L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for Montparnasse monde

Montparnasse Monde 20

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Usage qu’ils ont des plantes vertes dans la gare. Ici et là mises en terre en pots ronds de différents diamètres, en bacs cubiques ou en jardinières de balcons. La plante unique posée sur un rebord de fenêtre de bureau, hall des départs, au droit du bout de la voie 14, relève manifestement d’une initiative personnelle mal assumée ou mal continuée par un nouvel occupant du bureau qui en aurait hérité contre son gré mais n’aurait pas osé jeté. Scrupule à raison de quoi le végétal dépérit et ses feuilles lancéolées poussiéreuses ploient lamentablement. Les autres plantations procédent d’un plan concerté, escomptant de leur effet sédatif une aide au voyageur à prendre son mal en patience. Autant dire le bercer. Dimension consolante pleinement à l’oeuvre dans la pratique d’enjoliver de verdure les buttoirs. Habillage vert, avant-goût des délices qui attendent celui qui part vers la campagne et amortissement du choc urbain subi par celui qui en arrive. Empruntant un TGV en partance de la gare du Nord ce mercredi, j’y constate le même débordement chlorophyllien des buttoirs ; mais, dans une gare aussi aérienne, la photosynthèse opère sans doute mieux qu’à Montparnasse.

 

 

Flore ferroviaire spontanée récurrente mais sensible aux aléas climatiques. Coquelicots déchiffonés courrant mai – après l’hiver doux 2006/2007, c’était même chose faite dès le 25 avril, je l’avais noté sur mon carnet – pour accompagner jusqu’en juillet, sur le bas côté des voies, le trajet Clamart-Paris Montparnasse. Escorte impressionniste arrêtée net par le pont enjambant la rue de la Procession, XVe arrondissement, qui coupe radicalement la route à l’espèce. Plus un seul coquelicot une fois franchi et quel que soit l’éventuel écart des températures aux moyennes saisonnières. Prennent le relai d’insignifiantes mais vivaces petites fleurs jaunes que j’aime à penser douées de vertus médicinales : utile chélidoine qui soigne les verrues ou millepertuis le vague à l’âme, pour s’en tenir au jaune, mais je ne suis pas botaniste. Et de grandes et fières fleurs mauves, originaires de Chine, toxiques et invasives, Buddleia de David (ou plus simplement “lilas d’été” ou encore “arbres aux papillons”), connues pour leur addiction aux rails, enseignent les encyclopédies illustrées dans lesquelles je  crois les reconnaître.

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fév 7, 2009

Montparnasse Monde 19

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Grands pouvoirs de la gare, comme celui d’abolir le temps. L’hiver dernier, l’horloge en façade, côté Départs, sans aiguilles. Plusieurs mois, le temps de partir demeuré sans commune mesure. Chacun pour soi. Horloge muette : angoisse du voyageur, quand, intrinsèquement, le voyageur en partance pour l’Ouest en est l’espèce la plus sujette à l’angoisse. Au printemps, à leur tour, Arrivées à pas d’heures : envolées les aiguilles avec les douze pastilles marquant les heures. Mais la gêne était moindre, de toutes les façons on arrivait et qui, sorti de la gare, se retournerait pour y lire encore l’heure ?  Horloge rassurante, celle posée au sol du hall Pasteur,  jamais prise en défaut, aiguilles et heures arrimées solidement ; une horloge qui se laisse approcher, à laquelle on peut se mesurer et dont le globe renvoie l’image de qui la photographie. Son exacte pendante, dos à dos de l’autre côté de la verrière, dépourvue de cette protection, mais hors d’atteintes au dessus des voies.  Mes montres, toujours réglées sur le fuseau horaire de Montparnasse (et comme je la regrette la montre au cadran qui commençait par “Longtemps je me suis couché de bonne heure…”). A la gare, je remets toutes mes pendules à l’heure.

