L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Gaupillat : fabrique à sauver

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Au Bas-Meudon, le bâtiment (murs de briques, sheds, cheminée) de la fabrique Gaupillat, est aujourd’hui le dernier témoin architectural debout de l’activité industrielle et de la vie ouvrière du Val de Seine. Sur l’île Seguin, à sa hauteur, et sur l’autre rive, les maigres lambeaux de façades Renault conservés sont dépourvus de sens. Réhabiliter la fabrique Gaupillat où l’on a produit des cartouches puis des pompes à vélo, jusqu’en 1997, c’est donc la dernière chance à saisir pour porter plus loin ce passé qu’on voudrait escamoter, constitutif pourtant des bords de Seine aux abords de Paris et, bien sûr, l’aventure humaine – moins lisse que les façades vitrées qui s’élèvent tout autour – qui lui est liée.

L’association La Fabrique se bat pour que le permis de démolir, demandé par les propriétaires, ne soit pas suivi d’effet, mais qu’au contraire le bâtiment soit classé, sauvegardé, et que le projet d’aménagement en lieu de culture et de création dont l’association est conceptrice et porteuse se réalise. Toutes les informations et la pétition à signer sur leur site internet. Merci de votre soutien, absolument nécesaire.

Lire aussi dans Le Parisien et Metro.

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nov 10, 2010

Montparnasse monde acéphale (avec iPads)

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Acéphales, sensiblement asexués, sans âges, du moins sans grands âges, et épidermes quasi incolores : les iPadistes, suspendus, ont envahi ces jours derniers le Montparnasse monde. Leur relative indétermination sexuelle nous épargne les stéréotypes déplaisants, encore qu’il y aurait à dire sur certaines tenues dominante rose (comme s’il fallait tout de même que). Les ongles sont dénués de vernis et, quand on peut les regarder de près, les mains sont égales dans l’insignifiance,  au-delà d’être toutes assorties à de jeunes cols deux fois blancs.

Les partis pris de la campagne publicitaire d’Apple ne cessent de m’intriguer. Ces êtres sont couchés – quand on s’attendrait à les voir faire l’éloge de la mobilité – et dénués des qualités qui nous définissent “à vue d’oeil” dans nos vies quotidiennes. Les iPadistes, corps réduits – fraction d’abdomen, cuisses et mains  blanches – n’ont pas figure humaine mais affichent leur jeunesse décontractée et occidentale.

La saturation de mon champ visuel par ces personnages n’empêche pas que se profilent, comme  à contre-jour, les exclus que ce choix implique : les moins jeunes, les moins blancs, les moins sveltes ou les habillés autrement qu’en jean. C’est ce qui me gêne dans la campagne d’Apple : son caractère exclusif. Je me souviens des publicités United Colors de Benetton, parfois limites certes, mais qui nous réveillaient quand celles-ci, avec leur peuple uniforme d’allongés, nous endormiraient plutôt.

La confiscation “bien portante décomplexée” des possibles prodigieux de la tablette vantée – virtuellement libérateurs  à condition de pouvoir suivre – suggérée par les images choisies  a quelque chose de déplaisant. Ce n’est pas un progès “partagé par tous”, comme on dit à la SNCF, qui s’affiche, loin de là.

juil 23, 2010

Les repasseuses donnent de la voix du 24 au 27 mai

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Du lundi 24 au jeudi 27 mai, sur France Culture, tout à la fin des Passagers de la nuit, ce qui nous amène vers 23h40-45, est diffusée ma nouvelle contribution à l’émission produite par Thomas Baumgartner, sous forme de 4X5 minutes pour deux voix.

Le texte s’appelle “Non mais, t’as vu le tableau ?” et sera lu par deux comédiennes puisque le tableau ce sont les deux repasseuses de Degas appartenant au musée d’Orsay, l’une qui baille et l’autre qui pèse de tout son poids sur son fer. Avec une petite aide de ma part, elles prennent enfin la parole. Deux femmes qui ont des choses à se dire et à nous dire et pas seulement sur l’art du repassage.

