L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for la vie tout venant

Ordre de réexpédition temporaire

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Ce mois de juin, je blogue pro, je m’explique : je suis invitée par le blog collectif interdisciplinaire Espaces réflexifs, une initiative née sur twitter autour de nos échanges sur nos façons de faire et d’être dans nos recherches.

J’y prévois un billet hebdomadaire chaque fin de semaine, sous forme de journal, ce sera un Essai d’ego-histoire au plus-que-présent, c’est ainsi que j’ai intitulé ma série.

On peut donc lire :

Bienvenue dans ma vie de bureau, posté le samedi 2 juin

Aperçus vie de bureau, semaine 23, posté le dimanche 10 juin

Aperçus vie de bureau, semaine 24, posté le dimanche 17 juin

Aperçus vie de bureau, semaine 25, posté le dimanche 24 juin

Aperçus vie de bureau, semaine 26, prendre congé, posté vendredi 29 juin

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juin 3, 2012

Terminus frigo*

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Sur la face ventrale il y avait Nicolas Bouvier et Antonio Lobo Antunes et quelques heureux souvenirs de musées dans des villes comme Londres, Vienne, Lisbonne, Bruxelles, ou New York – assez récents ceux-là.

Sur le flanc, du moins le flanc visible, côté machine à café, le caro, caro Nanni se posant des questions sur La cosa, cette chose devenue indicible qui avait fait Parti il y a longtemps, entouré de billets souvenirs. Autant de petits instants de vie plaisants partagés dans des théâtres, le plus souvent de la Ville, du Rond-Point et, en voisins, 71 à Malakoff, ou diverses salles de concert et dont on était heureux de garder trace.

Je me souviens qu’une thèse de sociologie a été consacrée aux décors de frigos familiaux. Je contribue, avec ces images du nôtre saisies juste avant dislocation, à fournir en matériaux d’étude la poursuite de la recherche. Parce qu’il s’est avéré un dimanche récent (après courses du matin au marché et de la veille au supermarché) que l’entrebaillement de sa porte exhalait un souffle d’air chaud en lieu et place de la petite fraîcheur attendue. L’hypothèse d’une aggravation soudaine du réchauffement climatique écartée, je passe sur la visite du spécialiste envoyé par la maison mère de l’appareil, son diagnostic sans appel, la commande d’un successeur au frigo 1999-2012, la gestion à flux tendu de l’approvisionnement pendant une douzaine de jours et la livraison du frigo 2012-?

S’il est trop tôt pour évoquer le décor du nouveau venu dans la cuisine, sa ligne n’étant pas encore clairement affirmée, je soulignerai en revanche son heureux éclairage interne, désormais zénithal, sublimant le moindre pack de yaourts nature à 0% par un effet lumineux digne des meilleurs scénographes.

Je ferai part aussi de notre perplexité devant la documentation papier fournie en français, allemand, néerlandais et italien nous informant des caractéristiques principales de l’appareil et des précautions à prendre pour le mettre en service puis le conserver en état de marche jusqu’au terme que les directeurs de la société de consommation lui ont assigné. Le problème n’est pas celui d’un éventuel charabia auquel nous n’aurions rien compris, puisque la traduction en français depuis la langue originale de Goethe et du fabriquant nous a semblé très correcte. La version francophone est même tellement correcte qu’il y en a deux, trop rapidement prises pour des doubles, alors que deux discrètes mentions fr-FR et fr-BE distinguent les publics auxquelles les brochures s’adressent.

Leur comparaison rigoureuse met en évidence des différences sensibles entre modes de vie de cuisine et habitus familiaux de part et d’autre du Quiévrain. Deux exemples : la tentation de placer des canettes dans le congélateur semble ne titiller que les esprits de nos voisins belges, seuls à s’en voir dissuader, tandis que celle de s’asseoir dans un tiroir de congélation serait propre aux enfants français. Leurs parents sont en effet les seuls à être mis en garde sur ce point : les enfants belges, pas plus qu’italiens, ni allemands – d’après nos compétences linguistiques réunies – n’auraient l’idée d’un jeu pareil. Ouf, les miens ne sont plus de taille.

