L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Maisonnées 1911 : à La Chatonnière

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Les recenseurs de 1911 ont commencé par visiter les maisons du bourg et puis s’en sont allés battre la campagne ; la commune est vaste. Le mont Margantin, 262 mètre d’altitude, correspond à la section C de leur découpage qui va de A – le bourg – à L. Le village de la Chatonnière, proche du sommet du mont, où vivent mes grands-parents maternels s’atteint par une chalière, partant de la route dite de Montgaucher, elle même s’embranchant sur l’axe Domfront-Céaucé.

A la Chatonnière où j’ai connu trois maisons habitées (dont deux mitoyennes, même corps de bâtiment coupé en deux) les recenseurs n’en comptabilisent alors que deux : la n°323 du ménage n°336 des Morin – c’est à dire nous – et la n°324 du ménage n°337. Germaine Louise Désirée, ma mère, ne naîtra là qu’en février 1913 mais la maisonnée Morin est déjà bien peuplée en 1911 ; tellement de monde que le plus simple c’est encore d’en passer par un tableau. Je reprends les colonnes du bordereau pré-imprimé : n° des individus, nom de famille, prénom, année de naissance, lieu de naissance, nationalité, situation par rapport au chef de ménage, profession, et une dernière colonne qui, elle, ne concerne pas tout le monde mais Pour les patrons, chefs d’entreprise, ouvriers à domicile : écrire Patron ; Pour les employés ou ouvriers indiquer le nom du patron ou de l’entreprise qui les emploie.

1 Morin Auguste 1872 Céaucé Fr Chef Cultivateur propriétaire Patron
2 Friloux Marie 1885 femme néant
3 Morin Maria 1906 fille
4 Morin Maurice 1907 fils
5 Morin Auguste 1910
7 Colin Anne 1850 mère
8 Leray Eugène 1893 Avrilly domestique Morin
9 Casse Pierre 1900 Paris nourrisson néant

De toute cette maisonnée je n’ai connu que mon oncle Maurice, pas Maria qui meurt encore dans l’enfance en 1917 ni Auguste qui meurt je ne sais quand ; quant à leur soeur Léa, née en 1911, que je n’ai pas connue non plus, pourquoi n’est elle pas là ? Une négligence des agents recenseurs ? Mais au Pont Perrin, François qui n’a qu’un an est bien inscrit sur le bordereau. La famille compte donc déjà, selon moi, quatre enfants et cinq sont encore à naître : Germaine et Madeleine chez les filles, André, Prudent et Constant chez les garçons.

A la Chatonnière, mon arrière-grand-mère Anne Colin cohabite avec le ménage de son fils Auguste. Si sa santé le lui permet elle doit bien donner un coup de main à sa belle-fille qui ne manque pas d’ouvrage avec la ferme et déjà quatre enfants en bas âge. Dans la deuxième maison visitée, sans doute la deuxième moitié de la bâtisse (n°324, ménage 337) vivent aussi des Colin : François Colin né en 1852 à Céaucé chef de famille cultivateur fermier patron et Sidonie Seigneur née en 1848 à Saint-Fraimbault son épouse. Parenté entre les deux ménages sans doute, mais pas si évidente à établir, je creuserai la question plus tard, en toute première instance je me heurte à un excès de “François Colin” dans les registres d’Etat civil.

Ce que je tente d’éclaircir dès maintenant, c’est l’identité du “nourrisson” Pierre Casse – 11 ans tout de même, voire 12 parce que de Pierre Casse né en 1900 à Paris, je suis formelle (après avoir défilé deux fois les tables décennales des naissances des vingt arrondissements parisiens) : il n’y en a pas, le seul rencontré est né en 1899. Et je ne voudrais pas trop m’avancer mais je pense que c’est bien de lui qu’il s’agit. Deux indices : enfant d’une fille-mère (comme Paul Dumas au Pont Perrin) et une suite de parcours de vie resté normand.

J’incline donc à penser que Pierre Casse serait Pierre Marius Casse né le 15 août 1899 à Paris 6e arrondissement, 89 rue d’Assas, c’est à dire à l’hôpital Tarnier, fils de Fanny Casse, 25 ans, couturière, domiciliée 13 rue Breda (de nos jours rue Henri-Monnier), dans le 9e, et de père non dénommé. Ce qu’ajoutent à notre connaissance les mentions marginales : reconnu à la mairie du 9e le 28 août 1899 (j’ai vu l’acte : uniquement par sa mère), marié à Villiers le Sec (Calvados) le 15 octobre 1927 avec Louise Fernande Resina Sevestre (dont il divorce le 27 juin 1957) à Caen, ville où il décède le 1er décembre 1975.

