L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Pour saluer Maryse

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Posted by ms on 28 octobre 2012 at 17:42

On aspirera très fort le parfum des tilleuls les soirs de juin

on ne perdra pas une note de mésange quand quelqu’une zinzinulera à portée d’oreilles

on caressera tous les chats roux sur nos chemins

et surtout, surtout, on  la lira et la relira, reliée ou pas.

Maryse Hache était mon invitée du premier vendredi d’octobre et je n’imaginais pas, comme nos échanges transatlantiques par e-mails pour ajuster nos textes étaient vifs et gais qu’elle puisse être si proche du fin mot de son histoire alors qu’elle ouvrait ici cette page nouvelle de son lirécrire.

Aujourd’hui je republie ci-dessous son texte et la présentation qu’elle en faisait, en hommage et avec infinie gratitude pour le don ultime de  ces lettres intimes juste entrouvertes.

depuis un moment vagabonde en moi un chantier rêvé d’écriture autour des correspondances de mon père, (échangées avec ma mère, ils venaient de se fiancer)  pendant ses presque six ans de captivité dans un camp en silésie orientale

je choisis, avec l’accord bienveillant, de martine sonnet, et à l’occasion de ce premier vase avec elle, d’ouvrir ce chantier en ses terres et sous son égide

gratitude

que l’écriture aille son chemin

.

pour l’instant ça s’appelle (emprise)

(essaierai de trouver le “e” majuscule particulier à son écriture)

terme qui fera vignette de ce chantier au semenoir

ce mot, je l’ai trouvé écrit manuscrit sur un petit bout de papier esseulé dans ses affaires

on peut lire, écriture inversée typographique, dans le coin supérieur droit, une fin de mot : “…ons” peut-être une terminaison de verbe conjugué, et “inutiles”

énigme

la force émotive et éveillante du mot manuscrit, soudain offerte à nouveau à ma lecture, marque de la main, gestuelle de l’écriture, forme des doigts, des ongles, alliance et bague, est plus forte pour moi qu’une photo

plus dynamique


.

il  ne se doute de rien

sa blondeur sa jeunesse répondent à l’appel du service militaire

pour l’instant cavalier 2° escadron 29 novembre 1939 à st germain-en-laye

il a 21 ans

ne se doute de rien

.

.

sauf

ses yeux bleus ont déjà croisé les yeux marron de geneviève

elle a 27 ans

train ligne denfert-rochereau direction seine et oise

lui monte ou descend station orsay il habite chez ses parents

il travaille chez ses parents paris 14°

elle monte ou descend à deux stations de différence, c’est lozère

elle habite chez sa tante c’est plus prudent en ces temps incertains

elle travaille à paris

horaires réguliers du train

ils y sont souvent ensemble se voient se regardent

et c’en est fait d’eux

“je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue”

.

il a fumé quelques unes de “leurs” cigarettes

“les cigarettes sont épatantes”

.

.

“… vous remercier de votre aimable attention”

“Je vous écrirai plus longuement dans quelques jours”

.

.

Filed under Les invités
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2 Comments

  • On 29 octobre 2012 at 18:08 Elise L said

    je la lisais, elle m’avait encouragée, une générosité qui, je le crois, continue à rayonner

  • On 30 octobre 2012 at 15:00 ms said

    oui Elise, une présence attentive et généreuse, de celles qui comptent et aident à avancer

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