* Titre hommage au Terminal frigo de Jean Rolin bien sûr.

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mar 27, 2012

L’employée écrit parfois ailleurs

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Cette semaine pas de nouveau billet chez L’employée aux écritures, pour la lire mieux vaut passer sur le site ami remue.net. Merci à Dominique Dussidour pour l’accueil et la mise en ligne des extraits d’un texte en chantier depuis bientôt quatre ans.

Ceci n’est pas une photo en noir et blanc (contrairement à ce que l’on pourrait croire).

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nov 19, 2011

Rêveuse au bord du terrain

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Je sais très bien, maintenant, pourquoi ce rêve, cette nuit, qui m’a tellement étonnée au réveil, du bord du terrain de hand ball où je me trouvais attendant qu’une des deux équipes disputant le match (toutes les deux maillots très sombres à peine distincts)  fasse appel à moi comme remplaçante. Mon tour viendrait et là était bien la source d’angoisse teintant le rêve d’une ombre cauchemardesque. Je suis en effet la dernière personne à qui faire appel dans un sport collectif avec ballon. Même à dimension ludique, comme une simple partie de balle au prisonnier dans une cour d’école ou de volley ball sur une plage. A supposer que je rajeunisse et/ou que je m’expose au soleil sur une plage et à la compagnie de joueurs potentiels situations aussi improbables l’une que l’autre sorties de  ma vie onirique.

Le ballon du rêve, c’était celui (mis à part sa matière évidemment) qui avait circulé de main à main dans mon wagon d’Intercités Flers-Paris hier au soir. Wagon inconfortable : ces engins nous secouent par moment à tel point qu’il est même simplement impossible d’y écrire sur un clavier, et complet – et d’autant plus inconfortable que complet, car n’offrant aucun repli.

A côté de moi entre L’Aigle et Dreux, sur les genoux de son père au bel accent portugais,  une petite fille de 3 ou 4 ans avec ballon cadeau de quelque enseigne ou de pochette surprise, dont j’aurais été prête à parier qu’il éclaterait avant la fin du voyage, ce qui n’a miraculeusement pas été le cas.  Quelques rangs devant nous, en face, une mère et un bébé encore au sein, pleurant souvent, que ma petite voisine allait régulièrement observer. Elle voulait absolument lui donner son ballon pour calmer ses pleurs et plusieurs fois l’a donné, puis repris, puis redonné, puis repris. Le bébé bien incapable de le tenir en main lui-même, et le ballon encombrant sa mère. Mais personne, d’un côté ni de l’autre, n’expliquant à la fillette que le ballon ne convenait pas à un si jeune enfant, ce qui aurait peut-être calmé le jeu (un peu fastidieux pour le voisinage).

Voilà une partie du pourquoi, après ce voyage fatigant, je me suis rêvée cette nuit joueuse de hand ball remplaçante. Il faudrait sans doute creuser par ailleurs la question du bord du terrain, comme celle de l’état de  joueuse remplaçante, mais cela nous entraînerait trop loin.

Sur ma tablette, j’avais déposé, comme désormais pour tout voyage au départ ou à l’arrivée de Paris Montparnasse ou de son malheureux avatar Paris Vaugirard, un exemplaire de Montparnasse monde bien en évidence, avec toujours l’espoir qu’un jour une contrôleuse ou un contrôleur un peu curieux… espoir jusqu’à présent déçu.

Mais ce qui a été particulièrement appréciable pendant ces trois jours de campagne, c’est que les haies d’aubépines étaient en fleurs, moment propice chaque année à la plus heureuse complicité paysagère avec le cher pays du nom de Combray.

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avr 25, 2011

Art de la perruque à Billancourt

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Aujourd’hui arrive chez nous ce cartable retrouvé à l’été 2008 dans le grenier de la vieille étable faisant office de cave quand nous avons vidé la maison de nos parents (pour reprendre l’expression de Lydia Flem). Mon frère aîné (et seul garçon de la fratrie) se souvient de ce cartable et pour cause : il est allé à l’école avec, au début des années 1950.

