Dans la gare, certains jours, mes pas adhèrent scrupuleusement aux reliefs du cheminement aveugles. Où il mène, comment, pourquoi. Le système des intersections, des bifurcations suggérées : assimilé. Et l’équidistance parfaitement maintenue des obstacles possibles : admise. Passer entre, intact, sans se cogner, sans se faire de bleus. Exercices de gare : la lire entre les lignes pour la comprendre. Devenir experte de l’identification du sol sous mes pas, ses imperfections, son usure, ses effritements, ses rafistolages imparfaits. Seule pointe du pied posé, savoir où je suis ; semelles fines, sensibles même.
Innombrables marbrures du sol résultant de la fissuration du béton et alvéoles qui disjoignent systématiquement les raccords. La crasse qui s’y niche et les noircit. Et la longue baguette métallique qu’ils finiront par poser pour gommer la crevasse, comme au seuil d’une chambre, la petite barre dorée, doucement convexe, solutionne la continuité entre le parquet du couloir et la moquette. Bandelettes antidérapantes qui manquent au bord de certaines marches et substituent un relief en creux à la légère aspérité qui devrait vous retenir au bord du vide. Légère incertitude qui naît de ce manque.