L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Cinéma dans la grange (ou presque)

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Evidemment je pense à Henri Thomas et au titre de l’un de ses romans : Le cinéma dans la grange. Parce qu’on y est presque. Mais les films sont rangés dans leurs boîtes rondes, retournés à leurs distributeurs depuis longtemps. Je crois même qu’une fois de plus la salle est à vendre.

J’ai oublié quels films j’ai vus dans cette salle, parce qu’il y en a eu, pendant toutes ces années, quand les vacances scolaires, l’été, n’avaient d’autres lieux que cette campagne. Vacances trop longues, années trop nombreuses, je l’ai déjà écrit. Mais ce qui reste intact de ces séances, c’est l’euphorie du retour à pied, dans la nuit, marchant au milieu de la grand-route, nous signalant par une lampe de poche (boîtier métal rectangulaire, pile plate) agitée à bout de bras face aux deux ronds jaunes des phares quand d’aventure il se trouve quelque Aronde ou Dauphine pour circuler encore. Nous tous sautant alors sur la berme, agripés les uns aux autres qu’on ne bascule pas dans le fossé. Sitôt l’auto passée reprenant possession du milieu de la route et les deux kilomètres et demi, la côte de Bel-Air même, avalés comme cela dans les rires, en bande. Aller entre soi au cinéma ne viendrait pas à l’idée : la sortie serait moins gaie, la marche obligée du retour éreintante, alors on entraîne les plus proches voisins (jamais vraiment proches dans ce bocage) qu’on sèmera en chemin en s’en retournant. Sous les étoiles.

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juil 22, 2014

Chaussure à mon pied ?

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Voilà que je m’avise, triant et classant mes photos récentes, que le même jour – samedi 24 mai – dans la même ville – Londres – j’ai photographié sans en être consciente deux fois trois chaussures, certes dans des contextes bien différents : une gare et un musée. Une gare dans laquelle j’aurais pu aussi au passage et entre deux passages de trains enregistrer d’excellents pianistes, donc une gare à tout faire comme je les aime.

Pareille continuité photographique, en nombre et en nature (plus ou moins morte), ne se rencontre pas tous les jours et pourtant j’ai le déclencheur facile en particulier sur les étalages de souliers de belle facture.

Il me faut bien avouer aujourd’hui que, deux semaines plus tard, ni dans une vitrine ni dans l’autre, je n’ai encore encore arrêté mon choix.

juin 6, 2014

Une émotion de Cinéma (comme dans les Cahiers du)

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Dans leur 700e numéro (mai 2014) les Cahiers du cinéma collectionnent les émotions qui nous hantent. Ils en publient 140 qu’ils ont sollicitées, de gens de cinéma mais aussi d’écrivains (celle de François Bon par exemple). L’éditorial invite lectrices et lecteurs à jouer le jeu – et Pierre Ménard sur son blog Liminaire l’a magnifiquement fait – alors j’y vais très modestement de la mienne, dont je me souviens vous avoir déjà touché un mot (c’était en 2008 : ce qui est bien le signe qu’elle me hante).

Dans la cabine il y a Michele, petit, transi (il a eu tellement peur de sauter) et sa mère qui le frictionne, frotte fort, fort comme si leurs deux vies en dépendaient, frotte à décaper la peau et le cuir chevelu du garçon, et à en esquinter la serviette ; et puis la caméra prend du recul en même temps qu’elle s’élève et, dans toutes les cabines autour de celle des Apicella, découvre un fils et sa mère qui le frictionne et frotte aussi fort que celle de Michele ; le plan s’élargit encore, jusqu’aux vestiaires collectifs et là, d’autres fils et d’autres mères livrés aux mêmes angoisses.  Et c’est l’essence même de la relation des mères et de leurs fils que Nanni Moretti révèle. Les cabines et les vestiaires sont à ciel ouvert, les mères peuvent bien frotter (et j’ai frictionné les têtes et les dos de mes fils comme cela à la piscine municipale combien de samedis matins ?), les fils un jour auront froid au dos et à la tête, les fils un jour oublieront tout, comme Michele. D’ailleurs Freud nous l’a bien dit : faites, faites tout ce que vous voulez, mais quoique vous fassiez cela ne suffira pas. Je ne peux plus nager une longueur dans une piscine sans être hantée/portée par l’énergie désespérée des mères de Palombella Rossa.