Il se souvient surtout que ces cartables tout cuir étaient fabriqués à la Régie Renault, à Billancourt dans l’atelier de sellerie, par un ouvrier originaire de Céaucé (comme nous) qui fournissait ses copains pères de famille. Parmi eux, notre père qui lui travaillait aux forges. (Et il va sans dire que pour aller de Céaucé à Billancourt, passage obligé par la gare Montparnasse, la dernière fille comme le père)

Excellente qualité des matériaux du cartable qu’un petit coup de cirage ravigote (j’aime bien les petits fermoirs métalliques), excellentes finitions. Les coutures n’ont pas lâché. Juste l’usure d’une bonne cinquantaine d’années au rebut.

En langue d’usine, c’est de la perruque, ces objets à usage personnels fabriqués avec les matériaux et l’outillage de l’atelier, sur le temps de travail. Et cela fait partie de ces petits arrangements pris avec le système pour rendre les choses supportables, forme d’appropriation matérielle de la raison d’être là, rivés à l’usine. Histoire de reprendre un peu la main.

Et aujourd’hui, avec nos façons nouvelles de travailler, c’est quoi la perruque se demande très justement Christian Fauré ?

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mar 27, 2011

“virgule d’une part virgule” (Pierre Bergounioux)

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C’était vraiment une belle semaine, au cours de laquelle j’ai rencontré Régine Robin, puis le même jour, mercredi 26, écouté Antonio Lobo Antunes à la librairie Compagnie et enfin, j’en rentre juste, bu les paroles, tout à l’heure au Petit Palais, de Pierre Bergounioux et Charles Juliet en un dialogue magistralement mené par Dominique Viart.

Pour reprendre dans l’ordre, avec Régine Robin nous avons beaucoup parlé – en déjeunant place de Catalogne – de villes en général, de Paris en particulier et du quartier de Montparnasse en encore plus particulier, de voyages (que je ne fais pas alors qu’elle est une parfaite globe-trotteuse) et d’historiens. Je l’ai étonnée en lui rappelant sa thèse sur les cahiers de doléances du bailliage de Semur-en-Auxois qui nous était donnée en modèle quand j’ai commencé mes études. Nous avons échangé sur notre expérience commune de curiosités extra-disciplinaires, linguistiques puis sociologiques dans son cas, alliées à une forte tentation littéraire pas forcément très bien comprises dans notre milieu professionnel…

Sortant du Millésime 62, elle m’a proposé de passer chez elle prendre un Mégapolis, les derniers pas du flâneur – échangé contre un Montparnasse monde. Grand moment : Régine Robin réside, quand elle est à Paris, dans le long immeuble donnant sur le Jardin Atlantique d’un côté, l’avenue du Commandant Mouchotte de l’autre. Celui dont la façade sert de toile de fond à mon profil twitter. Elles est mouchottienne, c’est son terme. Occasion de saisir quelques vues inédites, mais il fait très gris et je ne retouche pas la luminosité.

A 18 heures ce même jour je me suis propulsée de la rue d’Ulm à la petite salle en sous-sol de l’ancienne librairie de la place Paul Painlevé dans laquelle se tiennent les rencontres d’auteurs invités par la librairie Compagnie. Pleine à craquer et toutes les marches de l’escalier aussi. Antonio Lobo Antunes est arrivé, assez frigorifié et tout le monde voulait le débarrasser de son manteau, mais il ne s’est pas laissé faire, voulant le garder jusqu’à ce qu’il ait moins froid. Et puis il a parlé doucement, accent superbe, surtout pas de son livre nouvellement traduit, Mon nom est légion, ce qui ne facilitait pas la tâche du libraire animateur, qui aurait bien aimé tout de même qu’il en parle un peu… Mais non, c’est trop intime de parler des livres disait-il, alors il livrait plutôt : son enfance, ses grands-parents, le Brésil, l’Allemagne, sa fratrie (ses parents : quatre garçons les cinq premières années du mariage et encore deux plus tard), la guerre, l’écriture, le cancer, les honneurs. Amusée d’entendre Alain Veinstein qui le recevait vendredi soir pour ce même livre partir lui du principe que son interlocuteur ne parlerait pas du livre…

