dimanche)

 

 

mai 6, 2009

Mars, juste une question, mais aller aussi dans ses marges

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Quels sont les accidents de lentille ?

A cette question transmise par Google, je pourrais bien sûr répondre, en tant que porteuse de lunettes, que l’accident de lentilles le plus fréquent s’appelle le caillou oublié. En effet, un tri déficient de ces légumineuses, vertes, blondes ou plus rarement corail (délicieuses celles cuisinées par A.A. la dernière fois qu’elle m’a invitée à déjeuner), et le petit caillou oublié, rond, sournois, ressemblant comme deux gouttes d’eau à une lentille, risque d’être la cause d’une prise de rendez-vous rapide chez votre dentiste habituel.

Mais je sais bien que l’arrivée de cette question sur le blog résulte mécaniquement du billet consacré au beau livre de Sébastien Rongier, Ce matin, et toute la gravité masquée par l’incongruité. Alors je la lis autrement et je suis frappée par la capacité du moteur de recherche à abstraire et traduire la matière du livre : une mère meurt dans un accident de voiture le jour où son fils étrenne les lentilles de contact substituées à ses vieilles lunettes, et la vie neuve promise avec par l’opticien.

Je suis troublée par ce raccourci surréaliste qui rapproche la mort accidentelle d’une mère, événement des plus graves qui soient, d’un souci avec des lentilles. Juxtaposition improbable de la taille et de la violence de l’événement avec la petitesse et l’insignifiance de la lentille, plante aux tiges si fines qu’elles ont vite fait de plier dans tous les sens quand on en cultive dans du coton humide pour montrer aux enfants.

D’accident et de mère, il est aussi question dans le livre de Patrick Souchon que je viens de lire, comprendre et aimer, La chanson de Nell. Celui qui meurt dans l’accident de voiture, c’est le père du narrateur, mais de cet accident naissent plusieurs écrivains, de mère en fils – mère dont la disparition, bien des années plus tard, justifie l’écriture de cette émouvante chanson de Nell. Se dire que les livres importants procédent souvent d’un accident, survenu ou à survenir, dans la vie de leurs auteurs ?

Pour en revenir à la question prétexte à ce billet, la logique des internautes qui posent en toutes lettres, formulées sous forme de question sémantiquement correctes avec point d’interrogation final, les questions qui les tracassent aux moteurs de recherche, me surprend toujours. Parce que cette logique suppose, en la poussant un peu, que certaines questions renfermeraient dans leur formulation même tous les termes de leurs réponses.

avr 5, 2009

Questions de février

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L’employée aux écritures n’aura jamais réponse à tout, mais veut bien faire encore un effort. Pour n’avoir compté que 28 jours, février n’en a pas moins été pourvoyeur de questions intéressantes confiées aux bons soins de moteurs de recherche (qui ont cru malin de les diriger chez moi).

Dire d’abord ma fierté qu’un internaute se soit adressé à moi dans la belle langue de Cervantès, avec ce qu’il faut de points d’interrogation dans tous les sens, et que mes restes de LV2 m’aient permis de comprendre sa question : ¿Quien es Bertrand de Olerón? à laquelle je me crois en mesure de répondre quelque chose comme :  ”no puedo decir, no lo conozco”. 

A qui pense qu’“on s’amuse dans les p’tits patelins” je répondrai : gardez-vous de toute généralisation hâtive, vous avez peut-être eu seulement la chance d’en traverser un le jour de sa fête patronale.

Abcisse ordonnée je m’en souviens jamais : creusez-vous un peu les méninges pour trouver un procédé mnémotechnique – c’est toujours ce que je fais dans ces cas-là et, par exemple, pour babord/tribord  et adret/ubac j’en ai trouvé qui fonctionnent très bien.

Par ailleurs, que le naïf qui compte sur moi pour le faire profiter de quelques astuces pour faire un sonnet se mette également au boulot lui même ou renonce à la poésie – ce qui serait sans doute la meilleure solution pour les anthologies à venir.

J’invite l’internaute en quête d’un écureuil roux qui dort et celui s’interrogeant sur la plus grosse fourmi du monde à se rapprocher, ils pourraient avoir des choses à se dire. Pour l’écureuil, je suis arrivée trop tard, il était réveillé et déjà parti d’un bon pied.

Je fais remarquer à qui la cherche que  je ne peux pas sortir de mon i-photo habituel une vue ouest-est de la fontaine du potager sans en savoir plus sur la fontaine et sur le potager et que la proximité qu’on en déduit de l’une avec l’autre ne suffit en aucun cas à les localiser ;  je m’y connais très mal en GPS – n’en ayant pas encore équipé mon vélo – mais je ne crois pas qu’ils me contrediraient.

Bien qu’employée aux écritures, je ne suis pas du tout intéressée par la réalisation d’une étude de marché, même quand il s’agit d’un stylo-plume : il y a belle lurette que je préfère écrire directement sur mon clavier, même si je m’étais acheté mon stylo plume homonyme quand celui-ci était apparu sur le marché (suite à une étude de, bien faite, au moins dans ma famille, côté paternel).

La vie d’un jardin de banlieue, que vous en dire ? L’écureuil roux dort et la plus grosse fourmi du monde s’est mise au régime : vous voyez, il ne s’y passe pas grand chose.

Que serait un monde sans livres ? En attendant que l’Angleterre rejoigne la zone euro et que les kilos de cerises cessent de se partager en deux moitiés égales, c’est très difficile à imaginer, pour la dissert, choisissez l’autre sujet.

mar 12, 2009

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