Extension de la gare : à Inno, appellation qui proviendrait de l’abréviation d’une enseigne antérieure, “Innovation”, mais c’est sans importance et d’ailleurs depuis les travaux de l’été 2007 ils ont rebaptisé « Monoprix » ce supermarché de la rue du Départ. Manoeuvres fréquentes dans l’univers de la grande distribution. Ne plus dire aux miens que je fais les « courses à Inno en rentrant », le temps qu’il me faudra. Et penser à me faire établir la carte Monoprix pour répondre enfin « oui » au passage en caisse : à chaque client ils demandent et moi, tête baissée fourrageant dans mes sacs, un « non » contrit. Inno traversé aussi en ligne droite, sans céder à la séduction des gondoles, comme raccourci propre à gagner au plus vite la place Edgar Quinet depuis la rue de l’Arrivée et vice versa. Plaisir gratuit renouvelable à l’infini de passer la porte au tambour tournant sans altérer d’un bémol le rythme de ma marche. Aux comptoirs longés, bouffées successives et rapprochées de soupe asiatique qui réchauffe, de viennoiseries qui cuisent et de café qu’on moud. Racourci pratiquable du lundi au vendredi de 9 h à 21 h 50,  20 h 50 le samedi. Pour être sûr que c’est ouvert, retournez-vous et vérifiez l’heure qu’il est à la gare.

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jan 31, 2009

Montparnasse Monde 18

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Bien intriguée par ces petites portes à rayures oranges, souvent au nombre de quatre, qui tranchent le gris des édicules de sections circulaire ou triangulaire dressés sur les quais. Comme par la peine prise – c’est écrit sur fond rouge – de remercier ceux qui les ont ouvertes de ne pas les claquer en les refermant. Je devine bien que ce n’est pas à cause des décibels produits par un claquement dont le niveau sonore n’aggraverait pas si considérablement le bruit de fond de la gare. Il existe forcément une autre justification à cette consigne de prudence, mais elle échappe à la perspicacité de l’usager voyageur moyen qui rôde en attendant. Observe les rivets autour des portes, les serrures, en déduit la nécessité d’un passe-partout pour les ouvrir et, avec un peu de chance constate que l’une au moins des niches abrite un téléphone avec combiné à l’ancienne au bout d’un cordon parce qu’un agent de la gare ou des trains le tient à la main et parle. D’autres, situées à même hauteur d’homme, donnent accès à des panneaux de gros boutons susceptibles de devenir lumineux rouges ou lumineux verts, pour peu qu’on les active. Mais les niches du bas, ras des quais, jamais vues ouvertes, ce qu’elles cachent : mystère et boule de gomme.

 

L

 

« Affichage tardif » « service de restauration en voiture bar » « votre compréhension » « avarie de matériel » « entrera en gare voie 8 » « est attendu au bureau accueil situé face à la voie 17 » « à destination de Chartres » « Granville son terminus » : ne se saisit jamais vraiment que la fin des annonces, quand l’important est dit. D’où leur répétition systématique et la voix féminine exaspérée encore plus exaspérée la deuxième fois. Décryptage de rattrapage, plus attentif – au moins elle ne nous prend plus par surprise -,  qui ajoute un peu de sens au précédent. « Veuillez nous excuser pour cet » « ce TGV comporte un » « nous vous remercions de » « en raison d’une » « en provenance de Bordeaux-Saint-Jean » «  Monsieur Monero » « train Intercités n° 2460 » « Flers, Vire, Villedieu-les Poêles et ». La voix féminine exaspérée dispensatrice de nouvelles jamais bien fameuses, neutres au mieux, juste des informations, ne répétera pas, du moins pas de sitôt. Alors, au besoin, consulter ses voisins et recoller d’autres bribes attrapées au vol par d’autres oreilles.  Mais quant à être appelée, un jour, de cette voix-là, par mon nom, dans la gare et que tout le monde entende : sûre que je rougirais.

 

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jan 24, 2009

Montparnasse Monde 17

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Je n’adhère pas totalement à la stratigraphie officielle de la gare, celle des plans-coupes disséminés sur des panneaux dans les différents halls des différents niveaux à l’intention de ceux qui s’y perdent. Selon laquelle il n’y aurait que cinq niveaux : moins  1, métro ; 0, place Raoul Dautry ; 1, mezzanine ; 2, quais ; 3 hall Pasteur. Le moins 1, le 2 et le 3 je ne discute pas. Mon premier désaccord, d’ordre terminologique, porte sur le 0, beaucoup plus identifiable sous l’appellation  parvis, ainsi que sur le 1 qu’il suffit de désigner par Celio pour qu’on le situe. Demi-niveau qui complique bien assez les choses du fait de sa seule existence partielle et de son accessibilité, ou pas, selon les escaliers empruntés. Pas un pratiquant pour le penser en terme de mezzanine, c’est le magasin de vêtements homme qui l’ordonne (mes fils qui se fournissent là m’y donnent parfois rendez-vous) ; que l’enseigne ouvre un jour un rayon dame et  je ne m’habillerai plus ailleurs.