Et puis voilà qu’hier soir sur twitter Gilda* annonce que Pierre Bergounioux intervient au Petit Palais cet après-midi dans le cadre de “Littérature en vérité” ce qui bouleverse de fond en comble mon programme ménager du dimanche. En fait parlent ensemble de “l’expérience intérieure” Pierre Bergounioux et Charles Juliet, avec Dominique Viart. Ce dernier a parfaitement préparé la rencontre et aucune parole ne se perd, que ce soit à propos des rapports journaux/oeuvres, des récits de filiation, du renoncement à la fiction, de l’écriture sur les autres (Descartes ou Faulkner pour Bergounioux, Beckett ou Bram van Velde pour Juliet), de la littérature comme suture du sensible et de l’intellection. Des lectures d’extraits des deux auteurs par eux-mêmes, choisis et cochés par Dominique Viart sur ses exemplaires qu’il leur passe, émaillent les échanges. C’est un moment précieux. De temps en temps Pierre Bergounioux verbalise la ponctuation de ces phrases, façon de nous rappeler qu’il aime la grammaire… Mise en ligne annoncée – et espérée très vite pour que tout le monde en profite – sur le site de France Culture paraît-il.

Satisfaction aussi cette semaine d’un premier écho de lecture de Montparnasse monde, dans sa version couchée sur papier, sur le web : c’est Romain Verger qui le signe. Du coup j’ajoute au blog une page Montparnasse monde Actualités. Vraiment une belle semaine.

* Sur le blog de Gilda, le compte rendu illustré de l’après-midi (et je mesure que dans le mien j’ai oublié de parler de la soudure !)

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jan 30, 2011

Etats de service

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L’employée aux écritures qui dans sa vie réelle vient de franchir aussi allègrement que ses vieux os friables le lui permettent le cap des 55 ans a, en conséquence, illico reçu de la Direction Générale des Finances Publiques, Services des Retraites de l’Etat, un récapitulatif de sa longue mais assez impressionniste carrière. Dans une enveloppe bleu azur, d’abord prise pour une pub essayant de se faire passer pour un document officiel, comme font parfois les officines de VPC et les loteries.

L’enveloppe ouverte et son contenu authentifié, tout y était, depuis mon premier mois de travail d’été, pile 16 ans et encore lycéenne. Sans une lacune, la suite continue de mes jobs sous des statuts plus improbables les uns que les autres, parfois se chevauchant, un tiers temps par ci, des vacations par là et encore des vacations ou des cours par ci, dans des bibliothèques puis dans des institutions de recherche ou d’enseignement supérieur avec détour par quelques emplois dans le privé, avant mon recrutement au CNRS de 1995.

Donc entre 1972 et 1995, j’ai été successivement employée par la Bibliothèque La joie par les livres (agent saisonnier) la Bibliothèque Sainte-Geneviève (déléguée dans les fonctions), la Bibliothèque nationale (collaboratrice occasionnelle à mi-temps), le CNRS (vacataire), l’université François Rabelais de Tours (vacataire), l’Ecole des hautes études en sciences sociales (vacataire), l’Ecole normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud (vacataire), l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne (vacataire), l’Institut nationale de recherche pédagogique (maîtresse auxiliaire), les éditions du Cerf (rédactrice), Malesherbes publications (documentaliste à mi-temps), la Compagnie générale des eaux (rédactrice à mi-temps), le Collège de France (vacataire), l’Institut catholique (chargée de cours) puis enfin le CNRS, à temps plein, ingénieure de recherche.

Dans cette liste d’employeurs il y en a que j’avais complètement oubliés. Et compter, tous ces emplois mis bout à bout, déjà 38 ans de travail salarié derrière moi (mais je ne les fais pas).

