L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Lectures 1976-1980

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Posted by ms on 5 mai 2008 at 22:38

Je continue à répondre à la question de François Bon.

Un deuxième temps très fort pour les lectures, ces années pendant lesquelles, outre apprentie historienne, je suis “collaboratrice occasionnelle à mi-temps” (ça existait !) à la Bibliothèque nationale 58 rue de Richelieu. Tous les matins nous sommes 4 ou 5 étudiants à trier, préclasser, classer et finalement intercaler des fiches dans les fichiers “Auteurs 1936-1959 et suppléments des années antérieures” et “Auteurs depuis 1970″.

La conservatrice responsable des fichiers auteurs et de l’équipe d’intercaleurs s’appelle Paulette Perec. Elle donne le la des lectures et des films consommés ensemble à très hautes doses (le cinéma ces années-là, c’était 3 ou 4 films par semaine) et qui alimentent nos conversations autour de la table sur laquelle se déversent d’énormes paquets de fiches à trous – les premières faites à l’ordinateur, livrées en vrac. Conversations qui se poursuivent dans les cafés autour de la BN (on a droit à une pause parce que la salle est souterraine), lors des dîners succulents dont Paulette nous régale régulièrement, et dans des maisons de vacances louées où l’on se retrouve encore.

A côté de Sarraute, Yourcenar, Perec (Georges, qui habite l’immeuble où ont lieu nos dîners, mais 2 étages plus bas), Flaubert et Maupassant – je suis très fière de mes premiers investissements pleiade : une fortune, ramené à ce que je gagne – qui accompagnent toujours, les découvertes majeures de ces années-là relèvent toutes de littératures étrangères. 

Je lis latino-américain, à tour de bras. Cortazar, tout, au fil des traductions, préférence aux nouvelles ; Garcia Marquez, choc tellurique des Cent ans de solitude, espoir renouvelé à chaque nouvelle parution, mais non ; Alejo Carpentier, Siècle des Lumières et Partage des eaux en tête, mais aussi ceux à suivre ; Vargas Llosa grand plaisir avec La Tante Julia et le scribouillard, Borges évidemment, Aleph et Fictions d’abord. Tout ça Gallimard du monde entier ou folio si ça existe ; et Bioy Caseres, j’oublie la collection.

Mais je découvre aussi Isaac Bashevis Singer avec La famille Moskat (que je lis en ayant la grippe et de la fièvre au point que j’y vois double, mais je m’accroche), Yachar Kemal, avec Mémed le mince et Mémed le faucon, ou Kawabata, avec Le lac. De moins loin, je lis Svevo, La conscience de Zeno, et Handke, La femme gauchère en premier et Le malheur indifférent, Grass, Le tambour, et Boell, L’honneur perdu de Katarina Blum. Mais je n’accrocherai jamais à la littérature anglo-saxonne.

En 1980 mon contrat de collaboratrice occasionnelle à mi temps n’est pas renouvelé, mais je refuse mordicus d’aller m’inscrire au chômage et tout aussi mordicus de passer des concours. Vaches maigres, mais question formation, c’est bon.

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3 Comments

  • On 6 mai 2008 at 8:39 PdB said

    inscription concours refus mordicus, on vous retrouve bien là… type teigneuse, hein, vous avez raison. Et puis c’est vous.
    J’ai regardé à ce propos (c’est à dire notre personnalité) le texte en réponse à fb d’un certain olivier (http://nemolivier.blogspot.com/2008/05/imagine.html) qui a mis un peu de Klee sur sa page (ça ne peut jamais nuire), et j’ai gardé :
    son père et son grand frère
    sa mère qui lit au lit
    le cirque
    la bibliothèque et toujours à la même place les 3 mousquetaires depuis le temps
    la présidence de l’association
    et un prof
    Comme les choses prêtent au rêve, hein… je veux dire les mots… je vais signaler au notulographe que vous parlez de perec car il fait cette recension pour son bulletin (si vous autorisez bien sûr) : mais il doit être lecteur, je pense…

  • On 6 mai 2008 at 11:29 ms said

    au notulographe, vous pouvez tout dire, mais il me semble bien qu’il est lecteur, ce que laisserait supposer un récent échange à propos de Billancourt, mais comme il est aussi pataphysicien et que la pataphysique est la science des exceptions je crois me souvenir, son passage en ces lieux relevait peut-être de l’exception…

  • On 6 mai 2008 at 12:26 PdB said

    “pessimisme moqueur et nihilisme corrosif”, telles sont les coordonnées de la ‘pataphysique, telles qu’on les aime et les pratique d’ailleurs sans le moins du monde adhérer à ce type de groupuscule, de groupe, de nuée ou de cohorte que l’ami brassens nous encourageait à fuir (plus de 4 enfin, vous me suivez sans doute…) : c’est fait (mais il a semble-t-il quelques ennuis informatiques mais webbiens…)

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