Mais alors, d’où vient l’erreur sur l’année de naissance du petit Parisien placé à la campagne ? Quant au qualificatif de “nourrisson”, le désignant certes comme extérieur à la famille, il étonne un peu pour un enfant “déjà grandet” aurait dit ma mère (dont je n’ai pas souvenir qu’elle ait jamais évoqué la présence d’enfants mis en nourrice chez ses parents à la Chatonnière).

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avr 21, 2017

Maisonnées 1911 : au Pont Perrin

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De l’enfance et de la jeunesse de mon père je connaissais les noms de lieux “La Broutière” et “Les Aunaies” mais je n’y associais pas “Le Pont Perrin”, pour moi simple toponyme sur la carte d’Etat Major punaisée sur un mur de cuisine dans notre maison (d’autrefois) dans cette campagne. C’est pourtant au Pont Perrin que les agents recenseurs de 1911 enregistrent les parents et le frère aîné d’Amand Sonnet, François. Mais pas lui : Amand est né le 13 avril 1911, ils ont dû passer en début d’année, avant cette date. Le recensement de 1911 est numérisé sur le site des Archives de l’Orne, avec ceux établis de 5 ans en 5 ans depuis 1836.

La famille est incomplète, il y manque Amand, de même que ses cadets, un frère, Pierre, et deux soeurs Louise et Thérèse. La liste établie section F de la commune de Céaucé, au Pont Perrin, maison 514, ménage 527, comprend seulement mes grands parents, François Sonnet né en 1878 à Céaucé, cultivateur, son épouse Marie Vannier née en 1886 à Céaucé, profession “néant” – elle a bien dû trimer sur la ferme elle aussi mais son travail compte pour du beurre -, leur fils aîné François (comme le père) né en 1910 à Céaucé, que je n’ai pas connu, et leur jeune domestique Paul Dumas né en 1898 à Paris.

Paul Dumas, mon père en gardait le souvenir d’un garçon plus âgé que la fratrie, mais pas tant que cela, échappant à l’obligation dominicale pesant sur les enfants de la maison de se rendre à l’église pour assister non seulement à la messe mais encore aux Vêpres. Un jeune homme au sort enviable, au moins le dimanche après-midi. J’évoque ce souvenir paternel dans Atelier 62. L’état-civil parisien m’apprend que Paul Dumas a vu le jour quasiment en face de l’immeuble d’où j’écris ce billet, puisqu’il est né à la maternité de Port-Royal, le 28 février 1898. L’acte est enregistré à la mairie du XIVe arrondissement (comme ceux de nos fils) le 2 mars 1898. Fils de Marie Dumas, 25 ans, femme de chambre rue Montorgueil, 84, et de père non dénommé : un fils naturel placé à la campagne.

Comment le jeune Paul arrive de la rue Montorgueil au Pont Perrin – y était-il déjà en nourrice ? -, je l’ignore. Les mentions marginales de l’acte de naissance précisent qu’il s’est marié à Céaucé le 5 mai 1928 avec Marie Eugénie Françoise Fournier et qu’il est décédé à Domfront le 16 janvier 1987, soit quelques mois après mon père (dans le même hôpital ?). Mais il me semble que les deux hommes s’étaient perdus de vue depuis longtemps.

Au village du Pont Perrin en 1911, après avoir visité les Sonnet, les agents recenseurs officient encore dans deux maisonnées. Maison 515, ménage 528, ils trouvent la veuve Troussier, née en 1839 à Céaucé, sans profession, sa fille Marie née en 1863 à Céaucé, sans profession non plus, et sa petite-fille Prudence née à Loré en 1906. C’est un ménage exclusivement féminin et je me demande de quoi ces femmes vivaient. Maison 516, ménage 529, là que des hommes : Pierre Lory né en 1861 à Domfront, cultivateur, et ses deux domestiques, Emile Martel né en 1881 à Céaucé, Henri Lefaucheux né en 1895 à Céaucé.

J’espère que tout ce monde là s’entendait bien et s’entraidait quand c’était nécessaire ; ils étaient un peu loin de tout.