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déc 12, 2010

Souriante de la tête aux pieds (avec bottines)

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Je ne me résouds pas à me débarrasser de la boîte de ma dernière paire de chaussures achetée. D’habitude, je ne m’encombre même pas de la boîte, je l’abandonne à la caisse du magasin, assurant à la vendeuse qu’un sac me suffit. Toujours la même vendeuse dans la même petite boutique vêtements et chaussures – les chaussures 49 € la paire ou 80 les deux, au choix – où je me fournis aussi de jupes longues et pas chères, au bout de la rue Delambre, côté Quinet.

Mais pas cette fois, je cède à l’effort commercial du chausseur, qui s’intéresse autant à mon humeur qu’à mes pieds en me proposant

qui manquait à mon bonheur de grande marcheuse ; je rapporte donc la boîte à la maison et l’expose, priant chacun de bien vouloir s’extasier devant ma trouvaille.

Et voilà que partant chaque matin du bon pied grâce à mon heureux achat, ne finissant pas de me féliciter de ce que, grâce à lui, l’automne sera moins maussade, même quand les bourrasques se lèveront, je me prends à rêver d’autres boîtes tout aussi magiques, dont  nous déballerions, de l’écrin de papier de soie au gré de nos envies, besoins ou humeurs du jour

LA BOTTINE SAVANTE LA BOTTINE SOLIDE LA BOTTINE SERVILE LA BOTTINE SERVIABLE LA BOTTINE  SUEDOISE LA BOTTINE SADIQUE LA BOTTINE SADIENNE LA BOTTINE SONORE LA BOTTINE SERIEUSE LA BOTTINE SANGUINE LA BOTTINE SYLVESTRE LA BOTTINE SEXUELLE LA BOTTINE SOCIALE LA BOTTINE SPLENDIDE LA BOTTINE SURFINE LA BOTTINE SURFEUSE LA BOTTINE SENSIBLE LA BOTTINE SOLUBLE LA BOTTINE SENSUELLE LA BOTTINE SOUCIEUSE LA BOTTINE SOIGNEUSE LA BOTTINE SUSPECTE LA BOTTINE SANGLANTE LA BOTTINE SORDIDE LA BOTTINE SOCIABLE LA BOTTINE STUPIDE LA BOTTINE SEPTIQUE LA BOTTINE (ANTI)SEPTIQUE LA BOTTINE SOLAIRE LA BOTTINE SOLVABLE LA BOTTINE SEVERE  LA BOTTINE SUBLIME LA BOTTINE SINCERE LA BOTTINE STOIQUE LA BOTTINE SAPHIQUE LA BOTTINE SPACIEUSE  LA BOTTINE SECRETE LA BOTTINE SANS-GENE LA BOTTINE SOUMISE LA BOTTINE SPECIALE LA BOTTINE SPECIEUSE  LA BOTTINE SEYANTE LA BOTTINE SALUBRE LA BOTTINE SUPERBE LA BOTTINE SENSASSE LA BOTTINE SEREINE LA BOTTINE SONNANTE (MAIS PAS TREBUCHANTE) LA BOTTINE SEMBLABLE LA BOTTINE (INVRAI)SEMBLABLE

Cherchez, fouillez, essayez et demandez le contrepied à l’intérieur.

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oct 11, 2010

Des corps taillés à l’identique

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C’est une photo dans un journal daté d’avril 1967. Les fondeurs et les forgerons de la R.N.U.R. se montrent dans les rues de Billancourt, mécontents de la fin programmée de leurs ateliers, dont le fameux 62. De tous récents accords Peugeot/Renault, entérinent la délocalisation prochaine des fonderies et des forges de Billancourt à Hagondange et Mulhouse.

Dans le cortège, au troisième plan, à l’extrême gauche, un homme ressemble étonnement, de corpulence et d’allure à mon père, et sur sa tête le béret signerait l’identité. Mais la photo, même sur la coupure originale du journal, n’est pas de très bonne qualité. Subsiste un doute quant aux traits du visage, même si le port de tête rappelle le sien. C’est troublant cette ressemblance. Je recadre la photo de plus en plus serré, mais le peu de netteté s’en trouble à chaque fois.

