L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for utopiques

Variation sur un thème de Francis Poulenc

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L’heureux événement s’est produit récemment dans le hall d’entrée de mon lieu de travail : la vénérable cabine téléphonique a donné le jour à un petit photomaton encore collé au flanc de sa mère (dont on pouvait raisonnablement penser qu’elle avait passé l’âge d’enfanter).

Le petit photomaton est de la famille de ceux des gares, il ressemble comme un frère à celui du Montparnasse monde dont je vous avais entretenu au temps où je veillais quotidiennement sur ces lieux. Même rayonnement et même gabarit.

Moi cette apparition me fait penser au charmant poème de Maurice Carême mis en musique par Francis Poulenc, Le carafon, que je vous invite à écouter chanté par Régine Crespin.

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oct 3, 2013

Voir ou être vu

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Il y aurait donc tant de choses à voir que l’on se presse de la sorte ? Le pauvre spectacle de nous grouillant à ce point couru ? Qui pour vendre les billets, empocher les bénéfices ? Et ces arrogants du premier rang de quel passe-droit ont-ils usé ? Ceux derrière ne verront rien. Comme d’habitude.

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sept 21, 2013

Place à prendre (position élevée)

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Le roi viendra quand il voudra, son trône l’attend, mais la royauté bat de l’aile.

août 24, 2013

Celle à sa croisée : une et multiple

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Comme moi désormais souvent scotchée à ma fenêtre sur le boulevard (j’habitais jusqu’à très récemment au bout d’une allée sans grand spectacle, ceci explique cela), mais elle réduite à sa plus simple absence d’expression, je l’ai aperçue ce jour vers 14 heures.

Quand je suis repassée vers 20 heures (j’avais fini ma journée) ma quasi voisine avait refermé sa croisée et s’était légèrement décalée vers la droite. Pourquoi ?

Elle m’a fait penser à la femme 100 têtes de Max Ernst. Le ciel avait changé lui aussi.

Additif : et ce lundi torride, à la croisée grande ouverte, elles étaient deux.

juil 19, 2013

Conversation au sommet

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- Je voudrais que nous ayons une conversation au sommet, vous me suivez ? Ces fauteuils nous tendent les bras.

- Vous n’êtes plus bien au ras des pâquerettes ?

- Vos propos manquent terriblement de hauteur de vue.

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juin 8, 2013

Décrochements berlinois

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Penser qu’à vivre dans ces maisons derrière les façades décrochées, forcément, notre vision du monde changerait

nos certitudes vacilleraient, nos raisonnements à angles trop droits gauchiraient

notre cartésianisme en prendrait un petit coup. Mais on s’habillerait pas cher, au décrochez-moi-ça, à Mauerpark.

jan 5, 2013

Domestication des arbres en ville

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Dans cette ville, où je me trouvais hier, on ne badinait pas avec les arbres.

Tirés au cordeau et que rien ne dépasse

ou culottés de blanc.

Et ceux qui ne filaient pas doux on se passait de leurs services.

Pour Noël on avait d’ailleurs trouvé la parade.

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déc 29, 2012

Poules, dents et patience, patience

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Le jour où les poules auront des dents, il y a fort à parier que celles-ci ne les garderont pas bien longtemps, faute de moyens pour se les faire soigner – et pourtant leur régime alimentaire, dans lequel les cailloux ont toute leur place (cf. le contenu de leurs gésiers quand il s’agit de les débarrasser de leurs reliefs à des fins culinaires), aura tôt fait de les esquinter. Certains humains, espèce dentue de longue date, fournie en principe à maturité de 32 unités de découpe, déchiquetage, et broiement pas que de noir, de l’incisive à la sagesse tard venue, si elle arrive un jour, en passant par la canine, la pré-molaire et la molaire (celle qui est dite “dent de six ans” j’ai longtemps cru quand le dentiste m’en parlait qu’il s’agissait de dent de cisant dérivée comme sa collègue incisive et le ciseau du verbe ciser), se voient d’ailleurs eux-mêmes contraints de renoncer à les entretenir. Mais comme dans les temps, généralement qualifiés « de crise », que nous traversons, les occasions de sourire se raréfient, le retour des bouches à brèches et à chicots passe encore relativement inaperçu.

