L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for la vie tout venant

Force de la nature en ville

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Ajout du 28 septembre 2014 : ce billet a une suite, ici.

Toute ressemblance avec des événements et des personnages réels ne saurait être fortuite

j’ai tout vu de ma fenêtre.

jusqu’à la nature reprenant ses droits contre les usages ludiques, conviviaux ou marchands de la souche.

(Sous ma fenêtre les mardi, jeudi, samedi se tient le marché.)

Ajout du 28 septembre 2014 : ce billet a une suite, ici.

août 17, 2014

Autre mystère dans la rue des Feuillantines

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C’était mercredi dernier et, si je comptais bien venir l’écrire ici, le trouble causé restait un peu trop prégnant pour que je m’y risque avant ce soir.

J’arrivais à mon bureau, donc mercredi matin le 6 août, par la rue des Feuillantines, peu de voitures étaient garées en son long parce que ces deux semaines le quartier s’est vraiment vidé (le pub angle Ulm/Gay-Lussac est désormais fermé, c’est tout dire) ; je suivais des yeux le caniveau. Il pleuvait ce qui n’avait rien d’original. Je ne sais pas pourquoi – enfin si un peu tout de même – j’ai ouvert du bout de ma sandale (inappropriée au temps qu’il faisait) une lettre sans enveloppe format A4 plié en 3 mais en l’occurrence replié d’un seul tiers, détrempée. Je l’ai dépliée du bout du pied parce que j’ai reconnu l’en-tête du papier à lettre, celle d’un grand éditeur parisien, et que je m’étonnais que cette correspondance visiblement personnelle traîne dans le caniveau. Je ne l’ai pas ramassée mais me suis penchée et ai lu le nom du destinataire : c’était celui d’un historien – je n’oserais dire un collègue. Un historien mort en 2013 à qui il m’est arrivé d’avoir affaire dans des jurys d’audition (lui, entouré de ses pairs, moi l’examinée seule face à eux) en vue d’un éventuel recrutement. Il faut dire que j’en ai passé de ces auditions, pendant huit ans et plusieurs par an – comme une année où je m’étais propulsée du jour au lendemain de Lille à Bordeaux, enceinte et à mes frais, pour des prunes et beaucoup de fatigue.  Donc les historiens (toujours plus nombreux que les historiennes dans ces jurys) que j’ai tenté d’impressionner par mes projets et mes éventuelles qualités compensatoires de  la tâche originelle consistant à ne pas être agrégée, sont légion. Fin de digression et retour rue des Feuillantines (dont j’ai évoqué ici même  il n’y a pas si longtemps un autre mystère de caniveau), et à mon ébahissement lisant le nom de cet historien que je sais bien n’être plus de ce monde et son adresse parisienne, que je connaissais pour n’être pas dans ce quartier. Je n’étais pas encore au bout de cet ébahissement puisque, d’une part, la lettre était datée du mois d’avril 2014 et s’adressait à lui comme à un bien vivant – ce grand éditeur parisien ne tiendrait pas ses fichiers à jour ? – et qu’il s’agissait de son relevé annuel de droits d’auteur pour,  je dirais, une bonne douzaine de livres publiés chez lui. J’ai eu la discrétion de ne pas lire plus avant les sommes qui s’additionnaient ligne après ligne mais dont la résultante m’a semblé ne pas compter plus de trois chiffres entiers, donc rester relativement modique eu égard à l’oeuvre plus que respectable.

Je n’en écrirai pas plus sur l’expéditeur ni sur le destinataire de ce courrier mais, tout de même, la présence de cette lettre, adressée par un éditeur à son auteur mort et enterré depuis l’an passé comme s’il se portait au mieux, et abandonnée – mais par qui diable ? -comme un vulgaire dépliant publicitaire ou un tract dans un caniveau où elle n’aurait jamais dû s’échouer m’a donné, et me donne encore, beaucoup à penser.

août 11, 2014

Retour de Londres, “Périls de Londres” et mort de Pirotte

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Ce samedi, je rentre de Londres où je participais au colloque Revealing lives : women in science 1830-2000. J’y ai parlé des femmes boursières et allocataires de la Caisse nationale des sciences (ancêtre du CNRS) dans les années 1930. J’ai fait quelques photos le long de mes trajets entre hôtel, Bloomsbury  Street, et Royal Society où avait lieu le colloque. Je ne me suis déplacée qu’à pied pendant les quatre jours passés dans cette ville où je n’avais pas séjourné depuis avril 1980 ; je voulais voir au mieux, à hauteur de mes yeux. En avril 1980, j’y étais précisément la semaine de la mort de Sartre et je me souvenais surtout de cela, cet événement survenu à Paris pendant que j’étais à Londres où il avait fait très beau. En fait la mort de Sartre était curieusement mon principal souvenir précis de Londres (alors que je n’avais jamais rien lu de Sartre).