Est-ce qu’un même labeur, aussi physique soit-il, peut à ce point façonner deux démarches et deux corps semblables, deux cages thoraciques exactement de la même ampleur ? Ou bien dois-je dissiper l’ombre de mes doutes et affirmer que c’est lui ?

C’est possible, après tout, il y travaillait encore pour six mois, à l’atelier 62.

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août 6, 2010

Semaine 27 cinq jours en juillet

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Ma semaine ouvrable (au cas peu probable où Libé me la demanderait pour son édition de demain) ; je m’étais déjà livrée une fois à cet exercice sur le blog.

Lundi 5. Pour l’essentiel, la journée tend vers le rendez-vous de 18h30 à l’Atlantique avec Jérôme Wurtz pour parler de son travail cinématographique sur Billancourt et son histoire familiale qui, comme la mienne, passe par là mais venant d’Alsace et du Nord dans son cas. J’aime bien donner des rendez-vous à l’Atlantique, une brasserie idéalement placée pour qui fréquente la gare Montparnasse et se prêtant assez bien à travailler tranquille avec son espace à tables rondes relativement espacées et son wifi. Jérôme parti dans l’idée d’une adaptation d’Atelier 62 évolue vers un travail personnel, riche de sa propre histoire et de ses lieux à lui, comme le puissant 57, rue du Vieux Pont de Sèvres, auquel il intègre des éléments venant de mon “texte usine”, mes chapitres numérotés en romain. Il double ce travail de création d’un autre travail universitaire conduit avec un historien des techniques spécialiste de l’usine Renault de Billancourt dont il reconstitue les ateliers en 3D. Je suis heureuse de tous ces développements. Je lui ai apporté un exemplaire du CD de chansons de forgerons recueillis par Noëlle Gérôme que je possédais en double. Plus tard en soirée, constat de la disparition (à éclaircir) des poissons du petit bassin de l’entrée de l’immeuble sur lequel en tant qu’occupants du rez-de-chaussée et amis des bêtes nous veillons pour la collectivité (réduite à 4 appartements). Et pour finir un régal : le Don Giovanni retransmis en direct depuis Aix sur Arte dont nous approuvons la mise en scène / mise en questions par Dmitri Tcherniakov.

Mardi 6. “Sarkozy doit partir” c’est ce que je lis à la une de France Soir avant de comprendre que je prends mes désirs pour des réalités et que mes lunettes sont à changer une fois de plus. En fait ce qui barre la une de France Soir c’est : “Sarkozy doit parler” ; ça m’étonnait bien un peu, cette prise de position du rejeton de l’oligarchie russe actuel patron du journal. Aujourd’hui résultats du bac, mais je ne suis plus maternellement concernée, c’est fini pour nous depuis l’année dernière et je me revois recevant la bonne nouvelle assise à la terrasse d’un café face à la gare de Toulon. C’était la semaine de ma tournée des plages du Var. Un peu de monde aux portes des lycées proches de l’école qui abrite mon bureau, alors qu’hier j’avais trouvé le quartier particulièrement vide. Peu de suspense pourtant, je pense, pour les élèves scolarisés dans ces parages…  Sur mon chemin de retour, c’est twitter qui m’annonce la mise en ligne dans la revue été 2010 de remue.net du texte que j’ai lu lors de la récente nuit de lectures de l’association, juste avant de trouver le mail de Dominique Dussidour m’en informant. Quant aux poissons rouge en copropriété j’apprends sitôt rentrée qu’ils sont en villégiature dans une baignoire du deuxième étage pour cause de fuite insidieuse vidant leur bassin : ils ont failli finir sur le flanc.

mercredi 7. Pas tous les jours que je vais au bureau sous un chapeau de soleil : aujourd’hui oui et je le suspends derrière ma porte.

