L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse Monde 20

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Posted by ms on 7 février 2009 at 8:18

 

Usage qu’ils ont des plantes vertes dans la gare. Ici et là mises en terre en pots ronds de différents diamètres, en bacs cubiques ou en jardinières de balcons. La plante unique posée sur un rebord de fenêtre de bureau, hall des départs, au droit du bout de la voie 14, relève manifestement d’une initiative personnelle mal assumée ou mal continuée par un nouvel occupant du bureau qui en aurait hérité contre son gré mais n’aurait pas osé jeté. Scrupule à raison de quoi le végétal dépérit et ses feuilles lancéolées poussiéreuses ploient lamentablement. Les autres plantations procédent d’un plan concerté, escomptant de leur effet sédatif une aide au voyageur à prendre son mal en patience. Autant dire le bercer. Dimension consolante pleinement à l’oeuvre dans la pratique d’enjoliver de verdure les buttoirs. Habillage vert, avant-goût des délices qui attendent celui qui part vers la campagne et amortissement du choc urbain subi par celui qui en arrive. Empruntant un TGV en partance de la gare du Nord ce mercredi, j’y constate le même débordement chlorophyllien des buttoirs ; mais, dans une gare aussi aérienne, la photosynthèse opère sans doute mieux qu’à Montparnasse.

 

 

Flore ferroviaire spontanée récurrente mais sensible aux aléas climatiques. Coquelicots déchiffonés courrant mai – après l’hiver doux 2006/2007, c’était même chose faite dès le 25 avril, je l’avais noté sur mon carnet – pour accompagner jusqu’en juillet, sur le bas côté des voies, le trajet Clamart-Paris Montparnasse. Escorte impressionniste arrêtée net par le pont enjambant la rue de la Procession, XVe arrondissement, qui coupe radicalement la route à l’espèce. Plus un seul coquelicot une fois franchi et quel que soit l’éventuel écart des températures aux moyennes saisonnières. Prennent le relai d’insignifiantes mais vivaces petites fleurs jaunes que j’aime à penser douées de vertus médicinales : utile chélidoine qui soigne les verrues ou millepertuis le vague à l’âme, pour s’en tenir au jaune, mais je ne suis pas botaniste. Et de grandes et fières fleurs mauves, originaires de Chine, toxiques et invasives, Buddleia de David (ou plus simplement “lilas d’été” ou encore “arbres aux papillons”), connues pour leur addiction aux rails, enseignent les encyclopédies illustrées dans lesquelles je  crois les reconnaître.

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7 Comments

  • On 7 février 2009 at 13:51 PhA said

    Connaissez-vous “l’étrange odyssée du Buddleia davidii”, depuis les hauts plateaux tibétains jusqu’à nos zones suburbaines les plus anonymes, et même encore au-delà, jusqu’à une île artificielle danoise intertdite au public, dont Marcel Cohen donne quelques notes dans Faits, II ? Une belle histoire de “résistance”.

  • On 7 février 2009 at 19:59 Anne savelli said

    A propos de flore, viens juste d’apprendre que le XIXe arrondissement était particulièrement bien pourvu en espèces de plantes : 300 (si j’ai bien suivi la conférencière du 104).
    Et sinon, aérienne, la gare du Nord ? Tant mieux…

  • On 7 février 2009 at 20:10 ms said

    Anne : en tout cas moins basse de plafond…

    PhA, non, mais j’irai voir (et j’espère que mon identification n’est pas erronée, mais il faut attendre la belle saison pour s’en assurer)

  • On 8 février 2009 at 1:22 PhA said

    Elle ne l’est pas, j’en suis sûr : Buddleia davidii est un bon ami, et pour le coup j’ai aussi remarqué son goût prononcé pour les abords des voies de chemin de fer et autres substrats improbables. Il doit d’ailleurs bien rester quelques épis desséchés voire quelques feuilles d’un vert un peu glauque pour la confirmer.

  • On 8 février 2009 at 13:09 ms said

    Et pour les petites fleurs jaunes, votre diagnostic ?

  • On 8 février 2009 at 16:58 PhA said

    Chélidoine et millepertuis sont aussi très vraisemblables – mais il faudrait y regarder de plus près.

  • On 13 février 2009 at 18:47 brigetoun said

    ce qui, justement, est, sinon impossible, du moins extrèmement difficile

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