 

 

Outre le jardin Atlantique, naturellement mon niveau 4, que la stratigraphie officielle n’atteint pas, les plans-coupes de la gare escamotent également l’étage fantôme situé entre le moins 1 et le 0. Qu’on ne vienne pas me dire que je l’ai rêvé ce centre commercial dans le bar duquel j’ai si souvent bu des cafés dans les années 1980. Coude à coude avec des employés de la gare ou des trains, en fin de service, gros cartables posés à terre ou petits sacs plats rectangulaires, alors à la mode pour les hommes, qu’ils gardaient pendus à l’épaule. Qui d’autre se serait assemblé dans ce café si mal indiqué ?  Appendice hors circuits, galerie mal achalandée vouée à la faillite et à être murée.  Il fallait pour l’atteindre descendre vers le métro par des escaliers non mécaniques et savoir bifurquer à mi-hauteur. Ou bien, du parvis, feindre d’avoir à faire à la MGEN, en pousser la porte vitrée et suivre un couloir longeant un restaurant disparu (comportant lui-même plusieurs niveaux aveugles), qui finissait par permettre d’y descendre. Augmentée de ce niveau “moins 0,5″ et du jardin, ma stratigraphie personnelle de la gare compte sept niveaux.

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jan 17, 2009

Montparnasse Monde 16

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Inscrite sur elle-même dans sa grande largeur, en lettres capitales ma gare capitale. Lettres si sûres d’elles, des mots et du texte qu’elles composent qu’elles ont pris leurs distances (je me souviens de l’impératif “prenez vos distances” qui ouvrait les cours de gymnastique – et les bras tendus à l’horizontale le pauvre alphabet dessiné). Corps solide au fronton, jamais de lettre à terre, ni décrochée ballant dans le vide, ni même éteinte – comme si souvent aux enseignes commerciales, et ma pitié, toujours, pour les mots amputés, jusqu’à ce que, échelle à l’appui ou nacelle suspendue, on finisse par en rétablir le sens. Caractère affirmé, sans effets déliés ni pleins. Trait régulier et sobre, angles et arrondis juste pertinents. Du vocabulaire de gare sur lequel je bute souvent, celui des belles lettres m’est encore le plus familier.

 

 

Lettres lumineuses par elles-mêmes, comme autant d’objets de rêves nervaliens. Mais dans la gare, grande avarice typographique : du même corps ils ont écrit le seul mot ACCUEIL (à moins qu’il m’en échappe, ce que je ne crois pas).  Et à l’extérieur, aux pilastres latéraux saillants en façade sur le parvis, c’est d’une autre police que s’inscrivent les noms des villes distribués en colonnes ; police sans style, lettres grises sur béton gris, encre invisible.  S’appliquer à décrypter et de gauche à droite et de haut en bas, on irait de BAYONNE à TOURS en passant par TARBES PAU TOULOUSE MONTAUBAN AGEN LA ROCHELLE NIORT BORDEAUX ANGOULEME POITIERS CHATELLERAULT LES SABLES D’OLONNE QUIMPER LORIENT VANNES SAINT-NAZAIRE NANTES ANGERS SAINT-MALO BREST SAINT-BRIEUC RENNES LAVAL et LE MANS, comme de grands voyageurs. Exercice de gare : la lire in extenso  - souvent entrepris mais jamais mené à bien, les lignes se brouillent trop vite.

