Découvrir Dublin, ce sera pour une autre fois (c’est convenu – consolation), ainsi en ont décidé les cendres…
Préparation pourtant soignée, avec Christine Weld et Fabrice Rozié, et je me réjouissais de parler et entendre parler là-bas de villes et de littérature, puisque la ville était le thème de ce 11e festival franco-irlandais.
J’aurais parlé de tout ce que je lis de l’histoire et de l’invention littéraire de Paris sur les façades de ses maisons quand je marche quotidiennement dans la ville, de tous ces écrivains qui collent à mes basques.
Je me réjouissais aussi d’avoir l’occasion de tracer en lecture un parcours de découverte dans le cher Montparnasse monde et d’en montrer des images.
Et puis, de vive voix, j’aurais dit à Enrique Vila-Matas l’heureux moment passé à lire son récent Dublinesca, fourmillant de réflexions aussi réjouissantes et référencées que le “Avoir une mère et ne pas savoir de quoi parler avec elle !” de la page 150 emprunté à la plume de l’écrivain tchèque (qui gagne à être connu) Vilém Vok. Un écrivain publié par le héros du roman, éditeur au catalogue estimé mais à la maison périclitée.
Toujours dans les parages, Joyce et Beckett, bien sûr, puisque la grande affaire c’est d’aller à Dublin LE jour où il faut aller à Dublin, mais jamais très loin non plus, parmi beaucoup d’autres, Paul Auster ou Edward Hopper (et Hammershoi aussi). Les villes autour de l’éditeur Riba grouillent de génies en tous genres, tandis que ses démons à lui le rongent de l’intérieur – sans parler du harcèlement exercé par son épouse et ses vieux parents, des gens qui “s’aiment depuis toujours, voilà précisément pourquoi ils se haïssent”.
Entre Barcelone, qu’habite le héros, Dublin, New York, Londres et Paris, les fils d’écriture se croisent et se recroisent jusqu’à tisser une toile qui n’attend plus qu’un bon moteur de recherche… Parce que l’éditeur retiré des affaires est devenu un peu hikikomori sur les bords.
Dublinesca n’a fait que croître et embellir mon envie d’aller à Dublin, mais au terme d’une journée passée à scruter le nuage, j’ai fini par me résoudre ce soir à défaire mon bagage et ranger ma tenue de voyage.