Via twitter, dans l’Eurostar du retour, hier, j’apprends la mort de Jean-Claude Pirotte.

Dans les photos faites ces derniers jours à Londres, descendant Shaftesbury Avenue, il y a

et alors qu’aujourd’hui je rouvre le beau et astucieux livre de photos de Sylvie Doizelet accompagnées de textes de Jean-Claude Pirotte Les périls de Londres paru, comme plusieurs de ses livres, au Temps qu’il fait en 2010, je découvre que dans ce livre, p. 10-11, il y a

Ne levez pas les yeux. Le pendu se balance mollement. Vous risqueriez un coup de talon.

Jean-Claude Pirotte 1939-2014

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mai 25, 2014

Habiter Paris (depuis un an)

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C’était le 29 avril 2013 vers 16h30. Les camions juste vidés de nos meubles et effets divers augmentés de quelques cartons de livres auxquels ils avaient fait franchir le périphérique s’apprêtaient à reprendre la route. Les regardant de notre fenêtre donnant sur le boulevard (providence des déménageurs qui avaient hissé le tout au moyen d’un monte-meuble jusqu’au troisième sans ascenseur) nous poussions un grand soupir de soulagement. Ouf c’était fini et sans casse aucune.

Un an a passé, cinq cartons restent à vider (sans parler de ceux, non dénombrés, translatés d’une cave à l’autre), les platanes ont accompli leur tour complet, bien plus pressés de reverdir en 2014 qu’en 2013.

Depuis que j’habite ici, je me suis documentée sur la vie des platanes. D’abord par crainte d’y être allergique quand à peine dans la place, moi qui y suis peu sujette, je me suis vue secouée d’une toux déplaisante. Mais il n’en était rien fort heureusement, juste une atteinte virale lâchant prise d’elle même en quelques semaines.

Et je me suis redocumentée à leur propos ce printemps, constatant qu’une nouvelle génération de petits fruits verts – les akènes pour les appeler par leur nom – parsemait les frondaisons quand ceux de l’an dernier, grossis et roussis, tenaient toujours aux branches. Je m’inquiétais de leur cycle de reproduction mais j’ai appris que les platanes d’alignements urbains relevaient d’une variété hybride stérile. Donc rien à en attendre. Juste le plaisir de leur verte compagnie.

Deuxième étage de 1956 à 1977

premier étage de 1977 à 1983

deuxième étage de 1983 à 1988

troisième étage de 1988 à 1999

rez-de-chaussée de 1999 à 2013

troisième étage depuis 2013

Tels sont les hauts et les bas relatifs de mon existence locative.

avr 27, 2014

Fonds de poches

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Pour finir l’année je retourne mes poches

(mais sans les coudre comme je ferais du col et des poignets râpés d’une chemise pour qu’elle sauve encore une pauvre apparence)

seulement pour les vider

poussière grenue qui en tombe

rien qui justifie le vide-poche – au mieux le coup de plumeau

juste des mots

grains sans éclats de voix

impropres au phrasé

sans suite

ni tenants ni aboutissants

mots pas justes : ceux-là je continue à les chercher l’an prochain

je n’ai pas fini (j’ai commencé tard)

l’écriture condition de continuité

ma seule solution

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déc 27, 2013

D’un usage perdu du dimanche soir

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Beaucoup plus jeune, je cirais mes chaussures tous les dimanches soirs et l’avenir me souriait tous les lundis matins. Mais les années filent et les semaines naissantes portent de moins en moins de promesses alors je me suis défaite de cette habitude. Je ne cire plus mes chaussures que tous les 36 du mois comme je me mets sur mon 31 : en prélude à un événement de la carrure d’un entretien d’embauche ou d’un rendez-vous avec un éditeur renommé – événements dont la probabilité de m’advenir tend désormais vers le zéro virgule zéro. Le dimanche, quand je m’y adonnais le dimanche, l’opération cirage s’imposait comme l’un des rites d’une soirée qui voyait tous les compteurs se remettre à zéro pour les sept jours à venir. Il y avait lieu, dans ce temps-là, d’attaquer les lundis du bon pied, certes, mais les deux chaussés comme à neufs. Toutes mes paires de chaussures susceptibles d’être de saison étalées sur du papier journal dans l’entrée de l’appartement, je lançais un appel à la cantonade proposant d’étendre mes services à tous les souliers qu’on voudrait bien me confier et dont je prendrais un soin irréprochable. Assise par terre en tailleur, autour de moi, posés en rond, chaussures et matériel : une boîte ronde métallique de cirage noir et un tube de Baranne crème incolore qui ferait l’affaire pour tous les autres coloris, un chiffon de coton fin, découpé dans un dos de chemise blanche usée pour étaler, un chiffon doux, laine et soie, ancien foulard, pour reluire. Matériel que je rangerai dans sa boîte – boîte à chaussures – et cette dernière dans un bas d’armoire normande, la procédure terminée. Rien à voir avec l’accablement qui me saisit aujourd’hui quand, mue par un sursaut d’espoir, je me résouds à la même tâche après avoir en vain tenté de la déléguer. Le cirage trop vieux se craquelle dans sa boîte quand le Baranne incolore au contraire, liquéfié, fuit son tube. Dieu merci, comme les dimanches soirs les chaussures ont bien changé et la plupart des modèles que nous portons s’accomodent de l’absence de toute forme d’entretien leur vie durant tout en sauvant leurs apparences, même les grands jours.