Mon choix fixé – mon coeur a un temps balancé entre les repasseuses et les joueurs de cartes de Cézanne – j’ai eu des émotions parce que du musée d’Orsay (en rénovation) où je les cherchais un soir d’hiver, elles avaient pris la poudre d’escampette. Je les ai heureusement retrouvées, dans Paris, au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, prêtées pour l’exposition temporaire La splendeur des Camondo.

J’aime beaucoup écrire ces textes à contrainte formelle forte. Exercice stimulant, par exemple, pour le travail de la ponctuation nécessaire pour transmettre, par écrit, à celles qui parleront le rythme et le phrasé que l’on entend spontanément soi-même en écrivant. Et puis grand plaisir éprouvé, lors des enregistrements, à observer et écouter les comédiennes se saisir du texte et l’enrichir. Merci à Julie Monnet et Evelyne Guimarra qui font parler les repasseuses et à Clotilde Pivin pour sa réalisation.

Bien sûr “Non mais, t’as vu le tableau” s’écoutera aussi (après le coup de fer) en ligne et se podcastera (et j’en profite pour dire que le succès des podcasts de France Culture fait vraiment plaisir). Pour mémoire, ma première collaboration aux Passagers de la nuit s’appelait “Couture à domicile” et avait été diffusée en novembre 2009.

Une suggestion pour prolonger l’écoute : plutôt que de faire du repassage, relire ou lire L’assommoir de Zola, dont j’avais oublié toute la richesse depuis ma lecture de lycéenne, ainsi que ses fabuleux Carnets d’enquêtes préparatoires que pour ma part je n’avais jamais ouverts.

Récupérer l’émission de lundi 24, mardi 25, mercredi 26, jeudi 27.

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mai 21, 2010

Solidaire avec les Bibliothèques en Seine-Saint-Denis

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Je relaie bien volontiers le communiqué de l’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis publié à l’issue de son assemblée générale extraordinaire du lundi 22 mars. Je partage son inquiétude : des bibliothèques en Seine-Saint-Denis, ces derniers temps, j’en ai fréquenté plusieurs et mesuré combien l’action de leurs équipes engagées pour la lecture, au service de tous, dans leurs murs et rayonnant bien au-delà, est une nécessité plus vitale que jamais.

« LECTURE PUBLIQUE EN DANGER DANS LE 93 »

Le Conseil Général de Seine-Saint-Denis doit voter son budget 2010 le 8 avril prochain.

De premiers arbitrages budgétaires ont été annoncés, particulièrement catastrophiques pour les acteurs et associations culturels du département notamment pour deux structures qui oeœuvrent quotidiennement pour la promotion de la littérature jeunesse auprès des enfants, des professionnels de la lecture publique… :

* Le Centre de Promotion du Livre de Jeunesse (CPLJ) organisateur du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, verrait sa subvention baisser jusqu’’à 80%, ce qui met en péril la qualité artistique et culturelle du Salon ainsi que toutes les actions et rencontres culturelles ayant lieu autour tout au long de l’année, notamment dans le champ de la lecture publique.

* Livres au Trésor centre de ressources en Seine-Saint-Denis sur le livre de jeunesse et acteur culturel chargé de l’animation du réseau des bibliothèques de Seine-Saint-Denis, verrait sa subvention tout simplement supprimée, ce qui représente 2/3 de son budget et entraînerait donc la disparition de cette “institution” pionnière, militante, et singulière qui a soufflé sa vingtième bougie cette année.

* L’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis verrait sa subvention baisser de près de 20% alors qu’elle se voit confier, en plus de ses missions premières d’animateurs de réseau  désormais célèbres dans la profession comme le festival littéraire Hors Limites et l’animation de groupes de travail  (Internet et multimédia, FLE/LVE, comité de lecture des Revues contemporaines, Images et cinéma, comité de lecture adolescentes…), des missions supplémentaires et d’’une autre ampleur : formation ; prestation de services aux bibliothèques du département ; aides diverses…

La mobilisation est en cours : des rendez-vous ont été pris avec les responsables à la fois administratifs et politiques du Conseil Général ; des courriers ont été adressés au Président ; des Assemblées générales extraordinaires organisées ; les élus du département ont été sollicités…

A l’heure actuelle nous ne savons pas ce qu’il ressortira exactement de tout cela.

