L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

“Causement” de Jean-Loup Trassard : mon abécédaire

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Posted by ms on 8 décembre 2012 at 18:38

Je sais bien ce qu’ils veulent dire, je ne les avais jamais lus, je n’aurais pas su les écrire, mais je les entends bien ces mots du Causement mayennais – la Mayenne et l’Orne se touchent – dont Jean-Loup Trassard dresse catalogue en éclairant leur sens et leur cheminement du fond des âges, du fond des terres, dans son livre paru cet automne au Temps qu’il fait.

Beau livre évidemment comme toujours ceux de cet éditeur : le lexique s’accompagne de photographies par l’auteur d’outils et d’objets de tous les jours, de ceux qui l’entourent.

J’aime les mots de Jean-Loup Trassard livrant, en ouverture du livre, une brève autobiographie linguistique. Petit extrait :

J’avais l’impression, en mâchant ces mots-là, de produire des sons qui furent mêlés à la terre quand s’inscrivaient les premières ornières ou qu’étaient taillés les premiers champs puis, plus tard, finie la vaine pâture, élevés et battus à la pelle les talus de nos haies.

Là se rencontrent, en effet, et côtoient, parmi charrois, cultures, défrichements à la hache, à la houe, les racines gauloises et latines, graines semées entre les bruits de sabots et d’écuelles dans l’oreille des enfants, moisson par la génération suivante à la bouche de ses père et mère, patois issu du patois, soupirs, silences qui en disent long.

A la suite de son répertoire poétique, Jean-Loup Trassard ajoute quelques pages de géo-linguistique mayennaise. Moi je me fraye abécédaire dans le catalogue des mots, j’en choisis des bien à mon oreille, portés encore par des voix familières même si elles se sont tues.

Je ne donne pas les significations, juste quelques indices, et vous renvoie au livre pour en savoir plus.

Achée, substantif féminin : les poules et les pêcheurs se les disputent

Arocher, verbe : se pratique en discipline olympique

Berouette, substantif féminin : trop facile, je n’aide pas

Claver, verbe : assez facile aussi, mais à l’oreille j’aurais écrit “quieuver”

Cotir, verbe : attention à vous

Emeuiller, verbe : très présent dans ma langue maternelle et, telle mère telle fille,  je m’émeuille assez souvent

Frembeyer, verbe :  du boulot dans l’étable

Guibet, substantif masculin : désagréable au cycliste

Juper, verbe : moins fort !

Micer, verbe : petit, petit, petit

Mucer (se), verbe : mais où ?

Rote, substantif féminin : interdit aux poids lourds

Seuyer, verbe : nécessite un outil

Touser, verbe : bien dégagé

(Et le correcteur orthographique automatique de ne plus savoir où donner de la tête !)

Jean-Loup Trassard a un site (je crois que c’est son fils le webmaster) où l’on voit de belles photos. On peut lire aussi ce que j’avais écrit de sa Conversation avec le taupier et de Sanzaki.

Filed under coin lecture
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1 Comment

  • On 12 décembre 2012 at 17:55 Dominique Hasselmann said

    Cet oblat linguistique est savoureux : la liturgie des mots paraît toujours infinie ou piquante comme l’émanche.

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