 

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jan 10, 2009

Montparnasse Monde 15

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Ne soyez pas dupes : les « Point Rencontre » et « Point Groupe N° » dont j’ai personnellement suivi la numérotation jusqu’à 5 – mais en ai-je vraiment fait le tour ? -, inscription trilingue français/anglais/espagnol illustrée d’un pictogramme éloquent avec petites flèches convergentes, sont autant de leurres. Au Meeting Point pas plus qu’au Puento de Encuentro vous ne ferez le point avec qui que ce soit, ni en colloque singulier ni en nombre. Gare manigancée pour vous faire filer doux, vite et droit ; gare sans espoir d’assemblage d’aucune sorte ; gare plus avare que d’autres, même, en grands embrassements (je pense à de belles effusions sur les quais de la gare de Lyon auxquelles j’ai pu, étant jeune, m’adonner). Quant à faire le point avec la gare elle-même, comme je m’y évertue : quelle entreprise ! Quinze semaines que nous y sommes et sentiment d’avoir juste effleuré quelques points.

 

 

Souvenir de gare. L’expression était « libération du contingent » : chaque fin de trimestre, la gare traversée par des hordes de jeunes types suintant la bière, cheveux ras, brandissant des quilles gigantesques enjolivées de rubans. Qui n’avaient qu’un mot à la bouche : Zéro, Zéro, Zéro, hurlé plus que chanté, sur tous les tons, faux. Ils avaient fait leur temps, à l’Est, et rentraient chez eux, à l’Ouest. Et tous les vendredis soirs dans un sens, les dimanches soirs dans l’autre, transhumances du même désordre entre les gares Montparnasse et de l’Est ; entre les deux le métro, la ligne 4. Tracé convenu des cheminements brouillé pour attraper le dernier train en correspondance. Ne pas se trouver sur leur chemin. J’ignore si les autres gares parisiennes étaient sujettes à ces mêmes flux brutaux de jeunes hommes tous pareils, à gros sacs suspendus à l’épaule, traînés, poussés, portés comme ils pouvaient – c’était avant la quasi généralisation des bagages à roulettes. Misère à quoi on les réduisait.

 

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jan 3, 2009

Montparnasse, monde trop loin

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Exceptionnellement cette semaine, le feuilleton du samedi sera livré un autre jour, ou pas du tout : parfois nos mondes s’éloignent tellement les uns des autres qu’on en aurait presque peur (si on ne savait pas la solidité de nos attaches aux uns et aux autres).

Un peu d’archéologie industrielle et touristique locale (au dessus d’Aiguilles) en attendant le retour en gare.

 

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déc 27, 2008

Montparnasse Monde 14

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Depuis qu’en gare de Paris-Montparnasse il m’arrive parfois d’embarquer pour des destinations plus ambitieuses que Sèvres Rive Gauche ou Granville, je comprends mieux un certain nombre de choses. Y compris sur un plan assez personnel. Comme l’origine de ma maladresse de voyageuse qui pourrait s’enraciner dans une enfance qui n’apprend à partir que de cette seule et unique gare, à une époque où celle-ci ne desservait encore que des terres finies, et si lentement qu’il fallait même des trains de nuit pour atteindre les plus lointaines. L’entrave restée de son horizon indépassable. Et l’angoisse qui rôde autour des guichets « départs dans l’heure », comme si une décision aussi  grave se prenait dans un délai aussi court ; je ne risque pas d’avoir à faire à ceux-là. D’ailleurs, aux « départs dans l’heure », jamais la queue. Pas comme aux guichets moins regardants sur le temps que vous mettrez à vous décider. (Ce qui prouve que je ne suis pas la seule à me garder de ces départs sur le champ).

 

 

Les trains pour Granville, relégués à la dernière extrémité de la gare, sont les plus sujets à la résurgence, chez leurs passagers, de ce vieux manque de savoir voyager qui m’affecte comme d’autres natifs de la région. D’où la conjuration de ce mauvais sort par des usages ferroviaires qui nous sont propres. Battre les records d’arrivée en avance et s’installer dans le train pas encore affiché. Venir en grappe solidaire accompagner celui qui part, et l’assommer de recommandations, ou attendre celui qui arrive, et le presser de questions. A peine assis à bord, déballer ses provisions et manger bruyamment dans une totale indifférence à l’heure qu’il est comme au monde autour. Les esquilles de coquilles d’oeufs discrètement chassées de la main vers le creux entre les sièges. Se refuser à perdre de vue ses bagages, quitte à obstruer l’unique passage – et une fois même, c’était une chèvre couchée sur la plate-forme qui obstruait l’accès aux toilettes : j’ai vu cela, de mes yeux vu. Alors je souris en mon for intérieur quand la voix coupée/collée, si mal raccordée, voudrait que ce train à bord duquel j’ai pris place, et qui desservira notamment Villedieu-les-Poêles, s’appelle Intercités.