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mar 31, 2010

“Couture à domicile” : une seule adresse

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Pour tous vos travaux de “Couture à domicile”, la bonne adresse c’est celle des Passagers de la nuit sur France Culture, du 2 au 5 novembre.

Quand Thomas Baumgartner m’a proposé d’écrire pour la série “2 voix 5 minutes” qui clôture l’émission (les 5 minutes sont les 5 dernières, diffusées vers 23h40/45 juste avant Du jour au lendemain d’Alain Veinstein), j’ai été très heureuse, parce que j’aime beaucoup écouter ses Passagers de la nuit. Mais aussi bien prise au dépourvu parce que j’étais fermement décidée à ne jamais écrire une seule ligne de dialogue, par flemme d’aller à la ligne, de saisir un tiret et d’ouvrir des guillemets à tout bout de champ… Et puis quoi inventer ?

N’empêche que très vite est venue l’idée de “Couture à domicile”, un sujet qui me permettait d’utiliser les contraintes formelles de la série (continuité/discontinuité des 4 fois 5 minutes et continuité des deux personnages).

Donc “Couture à domicile”, c’est une couturière et sa cliente, quatre séances d’essayages, quatre vêtements, quatre moments dans la vie des deux femmes, en 1950, 1962, 1970 et 1975. La confiance qui s’installe et les confidences, le temps de tourner un peu pour voir si ça pose bien de partout. Attention aux épingles.

Merci à l’équipe de l’émission, à Séverine Cassar et aux deux comédiennes, Charline Paul, la couturière, et Anne-Lise Heimburger, la cliente : passé par leurs ondes et voix, le texte est bien plus beau qu’au sortir de mon clavier !

On peut encore les écouter en ligne : elles sont archivées.

PS : si d’habitude quand les Passagers de la nuit passent vous dormez, il suffit de les podcaster pour ne pas les rater.

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oct 29, 2009

Forum Libé sans parité (mais avec toilettes sèches)

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Merci à Fabienne Swiatly de nous avoir fait partager sa colère : au Forum Libé qui se tient à Lyon jusqu’à demain, on compte 10% de femmes parmi les intervenants. Rien à ajouter : si ce n’est qu’en se forçant un peu, ils auraient pu faire l’économie du côté DAMES de leurs toilettes sèches dont ils sont si fiers (et que je me retire de la société des lecteurs).

P.S. Parce que ces temps-ci L’employée aux écritures manque d’image, n’ayant toujours pas eu le temps de régler son problème d’Olympus, ajout d’une photo, sans autre rapport avec le sujet que d’avoir été prise à Lyon et qu’on peut toujours dire que  puisqu’elle n’est pas au forum Libé, la concierge est sans doute dans l’escalier.

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sept 19, 2009

Laissez Monsieur Hulot fumer tranquille !

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Trouvée à l’instant dans ma boîte, je relaie illico la pétition à signer sur cette page du site de la Ligue des droits de l’homme, pour que ceux qui nous transportent en train, en bus et en métro retrouvent un peu de sang froid et restituent dans les plus brefs délais à Monsieur Hulot l’usage de sa pipe, sottement masquée par un moulin à vent sur leurs affiches de l’expo que lui consacre la Cinémathèque, parce que là vraiment, ça ne s’appelle plus politiquement correct mais connerie pure.

Et pourquoi pas un casque et un gilet fluo pendant qu’ils y sont…

Voir aussi Rue89 et Pierre Assouline il y a quelques jours

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avr 17, 2009

Blog en deuil de chat

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Le chat Moumine - ainsi dénommé en hommage au troll invité favori des lectures du soir faites des années durant à nos fils dans leur plus jeune âge -, admirable bête, vaillante et d’humeur égale,  et la meilleure compagnie d’écriture qui soit au monde,  s’acquittant à la satisfaction générale (jamais reçu la moindre plainte) des fonctions qui lui avaient été confiées il y a un an à l’accueil de ce blog et d’une page du site, s’est endormie aujourd’hui de son sommeil définitif. 