Les poules ne perdent finalement pas grand chose à attendre encore un peu. Celles qui s’ébarvolent dans la basse-cour qui peuple mon bureau (de la maison, pas du bureau – je ne m’y permettrais pas une compagnie pareille, et j’y ai celle du héron devenu coutumier des toits qui m’entourent) ne manifestent d’ailleurs à ce sujet aucune impatience.

(Variante augmentée et illustrée d’un paragraphe initialement confié au collectif Convoi des glossolales le 7 novembre 2010.)

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mar 11, 2012

Pantoufle à essayer (souillon s’abstenir)

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Ne cherchez plus, je sais où elle est, la pantoufle de verre dont on prétendait nous faire gober que ce n’était pas du  VERRE mais du  VAIR.

Sornettes cette histoire de fourrure d’écureuil. Le doute n’est plus permis : la pantoufle est de verre. Cassante. Translucide, reflets bleutés – je dirais bleu dragée. Pas des plus discrète (bien qu’invisible) ni facile à assortir. Mais ce n’est pas grave : j’ai tout de suite vu, de l’extérieur du magasin, que ce n’était ni ma pointure, ni ma hauteur de talon – et ne parlons pas du prix. Je ne suis pas entrée demander si, dans le même esprit, mais mieux adaptée à ma morphologie, au terne nuancier de ma garde-robe et à mes habitudes de longue marcheuse, un modèle un peu ressemblant existerait – une fin de série laissée pour compte ? J’ai compris d’emblée que je ne serais guère mieux accueillie dans la boutique qu’un Amand, que j’ai bien connu, cherchant sa paire de sans-gênes quand plus personne ne se souvenait de ces souliers si confortables.

Mais si quelqu’une, moins terre à terre, souhaitait essayer la pantoufle de verre – dans l’espoir de tout le bonheur qui s’en suit et de beaucoup d’enfants –  je lui communiquerais volontiers l’adresse du bottier. Moi, l’âge venant, les contes de fées… Encore qu’une bonne paire de bottes de sept lieues, même de seconde main, ça je ne dirais pas non.

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fév 5, 2012

La fabrique de paragraphes

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La fabrique de paragraphes fonctionne à flux tendu : jamais sûre de la production du lendemain.

La fabrique de paragraphes s’est beaucoup automatisée ces dernières années : désormais, un seul ouvrier – qui est souvent une ouvrière – suffit par ligne de production. Il est loin le temps des équipes en 3X8.

La fabrique de paragraphes fait pour certaines commandes, très spécifiques, appel à la sous-traitance. Il en est ainsi de la production de strophes, notamment quatrains et tercets, ainsi que leurs combinaisons deux à deux bien connues sous le nom de sonnets. Les commandes de haïkus sont, pour leur part, honorées depuis la nuit des temps par une filiale établie au Japon.

Dans la fabrique de paragraphes, ils redoutent le jour où les romans fleuves sortiront tous de leurs lits en même temps : les digues ne sont pas si solides.

L’activité de l’atelier serrurerie de la fabrique de paragraphes connaît une expansion qu’on aurait eu peine à imaginer il y a seulement cinq ans. Les nouveaux supports d’écriture ont fait littéralement exploser la demande de mots clefs et la pénurie de main d’œuvre est désormais endémique dans le secteur

A la fabrique de paragraphes, au DEFDIC (département définitions de dictionnaires) ils ont encore eu des mots et c’était à qui aurait le dernier. Le rappel à l’ordre alphabétique a été sévère.

Quelle que soit la complexité de ce qu’elle entreprend de vous expliquer (ou de vous démontrer dans le cas d’un théorème), la fabrique de paragraphes ne vous fera jamais un dessin. N’y comptez pas. Pas outillée pour.

Impitoyable avec les veuves et les orphelines, la fabrique de paragraphes les chasse et tourne la page.

(Reprise de quelques unes de mes contributions anonymes au collectif Convoi des glossolales publiées l’hiver dernier, illustrées du détail d’une machine à recycler les paragraphes oubliée au bord du chemin)

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juil 31, 2011

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