Mon directeur de labo (historien du théâtre qui n’a pas aimé le Don Giovanni de lundi soir et en particulier son “déclassement” de l’aristocratie XVIIIe à la bourgeoisie  XIXe – le décor unique en était un typique salon bourgeois) a la gentillesse de me signaler quand j’arrive qu’il vient de lire dans un ouvrage collectif récent Bourdieu et la littérature (mon directeur de labo est heureusement très ouvert à la sociologie, surtout bourdieusienne) un article citant Atelier 62 pour son inscription dans un courant actuel de récits de filiation empreints de l’apport du sociologue. Consultant sur internet sa table des matières, je me dis que l’auteur de cette contribution doit être Dominique Viart qui a déjà écrit ailleurs sur mon livre et m’avait invitée à son séminaire à Lille l’an dernier. Une descente à la librairie Compagnie à l’heure du déjeuner me le confirme. Je pousse jusqu’à la papèterie  la plus proche pour l’achat de mon agenda papier septembre/septembre, complément qui reste indispensable aux divers agendas à la technologie plus avancée dont j’use également. J’ai déjà des choses à écrire desssus, comme les dates du séminaire  Femmes au travail, questions de genre, XVe-XXe siècles, puisque je viens de bloquer les réservations de salles, une conférence à Beauvais en mars, ou les Rencontres à lire de Dax, le week-end du 1er mai au cours desquelles j’irai lire en bonne compagnie.

Jeudi 8. Je travaille chez moi : de l’avantage des chantiers qui, même conséquents, tiennent sur une clef USB. Ce n’est pas la chaleur qui me retient dans ma banlieue encore assez verte – j’avouerais même que j’aime qu’il fasse chaud – mais un rendez-vous banlieusard à 13 h. Dans ma ville et, plus précisément, tout près de la place terminus et correspondance de plusieurs lignes de bus où a été découvert il y a quelques semaines le cadavre d’une femme qui après autopsie s’est révélée être morte de mort naturelle. Si tant est qu’il soit naturel de mourir à la rue d’un cancer généralisé (à deux pas d’une clinique qui les traite), quelques mois après une expulsion ont dit les journaux. Je ne sais de cette affaire et de l’enquête que ce que j’en ai lu : fort peu de choses. Des ouvriers du chantier du tramway qui passera bientôt là pour filer vers Vélizy ont trouvé un matin son corps, en sous-vêtements, dans un terre-plein herbeux broussailleux, anciennement soigné et fleuri mais à l’abandon du fait des travaux. Longeant ces espaces pour me rendre à mon rendez-vous, je pense à elle, malade à l’extrême, venue se coucher là, au milieu des immeubles. Dans la salle d’attente où je passe une heure, il y a un écran de TV qui dégouline du journal de 13 heures de TF1. A chaque fois que je lève les yeux vers lui j’y vois des vacanciers béats sur des plages ou des supporters de football euphoriques : rien qui ressemble à nos soucis.

Vendredi 9. Je commence par récupérer (en demandant si ça ne dérange personne) l’article lu dans le Monde hier soir sur la saisonnalité des naissances pour son allusion au déficit du printemps 2004 renvoyant à la canicule d’août 2003. J’ai un dossier papier, un dossier immatériel et un fichier word baptisés “canicule” dans lesquels s’accumulent des articles et de la littérature grise glanés ici et. Plus tard au pub de l’angle Ulm/Gay Lussac, café avec PCH qui sort 2 livres de son sac. Le premier, Les trois saisons de la rage, écrit par son frère Victor, sortira en août et je le lirai pour sûr : c’est l’histoire d’un médecin de la campagne normande (ornaise) au XIXe siècle. Le second, Paris ville moderne, de Virginie Lefebvre, il me le donne, il y est question de l’aménagement des quartiers Montparnasse et Défense, de 1950 à 1975 ; je ne connaissais pas. PCH profite de son café en terrasse pour photographier le 129e lion de sa collection. Après-midi studieux à la BnF, salle N et donc loin de ma place préférée en salle V, parce que le format de la boîte contenant les Bulletins d’information de la RNUR de 1946 à 1959 ne rentre pas dans les petits chariots suspendus qui circulent de n’importe quel magasin à n’importe quelle salle de lecture. J’apprends dans le cours de mes dépouillements qu’une ouvrière soudeuse entrée à l’usine en 1911 est décorée de la légion d’honneur en 1955 : j’essaierai d’en savoir plus sur son compte.

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juil 7, 2010

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