Assistée avec toute la douceur possible et pour lui éviter qu’à très court terme la sorte de nénuphar (comme aurait dit Bison ravi) qui lui poussait dans la poitrine depuis quelques temps – ses quintes de toux venaient de là – ne l’étouffe. Le diagnostic confirmé par une image radiographique ne laissait malheureusement pas place au doute sur l’issue prochaine, douloureuse pour la bête si l’on ne l’anticipait pas à temps. Ce que nous avons fait, en conscience et gratitude pour les années partagées.

Tristesse.

 

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avr 16, 2009

“24 City” élévation sur décombres d’usine

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Une semaine tout rond que j’étais tenaillée par l’envie de voir 24 City, parce que j’avais lu ce qu’en disait Le Monde mardi dernier au soir, veille de sa sortie, et que c’était prometteur. 24 (entendre Twenty-Four) City, film de Jia-Zhang-Ke, un cinéaste chinois dont je n’avais rien vu encore, malgré tout le bien entendu à propos de son film précédent, Still Life.

Maintenant que je l’ai vu une première fois qui ne restera pas longtemps la seule (je crois bien qu’au temps du cinéma permanent j’aurais enchaîné deux visions), je ne saurais trop conseiller de courir le voir toutes affaires cessantes. Et pas seulement parce que dans l’usine 420 qu’on abat dans la ville de Chengdu, au centre de la Chine, il y avait, nous disent les ouvriers, un atelier 61 et un atelier 63 – ce qui serait pourtant une raison presque suffisante pour m’émouvoir.

Mais parce que les voix, les visages et les archives brutes en gros plan qui racontent ce qu’on fabriquait là, dans cette usine-ville vers laquelle on avait de longtemps afflué de campagnes lointaines, comme les images de la dévastation des lieux, pour y édifier des résidences de luxe, on les a lus/vus/entendus à Billancourt, autour de l’atelier 62, comme sur le parking de Daewoo à Fameck. 

Des univers en étroite et étonnante résonance, du plus symbolique – les lettres de l’enseigne au fronton qu’on arrache ou les bulldozers qui arasent, des Daewoo justement – au plus infime. Parfaite concordance des lieux, des gestes, des souffrances dites, celles du travail et celles des vies déracinées toutes entières dévolues à l’usine, dans des contextes géopolitiques éloignés mais au bout du compte, à quelques décennies près, réduits par les mêmes lois du capital.

Grand trouble ressenti aussi devant la proximité de nos regards et de notre écoute, que notre empathie soit portée par l’écriture ou par l’image. Des images magnifiques de bout en bout, jusqu’au plan panoramique final sur la ville et ce qu’elle est devenue, son gigantisme que l’on découvre seulement quand il ne reste rien de l’usine et que génération après génération les ouvriers qui l’ont faite se sont tus et éclipsés du tableau.

(Et pour prolonger, parce que j’y ai pensé en voyant le film, ce lien – vers le Japon cette fois – pour explorer de troublants vestiges d’industrie, superbement photographiés, merci à ses découvreurs)

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mar 24, 2009

Pyramide des âges, notoriété et effets de genre

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L’employée aux écritures qui n’est pas une téléspectatrice assidue, bien au contraire, passant inopinément hier soir, vers 23h45, devant un écran de TV allumé sur FR3, a vu brièvement pour la première fois à quoi ressemblait Ce soir (ou jamais!), émission très suivie jusqu’au Japon.

Et je me suis étranglée de rire et de rage en constatant que le plateau d’invités réunis sur le thème “Ils ont cent ans et ils regardent le monde” pour faire raconter le XXe siècle par des gens qui en avaient vécu au moins les trois quarts – le benjamin avait 79 ans et l’aîné 98 – comptait trois hommes pour une femme. Etonnant paradoxe démographique : trois femmes et un homme auraient été plus représentatifs de la classe d’âge.

Je suis retournée lire, assez consternée que même quand on a franchement le dessus en nombre – près de six femmes centenaires pour un homme établit l’INED -, on n’ait pas droit au moins à la parité sur un plateau de talk-show !

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déc 19, 2008

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