(Une version précédente de ce texte était parue anonymement dans le blog collectif Le convoi des glossolales)

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oct 27, 2013

Message en l’absence de L’employée

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Ce blog est en vacances à la montagne

mais je garde l’oeil.

Enfin, la plupart du temps.

août 23, 2013

Fin de marché

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Le marché qui s’y tient les mardi, jeudi et samedi n’est pas le moindre des agréments du boulevard sur lequel j’habite depuis peu. J’aime en particulier voir, vers 13 heures, s’empiler les cageots, les paniers et la marchandise remballée par le marchand de légumes dont l’étal est juste à la verticale de ma fenêtre. Un artiste en heureuses compositions dont nous autres dans les étages sommes les seuls à pouvoir goûter toute la saveur.

Un peu plus tard, autour d’amoncellements de hasard, cageots jetés en vrac avec leurs derniers fruits ou légumes oubliés ou trop défraîchis pour repartir pour un tour, c’est l’heure des glaneuses et des glaneurs.

Je gardais très présent à l’esprit le beau film d’Agnès Varda et son glaneur humaniste du marché Edgar Quinet, figure familière à qui fréquente assidument le Montparnasse monde, mais je n’imaginais pas que les glaneurs puissent être aujourd’hui à Paris aussi nombreux ni aussi dissemblables. Un défilé de silhouettes de tous âges et de toutes mises, mêlant ceux qui passent en voisins chercheurs d’aubaines à ceux venus de plus loin, ballottés d’un marché à l’autre au gré des jours de la semaine et à qui, hormis les restes récupérés en fin de marché,  la vie ne fait pas de cadeaux.

juin 30, 2013

Montparnasse monde vu de ma fenêtre

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Au soir, un vrai feu d’artifice

et sa flamme bleue. J’ai déménagé, quitté le bout de l’allée pour le boulevard. Et m’en réjouis.

mai 6, 2013

Mot d’excuses avec digressions

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L’employée aux écritures prie son lectorat fidèle de bien vouloir excuser son inconstance ces temps-ci : c’est qu’elle se prépare à déménager et que, pour tout vous dire, ce déménagement implique une longue et soigneuse préparation compte tenu de la réduction, de l’ordre du tiers, du nombre de mètres carrés qui seront à sa disposition, à loyer égal, passant de la ville de banlieue dans laquelle elle a toujours vécu depuis l’âge de six mois (à quatre adresses différentes, tout de même, j’ai déjà déménagé dans ma vie) à la ville capitale. Le tri sélectif avant mise en cartons prend donc un certain temps.

Le 29 avril prochain, les jeux seront faits, je serai Parisienne (mais trop tard pour ressembler à celles de Kiraz qui me faisaient rêver sur le papier glacé des Jours de France que notre mère rapportait, après moult consultations, du cabinet médical dans lequel elle faisait le ménage – cf  Atelier 62, chapitre 7 – enfin si vous l’avez parce que pour la Sodis il manque toujours : c’est un vrai faux indisponible).

Dans tout ce que nous manipulons ces jours-ci, partageons, réorientons, transmettons suivant les cas, il y a des boîtes de Légo, beaucoup de boîtes de Légo, vraiment beaucoup de boîtes de Légo, de toutes les tailles et de toutes les gammes et chacune avec sa notice. Il fut un temps, dans un appartement antérieur, ou une surface non négligeable de notre salle de séjour était en permanence jonchée de ces petites briques, exactement comme dans cette scène si juste du Caïman de Nanni Moretti où parents et enfants cherchent ensemble la pièce qui manque. Car il manquera toujours une pièce.

Illustration : Mur de briques de la boutique Légo de Manhattan, NYC, un soir d’octobre 2012.

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avr 13, 2013

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