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déc 20, 2008

Montparnasse Monde 13

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Plaisir à voir, aux beaux jours entre midi et trois heures de l’après-midi, les pelouses du Jardin Atlantique dressées en nappes d’un vaste pique-nique fraternel. Déjeunent côte à côte des groupes d’écoliers, grands banlieusards ou provinciaux, en voyage de fin d’année scolaire à Paris – économes à midi – et des grappes d’employés – collègues et néanmoins amis comme on dit – descendus des murs de bureaux enserrant le jardin ; prêteurs de tire-bouchons à l’occasion. Commensaux sur herbe, partagés entre chercheurs d’ombres, serrés aux pieds des arbres, et goûteurs de soleil cru, étalés, moins vêtus, face au ciel. Presque le silence. Pourtant la gare en dessous, mais juste quelques respirations perceptibles par ses ouies. Savoir et sentir sa présence. Café, si on veut, pour finir, à la cafétéria des tennis, ouverte à tous mais que bien peu des traverseurs du jardin devinent. 

 

 

Je parle toujours des carrés aux lavandes, mais en fait les planches sont rectangulaires, deux, symétriques, à la naissance de l’axe central du jardin menant de la gare au demi-cercle des bureaux Nord-Pont. Au début de l’hiver, la terre en est soigneusement retournée. Au printemps, dès que les lavandes sortent de terre, le carré de gauche (quand on se tient le dos tourné à la gare, le regard vers la campagne) prend de l’avance sur celui de droite et il la gardera jusqu’au terme de la floraison. Avance qui s’explique mal, tant tout semble pareil. Même surface de plantation, même épaisseur de terre (on le suppose) importée au coeur de la minéralité du jardin, même soins, dépourvus de favoritisme, de la part de l’équipe des jardiniers – souvent des jardinières. Reste l’ensoleillement : les deux longues façades vitrées latérales au jardin déjoueraient toutes ces symétries en n’assurant pas la même réverbération ? Au détriment constant du même carré aux lavandes.

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déc 13, 2008

Montparnasse Monde 12

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Je m’aperçois maintenant que je ne dispose pas d’un vocabulaire de gare suffisant. Je manque de mots. Et dans certains cas, ceux auxquels je recours ne me satisfont qu’à moitié. Je cherche, par exemple, une expression générique qui voudrait dire mobilier urbain, mais appliqué à la gare, avec une typologie spécifique. Recoupant celle du mobilier urbain de la ville dans laquelle la gare est incluse, mais partiellement seulement, et lui imposant les extensions nécessitées par l’usage ferroviaire de cette enclave. Je peux, certes, déclarer que des bancs publics, des téléphones publics, des boîtes à lettres et des poubelles sont à la disposition des voyageurs dans les halls de la gare, mais la variété des édicules qui hérissent les quais, sans parenté sur les trottoirs parisiens,  je ne saurai jamais la dire. Je n’en maîtrise pas le lexique ni la nomenclature.


 

Donc je désignerai, faute de mieux, sous le nom de rondelles, ces disques protecteurs qui vraisemblablement s’appellent, dans leur langue de gare, autrement. Elles s’empilent par cinq quand elles entourent des pieds de potences métalliques remplissant diverses fonctions, et dans ce cas sont moulées dans une matière qu’on devine caoutchouteuse, noir/gris poussière graisseuse. Mais par quatre quand elles perdent leur circonférence complète, se réduisent à des trois-quarts, demis, voir quarts de rondelles vissés/scellés à la base de piles en béton ou dans leurs encoignures. Découpées à l’emporte pièce dans un métal peint couleur minium, écaillé. Troisième type, beaucoup plus rare, la rondelle unique, modèle caoutchouc noir/gris poussière graisseuse, encerclant de massives colonnes de béton en bouts de quais. Si je comprends bien que ces rondelles protègent le mobilier urbain de la gare des heurts violents de tout ce qui roule sur les quais, je ne comprends pas, en revanche, pourquoi les empiler tantôt par cinq, tantôt par quatre, sans parler des solitaires.

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déc 6, 2008

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