Ce billet prolonge mon Exercice d’égo-anthroponymie et je crée la catégorie “généalogiques” pour regrouper ce genre de billets. Et je le publie ce 13 avril jour anniversaire de la naissance d’Amand Sonnet, comme un clin d’oeil.

Si vous avez une très bonne vue vous repérerez sur cette capture de Google map le pont dit Perrin au dessus du ruisseau de la Havardière et le groupe de maisons constituant aujourd’hui le hameau. C’est juste à la limite de l’Orne et de la Mayenne.

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avr 13, 2017

Exercice d’égo-anthroponymie

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Je n’ai connu aucun de mes quatre grands-parents, tous disparus avant que j’arrive. Et je sais très peu de choses sur elles et eux, n’en ayant quasiment pas entendu parlé dans mon enfance même si ma dernière grand-mère a vécu jusqu’à l’été précédent l’automne de ma naissance. Lorsque j’ai découvert, dans l’usage professionnel que j’ai de ce genre de choses, que les Archives départementales de l’Orne avaient mis en ligne les registres d’état-civil jusqu’en 1902 ainsi que les recensements de population jusqu’en 1911, la curiosité m’a piquée d’y aller voir ce qu’il en était de mes aïeux. Moins dans une intention généalogique exhaustive que dans celle de simplement nommer celles et ceux dont je procède.

Bien m’en a pris, puisque si outre les deux noms de Morin (branche maternelle) et Sonnet (branche paternelle), les patronymes de mes deux grands-mères, Friloux (Marie Modeste) et Vannier (Marie Mouise Victorine) me disaient encore quelque chose, au-delà j’aborde le (petit tout petit) monde de mes ancêtres comme une terra incognita.

J’ai donc fait connaissance avec, par ordre d’entrée en scène en remontant le temps, du côté Morin, des Colin, Delangle, Chaignard, Libert, Leroy, Hubert, Rigoin, Lemarié et Mottier – et nous voilà au milieu du XVIIIe siècle. Du côté Sonnet, des Hardoin, Valet, Jourdan, Héroux, Bulot, Durand et Corvée – avec qui je n’arrive pour l’heure qu’au début du XIXe. Des noms plus exotiques, toutes proportions gardées, côté Sonnet que côté Morin, ceux-là me restant, à l’exception de Delangle, tous dans l’oreille puisque portés encore par des gens du pays alors que je n’ai jamais rencontré de Héroux ni de Bulot.

Celle de mes arrières grand-mère dont le nom me ravit, c’est Rose Valet, née en 1851, mariée en 1872 avec Jean Vannier, né en 1839. Tous événements ayant eu lieu à Céaucé où je suis née moi aussi. Rose Valet signe son acte de mariage quand son époux déclare ne pas savoir. Si j’emprunte un jour un pseudonyme, je crois que je m’appellerai Rose Valet.

Celui de mes arrières grands-pères que je plains sincèrement, c’est Joseph Désiré Sonnet, né en 1843, et qui en à peine plus de deux semaines, en 1858, à quinze ans donc, a perdu, le 12 juillet, son père Jean Sonnet, cultivateur âgé de 52 ans né à Céaucé et y demeurant à Mont Gaucher, puis, le 29 juillet, sa mère Marie Jourdan cultivatrice âgée de 42 ans née à Céaucé et y demaurant à Mont Gaucher. Je ne sais pas de quoi l’un et l’autre sont morts et il me faudra chercher si une poussée épidémique (choléra ?) aurait frappé la région en cet été 1858. De l’acte de mariage de l’orphelin, le 13 décembre 1866, je déduis que ses oncles paternels Sonnet Julien cultivateur 54 ans à Lugerie et Sonnet Pierre 52 ans cultivateur à la Cotière l’ont plus ou moins pris en charge au décès de ses parents.

Parmi la trentaine de mes ancêtres que j’ai identifiés, mis à part une fileuse (Marie Bulot épouse Vannier, arrière-arrière grand-mère côté Sonnet) et un couple fileuse/tisserand (Anne Lemarié et Jean Chaignard, arrières grands-parents côté Morin), tout le monde cultive la – même – terre.

Sur la photo : mère (née Morin), grand-mère (née Friloux) et arrière grand-mère (née Colin) – si je ne me trompe.

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jan 24, 2017

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