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mai 17, 2014

Légèrement timbré

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J’

écris

au

pèse

lettre

:

autant

dire

que

j’

en

suis

réduite

à

ma

plus

simple

expression

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mai 12, 2014

Corps couché

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Corps couché

en travers de ma route

ni gendarme

ni d’âne un dos rond

corps couché

familier

je le reconnais

dame, c’est le mien

(sans pour si peu

arrêter ma course folle

auto destructrice)

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jan 24, 2014

Repasseuses et revenantes

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Cette fin août, la revue Tiers Livre création & découverte en ligne accueille une version révisée des quatre dialogues que m’avait suggérés un des tableaux de la série des Repasseuses d’Edgar Degas conservé au musée d’Orsay.

On peut le lire ici, en libre accès.

Mon texte avait été initialement écrit sous le titre « Non mais, t’as vu le tableau ? » pour la série « 2 voix, 4 fois 5 minutes » de l’émission Les Passagers de la nuit de Thomas Baumgartner, et diffusé sur France Culture du 24 au 27 mai 2010. J’avais parlé de son écriture sur le blog à l’époque.

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août 31, 2013

Que des sornettes

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L’employée aux écritures, pas encore en vacances mais pas non plus bien active sur son blog bien qu’assez occupée à écrire ces temps-ci, ouvre ses carnets, pioche dedans et vous sert quelques unes de ses sornettes.

Après vérification dans mon petit Robert le terme, certes vieilli, convient : Sornette : propos frivoles et creux ; affirmations qui ne reposent sur rien. C’est bien de cela qu’il s’agit et le mot s’emploie surtout au pluriel, donc en voilà dix pour faire bonne mesure.

*****

Je vous sers mon élixir de mots : n’allez pas le boire au goulot.

Mon grain de folie pas plus gros qu’un grain de riz : pas vu pas pris.

La reine trouve que ses sujets ont le verbe haut.

L’ouvre-boîte boite cheville tordue : il a dérapé.

La nuit portant conseil se dépêche d’arriver à temps.

La girafe se tord le cou : beau sac de noeuds en perspective.

Qui va là ? j’y vais aussi, partageons un taxi.

La blanchisseuse de nuit et le marchand de sable se croisent à minuit.

Je dors en chien de fusil la bouche en cul de poule.

Pas besoin d’un père vitrier pour me tenir à carreau (je pourrais aussi me tenir à trèfle à quatre feuilles, à cœur d’artichaut ou à pique avec une tête au bout).

*****

Et je sais bien qu’il fait très chaud aujourd’hui, mais prudence, ne vous baignez pas n’importe où

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août 1, 2013

Lumières du siècle

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Dans cette ville de Grande Couronne où j’allais hier pour la première fois, on dirait bien que les lampadaires municipaux sont sertis de barbelés, ce qui n’aurait rien de surprenant, les ampoules coûtent si cher de nos jours. A moins qu’il s’agisse d’éléments purement décoratifs ? Je suis perplexe.

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mai 26, 2013

A la scène pas comme à la ville

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Faites comme L’employée aux écritures : tournez la page.
La fin du monde n’a pas eu lieu, vous êtes déçu, ne laissez pas passer l’opportunité offerte par l’an neuf.
Entrez ici vous dépouiller de vos oripeaux du morne quotidien 2012

vous en ressortirez costumés chaussés coiffés fin prêts pour la grande scène 2013.
Confidence : moi j’ai toujours rêvé d’être Eleanor Powell et Fred Astaire. Mais il y a ce cauchemar récurrent :
le régisseur du théâtre me cherche partout en criant on stage, on stage et c’est pour un numéro de claquettes que je ne pourrai jamais exécuter à cause de mes semelles de crêpe et je n’ose pas le dire alors je me cache.
Pour 2013 je nous souhaite donc d’être Eleanor Powell et Fred Astaire.

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déc 31, 2012

Travail cendre et fumée

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Le billet récent d’Emmanuel Delabranche sur son très beau site à peine perdu(e) m’y fait penser : à la maison aussi nous avons un de ces cendriers que les entreprises offraient à leurs meilleurs clients et autres relations avec lesquelles il comptait sonnant et trébuchant d’entretenir amitié, à l’époque où l’on faisait encore ses affaires en fumant.

Il y a longtemps : c‘était le travail, écrit bien Emmanuel. Son cendrier vante les Ateliers et Chantiers de la Basse-Seine Lozai, le mien les Houillères du Bassin de Lorraine. C’est dire si, comme je lui avais répondu sur Twitter, ce travail là est bel et bien parti en fumées.

Je ne sais pas si le cendrier de la Basse-Seine sortait d’une faïencerie rouennaise mais celui des Houillères de Lorraine était produit on ne peut plus localement : le travail des uns donnait du travail aux autres.

(Et écrivant ce billet je me souviens du film de Jason Reitman Thank you for smoking : une toute autre mise en équation du travail et de la fumée qui ne manque pas de panache)

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nov 22, 2012

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