L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse Monde 50

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Posted by ms on 26 juin 2010 at 13:22

A votre droite, sens de la marche quittant Paris, un arbre s’inscrit si parfaitement dans une encoche faite aux immeubles qu’on en arriverait presque à croire que le maître d’oeuvre a élevé son bâtis autour de lui déjà là. Respectueux pour son antériorité dans le Montparnasse monde et prévoyant pour l’expansion encore à venir de sa ramure. L’ensemble immobilier, on l’imagine plutôt locatif – est-ce qu’on achèterait si près des voies ? – et plutôt social – la si grande proximité des rails minore sans doute le prix du loyer au m2 et peut-être la convoitise des bailleurs privés. J’imagine la frustration qui serait la mienne si je me trouvais, habitant là, à occuper l’un de ces deux ou trois appartements dont la vue sur les voies est occultée à la belle saison par les feuilles de l’arbre, quand les bourgeons ont livré tous leurs possibles. Mon intranquillité à l’approche de chaque printemps avec l’espoir anxieux que celui-ci sera tardif et mon soulagement à l’approche de l’automne.

Que l’on prenne la peine de soulever la gare et de la déplacer jusqu’à pouvoir la déposer sur un sol horizontal et le caractère bancal de l’édifice sautera aux yeux. Pas besoin de s’encombrer d’un niveau à bulle pour le confirmer. Elle penchera, prête à tomber, et de plusieurs côtés à la fois, un peu à la façon d’une toupie instable. Les chances que l’expérience se réalise  in vivo restent des plus ténues alors pour prendre toute la mesure du différentiel des dénivelés, entre accès latéraux Mouchotte et Vaugirard d’une part, ras de parvis et rez de Jardin Atlantique d’autre part, je compte des marches d’escaliers à l’ancienne ; le nombre de celles des escalators ne prouvera jamais rien. Donc, pour accéder latéralement au niveau quais selon que l’on pratique le côté Vaugirard ou le côté Mouchotte, 15 ou 36 marches sont à gravir ; quant au Jardin Atlantique auquel on accède sans effort, de plein pied, par la place des Cinq martyrs du lycée buffon et l’allée de la Deuxième D.B., le rejoindre depuis le parvis contraint à grimper les 40 marches qui mènent au niveau quais, puis les 65 de l’escalier qui le dessert partant de là. C’est dire si la gare déplacée du mont Parnasse à la plaine des Sablons aurait l’air de guingois. Mais inutile de rêver : je ne redresserai jamais la situation à moi toute seule.

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5 Comments

  • On 26 juin 2010 at 14:59 brigetoun said

    moi ce que je préférerais si je devais habiter là c’est être à la limite permettant d’avoir un peu de l’arbre, un peu des voies, en bel équilibre, comme l’est la gare tant qu’on lui laisse son territoire actuel. Savoureuse hypothèse ce déplacement

  • On 26 juin 2010 at 18:54 Dominique Hasselmann said

    Faire s’envoler la gare et suivre les rails dans le ciel (souvent un avion imite ceux d’un TGV) : beau rêve tout surréaliste où la musique viendrait forcément d’une Germaine Taillefer !

  • On 26 juin 2010 at 23:06 PhA said

    Je connais très bien une personne qui a passé là (plus exactement dans un immeuble très voisin) son enfance de fille de cheminot – et sa hantise d’habiter près d’une voie ferrée.

  • On 27 juin 2010 at 9:42 PdB said

    Bizarre comme je pense aussi que ces immeubles sont habités par des familles cheminottes, en effet PhA : j’ai ce sentiment, comme s’il fallait qu’à proximité de la gare toute la descendance réside… (si c’était vrai, en même temps, il y aurait sur Terre un nombre extrêmement élevés de travailleurs ferrés…) (Richard Matheson – mais je ne me souviens plus exactement du titre de sa nouvelle, dommage- fait lui aussi s’envoler un pâté de maisons pour l’entomologiser sur la planète du capitaine, lequel dispose d’un troisième oeil derrière la tête… à la raconter ainsi, je me dis qu’il s’agirait plutôt de Théodor Sturgeon, mais je me trompe… Vous avez là, Employée aux soulèvements des gares, au moins deux aides de camp parfaitement légitimes…)

  • On 27 juin 2010 at 10:18 PhA said

    Il y avait là en effet une forte proportion de familles de cheminots, mais pas que ; la moitié peut-être.

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