L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

RSS Feed

"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Vertus stendhaliennes du tilleul

Comments Off
Posted by ms on 11 juillet 2008 at 19:35

 

Les grand magnifiques feuillus et parmi eux des tilleuls comme je n’en avais jamais vus qui entouraient la maison, un ancien moulin au bord de la Valouse dans le Jura, dans laquelle j’ai dormi la nuit dernière me faisaient penser très fort à

 ”Pour madame de Rênal, la main dans celle de Julien, elle ne pensait à rien ; elle se laissait vivre. Les heures qu’on passa sous ce grand tilleul que la tradition du pays dit planté par Charles le Téméraire, furent pour elles une époque de bonheur. Elle écoutait avec délices les gémissements du vent dans l’épais feuillage du tilleul, et le bruit de quelques gouttes rares qui commençaient à tomber sur ses feuilles les plus basses. Julien ne remarqua pas une circonstance qui l’eût bien rassuré ; madame de Rênal, qui avait été obligée de lui ôter sa main, parce qu’elle se leva pour aider sa cousine à relever un vase de fleurs que le vent venait de renverser à leurs pieds, fut à peine assise de nouveau qu’elle lui rendit sa main presque sans difficulté, et comme si déjà c’eût été entre eux une chose convenue.”

Stendhal, Le Rouge et le Noir, p.108-109 du Folio classique n° 3380.

C’est pourtant une verveine que j’avais sagement bue hier soir. Et de la toute petite fenêtre de ma chambre, tôt ce matin, les arbres du bord de la rivière étaient comme ça

Mais, vous en reprendrez bien une dernière petite gorgée

“Minuit était sonné depuis longtemps ; il fallut enfin quitter le jardin : on se sépara. Madame de Rênal, transportée du bonheur d’aimer, était tellement ignorante, qu’elle ne se faisait presque aucun reproche. Le bonheur lui ôtait le sommeil. Un sommeil de plomb s’empara de Julien, mortellement fatigué des combats que, toute la journée, la timidité et l’orgueil s’étaient livrés dans son coeur.”

Filed under coin lecture
Both comments and pings are currently closed.

3 Comments

  • On 11 juillet 2008 at 21:57 PdB said

    Oui, mais quand on pense à la fin de Julien, on se dit tout de même que monsieur Behl aurait pu, à un moment, nous avertir de cette terrifiante et inéluctable fin… Et puis sans doute, probablement l’a-t-il fait. J’ai une plus grande tendresse pour Lucien Leuwen, voyez-vous, qui lui aussi dans les bois rencontre un type d’âme soeur( oxymore quand t nous tiens…!), mais stendhal oui, bravo

  • On 11 juillet 2008 at 22:19 ms said

    j’aime vraiment toutes ces phrases de HB dit Stendhal, quelle aisance ! et sa façon de faire concorder les verbes au passé, temps simples et temps composés…

  • On 12 juillet 2008 at 6:51 PdB said

    Henry BEYLE (cette orthographe…!) c’est un drôle de type : deux phrases de portrait (c’est dans Lucien Leuwen)
    “Madame Grandet n’avait rien de romanesque dans le caractère ni dans les habitudes, ce qui formait, pour qui avait des yeux et n’était pas ébloui par un port de reine et sa fraîcheur digne d’une jeune fille anglaise, un étrange contraste avec sa façon de parler toute sentimentale et toute d’émotion, comme une nouvelle de M. Nodier. Elle ne disait pas : “Paris” mais : “cette ville immense”…”
    Quel numéro…!

Rubriques du blog

Recherche

Archives du blog depuis avril 2008

Sur Twitter

tous textes et photos copyright Martine Sonnet, sauf mention spéciale
var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-25117361-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();